Frappé par tant de malheurs depuis des années, le Liban voit s’accumuler les nuages noirs de l’injustice sociale, économique, environnementale, sanitaire et, plus récemment, judiciaire !
Nous savons ce pays frère rongé par une corruption endémique, par une crise économique sans précédent, par une désorganisation de l’État digne d’un pays du quart-monde. Une insulte pour ce peuple éduqué et ami. Combien de fois faudra-t-il rappeler que l’origine de l’écriture et du mot « bible », se trouve à Byblos ?
Le 4 septembre 2020, l’explosion du port de Beyrouth a braqué tous les projecteurs sur le pays et l’enchaînement mortifère de corruptions et de négligences qui ont conduit à ce drame. Deux ans plus tard, il n’y a toujours pas eu de jugement ! Pas de responsables. Pas de coupables pour répondre aux victimes éplorées qui se croyaient en sécurité dans la capitale du Liban.
Et qu’en est-il des élections législatives truquées et de la poursuite du marasme institutionnel ?
Et le bannissement de Ghada Aoun, juge qui a mis en examen l’ancien gouverneur de la banque du Liban poursuivi en France et en Allemagne pour corruption et détournement massif de fonds publics ?
Ses passeports confisqués, il ne peut répondre aux convocations. Selon son avocat, Me Karim Daher, « Quand on lui interdit de voyager, on lui interdit de comparaître devant la justice étrangère », estime-t-il. « Il est par conséquent l'otage du pouvoir libanais corrompu, qui n'a aucun intérêt à ce que les secrets qu’il garde soient dévoilés. »
Le Liban est totalement abandonné aux mains des plus grands corrupteurs. Par ailleurs, ceux qui dénoncent la corruption sont persécutés: la juge Ghada Aoun est démise de ses fonctions, et l’ancien candidat aux élections à Tripoli Omar Harfouche, fondateur de la troisième République, fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour plaider la paix entre le pays du Cèdre et son voisin israélien. Rencontrer des juifs devient un crime !
En 2023, le Liban a instauré l’antisémitisme d’État !
Ce pays champion du multiculturalisme, la Suisse du Moyen-Orient, sombre, sans que personne ne puisse stopper cette descente aux enfers, faute de courage politique, de soutien de la communauté internationale et de la France aux lanceurs d’alerte et aux acteurs de la lutte contre la corruption.
Mais ce n’est pas tout !
Le Liban devient le refuge des criminels, comme l’Argentine fut celui des nazis après la Seconde Guerre Mondiale.
Le Liban offre une impunité totale aux criminels les plus variés. Commençons par la délinquance financière Carlos Ghosn, ou encore Riad Salamé poursuivi pour détournement de fonds publics, et maintenant l’ambassadeur du Liban, Rami Adwan en France accusé de viols et de violences, couvert par l’immunité diplomatique et sans doute bientôt de retour pour une vie confortable au Liban. La présomption d’innocence est sacrée, mais quel palmarès !
Comment peut-on atteindre un tel niveau d’inversion de valeurs et une corruption si grave, comme celle qui va affecter la vie des Libanais en détournant les dons internationaux de leur destination (à savoir les 400 millions donnés par la France et la communauté internationale pour la reconstruction du port de Beyrouth et les fonds des conférences des donateurs Cèdre 1 et Cèdre 2) ?
Comment la France peut-elle rester muette alors que ce pays frère s’enfonce dans le néant ?
Des pistes de solutions existent
Le président Macron avait évoqué la réforme des institutions, celle-ci n’est malheureusement pas à l’ordre du jour.
Une autre voie serait celle de la paix avec Israël. Après l’accord signé pour l’exploitation de la nappe gazière, ce serait un signal fort.
Il est impératif de restaurer la justice au Liban et de rétablir les valeurs historiques du pays qui ne peut pas et ne doit pas devenir un État voyou, où règnent népotisme et corruption.
Seule la restauration de l’État de droit, les réformes institutionnelles et une lutte acharnée contre la corruption pourront mettre fin à ce marasme. La récente nomination de l’ancien ministre des Affaires étrangères Le Drian comme envoyé spécial est une démarche inutile et humiliante pour les Libanais, comme pour les Français amis du Liban.
Nathalie Goulet est une femme politique française. Sénatrice de l'Orne depuis 2007, elle est membre du groupe Union des démocrates et indépendants au Sénat.
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.