Sur le tapis rouge, «le cœur brisé» du premier cinéaste soudanais à Cannes

(De gauche à droite) Un invité non identifié, l'actrice Siran Riak, le réalisateur Mohamed Kordofani, l'actrice Eman Youssef et les producteurs Mohammed Alomda et Amjad Abu Alala, les membres de la distribution du film soudanais "Goodbye Julia" marchent sur le tapis rouge pour la projection de "May December", lors du 76e Festival de Cannes, à Cannes, le 20 mai 2023. (Photo, AFP)
(De gauche à droite) Un invité non identifié, l'actrice Siran Riak, le réalisateur Mohamed Kordofani, l'actrice Eman Youssef et les producteurs Mohammed Alomda et Amjad Abu Alala, les membres de la distribution du film soudanais "Goodbye Julia" marchent sur le tapis rouge pour la projection de "May December", lors du 76e Festival de Cannes, à Cannes, le 20 mai 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 21 mai 2023

Sur le tapis rouge, «le cœur brisé» du premier cinéaste soudanais à Cannes

  • «Pendant que je suis sur le tapis rouge, des gens tentent de fuir les bombes» déclare le cinéaste Mohamed Kordofani
  • Samedi soir, à l'issue de la projection du film, l'émotion dans la salle était palpable. «J'étais à la fois honoré, fier, heureux... Mais je me sens aussi coupable d'être là. Ce sont beaucoup de sentiments contradictoires», confie-t-il

CANNES: De la "fierté" mais aussi beaucoup de "culpabilité": premier réalisateur soudanais à avoir un film en sélection à Cannes, Mohamed Kordofani ne peut cacher ses "sentiments contradictoires", alors que son pays est déchiré par une lutte sanglante entre deux généraux.

Lunettes de soleil, costume beige parfaitement taillé et sourire impeccable, le réalisateur de "Goodbye Julia", drame historique sur la relation entre les Soudanais du nord et du sud, donne le sentiment d'être dans son élément.

Mais après quelques minutes de discussion, le cinéaste ne cache plus son malaise: "Pendant que je suis sur le tapis rouge, des gens tentent de fuir les bombes", dit-il à l'AFP.

Samedi soir, à l'issue de la projection du film, l'émotion dans la salle était palpable. "J'étais à la fois honoré, fier, heureux... Mais je me sens aussi coupable d'être là. Ce sont beaucoup de sentiments contradictoires", confie-t-il, assurant avoir "le cœur brisé" par la situation de son pays.

Depuis le 15 avril, la guerre entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), du général Mohamed Hamdane Daglo, a fait un millier de morts dans ce pays d'Afrique de l'Est, l'un des plus pauvres du monde, et plus d'un million de déplacés et de réfugiés.

Rester ou partir ? 

Son pays, Mohamed Kordofani ne sait d'ailleurs pas s'il pourra le retrouver dans un futur proche. "Pour l'instant, je ne sais pas où je vis", répond-il avec un sourire crispé, lorsque l'AFP lui demande s'il compte retourner vivre au Soudan ou choisir la voie de l'exil.

Cet ingénieur aéronautique de formation avait tout quitté pour fonder son propre studio de production. Depuis quelques mois, il vit et travaille au Liban. "Je suis sûr que les choses vont s'améliorer", lance-t-il avec espoir.

"J'ai vu des gens descendre dans la rue pour protester. Ces gens ne se contenteront pas d'être gouvernés par un dictateur ou une milice islamiste. La guerre peut se poursuivre mais, à terme, je sais qu'elle s'arrêtera".

La réalité politique de son pays, c'est justement l'un des sujets de son premier long-métrage "Goodbye Julia". Ce dernier revient sur le référendum de 2011 ayant mené à l’indépendance du Soudan du Sud.

"J'avais envie de comprendre pourquoi ce vote avait été remporté à près de 99% des voix. Pour moi, il y avait quelque chose de l'ordre de l'inattendu", explique-t-il.

Voilà pour la toile de fond. Le reste de l'histoire se concentre sur un drame domestique: une femme qui étouffe dans son mariage et dans sa vie. Mais aussi une femme qui a provoqué, avec son mari, l'irréparable, la mort d'un homme originaire du sud.

Racisme enraciné des Soudanais du nord contre ceux du sud, poids des traditions et de la religion, place des femmes dans la société... Le cinéaste ausculte, sans tabou, son pays natal. Un projet qui a été "très compliqué" à mener, raconte-t-il.

"La question des financements n'a pas été facile à régler mais c'est surtout la logistique qui a été lourde à gérer. Comment tourner quand il y a des manifestations et des émeutes dans la rue?", interroge-t-il. "La réalité du pays nous a très vite rattrapés même si nous avons finalement réussi à nous adapter".


«Effroi» du Festival de Cannes après la mort d'une photojournaliste palestinienne

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.  "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film. "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
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  • La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi
  • Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025

PARIS: Le Festival de Cannes a exprimé mercredi "son effroi et sa profonde tristesse" après la mort d'une photojournaliste palestinienne, protagoniste d'un film qui doit être présenté cette année sur la Croisette et de plusieurs membres de sa famille, tués par un missile à Gaza.

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.

"Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP.

Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025. (Elle) est l'une des trop nombreuses victimes de la violence qui embrase la région depuis des mois".

"Le Festival de Cannes souhaite exprimer son effroi et sa profonde tristesse face à cette tragédie qui a ému et choqué le monde entier. Si un film est bien peu de chose face à un tel drame, (sa projection à l'Acid à Cannes le 15 mai) sera, en plus du message du film lui-même, une manière d'honorer la mémoire (de la jeune femme), victime comme tant d'autres de la guerre", a-t-il ajouté.

La réalisatrice Sepideh Farsi a rendu hommage jeudi dernier à la jeune femme, qui lui racontait, par appels vidéo, la vie à Gaza. "Je demande justice pour Fatem (ou Fatima, NDLR) et tous les Palestiniens innocents qui ont péri", a-t-elle écrit.

Reporters sans Frontières avait dénoncé sa mort, regrettant que son nom "s'ajoute aux près de 200 journalistes tués en 18 mois".

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, laquelle a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 51.266 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre.


La danse des dauphins, vedette des îles Farasan

L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
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  • L'observation de 5 espèces de dauphins met en évidence la biodiversité
  • Il est vital de coexister avec la vie marine, déclare un pêcheur local

RIYADH : L'observation de plus de cinq espèces de dauphins a renforcé la réputation des îles Farasan en tant que lieu de visite incontournable pour les amateurs de nature et d'animaux sauvages, a récemment rapporté l'agence de presse saoudienne.

Parmi les espèces observées, les grands dauphins et les dauphins à long bec volent la vedette. Les dauphins à long bec, connus pour leur nature enjouée, s'approchent souvent des croisières de loisir, ravissant les gens par leur charme.

Le pêcheur saoudien Mohammed Fursani, qui navigue dans ces eaux depuis longtemps, y voit un lien plus profond.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).