PARIS: La loi "confortant les principes de la République", présentée mercredi en France et critiquée à l'étranger, n'est pas "contre les religions" mais vise "l'idéologie pernicieuse portant le nom d'islamisme radical", a assuré le Premier ministre Jean Castex.
"Ce projet de loi n'est pas un texte contre les religions, ni contre la religion musulmane en particulier", a-t-il dit à l'issue du Conseil des ministres, en ajoutant: "C'est, à l'inverse, une loi de liberté, une loi de protection, une loi d'émancipation face au fondamentalisme religieux".
Cette nouvelle loi contre "le séparatisme islamiste", annoncée début octobre par le président français Emmanuel Macron, a été critiquée par certains dirigeants de pays musulmans, au premier chef le président turc Recep Tayyip Erdogan, mais aussi aux Etats-Unis. Mardi soir, l'émissaire américain pour la liberté religieuse Sam Brownback s'est dit inquiet de son caractère peut-être "trop répressif".
Le Premier ministre français a rappelé que "la laïcité assure la liberté de croire et de ne pas croire" et qu'elle fait "la distinction entre la sphère privée et publique".
La nouvelle loi a été rendue nécessaire, selon lui, par "des attaques de plus en plus nombreuses" à l'encontre de ces principes qui "affectent notre capacité à vivre sereinement".
Il a cité des cas d'"enfants retirés de l'école pour recevoir une éducation communautaire, d'associations sportives menant des actions de prosélytisme ou des associations cultuelles qui défient les lois de la République".
Ce "travail de sape est souvent le fait d'une idéologie pernicieuse portant le nom d'islam radical", a-t-il ajouté, en dénonçant "un projet politisé" destiné à "faire prévaloir la loi religieuse sur la loi commune", qui "exploite les failles" du système parfois "avec le concours de l'étranger".
Il a énuméré ensuite les principales dispositions de la loi: neutralité (à l'égard de la religion) renforcée des agents des services publics, meilleur contrôle des lieux de culte et de leur financement, éducation "pour chaque enfant conforme aux principes de la République", nouvelles dispositions pour combattre la haine en ligne sur les réseaux sociaux.
Le projet de loi implique de modifier la loi de 1901 sur la création d'associations et celle de 1905 sur la neutralité de l'Etat à l'égard des religions.
Il s'agit, a promis M. Castex, de "renforcer l'effectivité de nos libertés": "la liberté d'association, de conscience et de culte doivent être vécues dans leur plénitude par chacun".