BAGDAD : Un tribunal irakien a condamné dimanche à mort un ancien policier reconnu coupable de l'assassinat en 2020 du chercheur Hicham al-Hachémi, une affaire ayant provoqué une vive indignation en Irak et à l'étranger.
Le condamné peut encore interjeter appel, a indiqué à l'AFP une source judiciaire s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.
Spécialiste internationalement reconnu des mouvements jihadistes et figure respectée de la société civile, Hicham al-Hachémi a été abattu le 6 juillet 2020 par des hommes à moto devant son domicile dans la capitale irakienne.
Un an plus tard, le Premier ministre irakien avait annoncé des arrestations et la télévision d'Etat avait diffusé les "confessions" de l'homme présenté comme le principal auteur de l'assassinat: Ahmad Hamdawi Oueid el-Kenani, un policier de 36 ans engagé dans les forces de l'ordre depuis 2007.
Un tribunal pénal de Bagdad "a prononcé la peine de mort à l'encontre du criminel Ahmed Hamdawi Oueid pour le meurtre de l'expert sécuritaire Hicham al-Hachémi", a annoncé dimanche le Conseil suprême de la magistrature dans un communiqué.
Au moment de son arrestation en juillet 2021, une source de sécurité interrogée par l'AFP assurait que le policier était considéré comme proche des brigades du Hezbollah, un des groupes les plus puissants formant le Hachd al-Chaabi, coalition d'anciens paramilitaires pro-Iran désormais intégrés aux forces régulières.
L'assassinat de M. Hachémi avait profondément choqué l'Irak et avait été condamné par l'ONU et des capitales occidentales. Il était régulièrement consulté par de nombreuses chancelleries et personnalités politiques irakiennes, et avait brièvement occupé des postes de conseillers auprès de certains services de sécurité.
Le chercheur avait pris position en faveur du soulèvement anti-pouvoir déclenché à l'automne 2019, un mouvement qui dénonçait la corruption dans le pays, réclamait une refonte totale du système politique et fustigeait la mainmise iranienne sur Bagdad.
Le mouvement qui avait mobilisé des dizaines de milliers de personnes dans le pays, a été réprimé dans le sang, avec plus de 600 personnes tuées et des milliers d'autres blessées. Par la suite, des dizaines de militants avaient été victimes d'assassinats, tentatives d'assassinat ou d'enlèvements.
A l'été 2022, la mission de l'ONU en Irak déplorait encore un "environnement de peur et d'intimidation" dans l'espace public irakien, recensant plusieurs incidents "visant à réprimer toute dissidence" et "perpétrés par des 'éléments armés non-identifiés'".