PARIS: Le parquet a requis mercredi 10 000 euros d'amende à l’encontre d’Éric Zemmour, qui comparaissait à Paris pour contestation de crime contre l'humanité après avoir soutenu en octobre 2019 sur CNews que le maréchal Pétain avait «sauvé» les Juifs français. Le polémiste controversé, déjà condamné pour incitation à la haine raciale fin septembre, avait tenu ces propos le 21 octobre 2019 face à Bernard-Henri Lévy sur la chaîne d'info dont il est un des piliers.
«Un jour, dans une autre émission, vous avez osé dire que Pétain avait sauvé les Juifs français. C’est une monstruosité, c’est du révisionnisme», s'était emporté le philosophe Bernard-Henri Lévy dans l'extrait diffusé à l’audience. «C’est encore une fois le réel, je suis désolé», répondait le polémiste.
À l'audience, comme lors de son débat avec «BHL», Éric Zemmour a continué d'affirmer que Pétain, qui a activement collaboré avec le régime nazi pendant l'Occupation, avait sauvé les Juifs «français».
À la barre, face à plusieurs parties civiles (SOS Racisme, Licra, Mrap..), il s’est défendu de toute contestation de crimes contre l’humanité et estimé que le débat sur le rôle de Vichy envers les citoyens juifs français devait être tranché par les historiens et non par la justice.
«Je tiens à répéter ce que j’ai dit, les chiffres parlent d’eux-mêmes : en France, 40 % des Juifs étrangers qui ont été exterminés et 90 % des Juifs français qui ont survécu», soutient le polémiste.
«J’admets que l’on puisse contester ce que je dis mais je ne vois pas en quoi ce que je dis conteste que des Juifs aient été exterminés par des Allemands», ajoute-t-il, estimant que la plupart des historiens entre 1945 et 1973 disaient la même chose.
Le chercheur au CNRS Laurent Joly, qui témoignait devant le tribunal, a indiqué que le bilan de la Solution finale en France, «entre les déportés et les gens qui sont morts sur place, c’est de l’ordre de 78 000 personnes, soit 28 % environ de la population juive de 1941».
L’avocat Stéphane Lilti, qui représente l’UEJF, a rappelé pour sa part qu’un tiers d’entre eux étaient des Juifs français, soit environ 24 000.
«En substance, il affirme que Pétain a sauvé les Juifs français, cette phrase veut donc bien dire qu’aucun Juif n’a été déporté et en est mort. Par ces mots qui lui sont reprochés, ce sont 24 000 personnes qui sont encore une fois effacées», a souligné la procureure dans son réquisitoire, demandant au tribunal de condamner le polémiste à 100 jours-amende à 100 euros.