A Marseille, retour à l'école dans le quartier sinistré dans une ambiance «étrange»

Des véhicules de secours se rassemblent sur les lieux de l'effondrement d'un immeuble dans la ville portuaire de Marseille, dans le sud de la France, le 9 avril 2023. (Photo, AFP)
Des véhicules de secours se rassemblent sur les lieux de l'effondrement d'un immeuble dans la ville portuaire de Marseille, dans le sud de la France, le 9 avril 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 11 avril 2023

A Marseille, retour à l'école dans le quartier sinistré dans une ambiance «étrange»

  • La journée ne sera pas une journée de classe mais de temps de jeux et de parole
  • Ici, «c'est vraiment leur monde, leur limite-monde et là il est touché en plein coeur avec un sentiment de grande fragilité d'un coup», témoigne Mauve Carbonell, professeure d'université mère d'une fillette en CE2 et d'un collégien

MARSEILLE: "J'aurais préféré rentrer dans mon école mais on fait avec ce qu'on a": Romane, en CM1, est philosophe car son école reste mardi le poste de commandement des marins-pompiers de Marseille qui recherchent encore deux disparus dans les décombres d'un immeuble effondré.

Ce week-end, elle a confectionné des crêpes avec sa mère pour les sinistrés et a préparé un mot au feutre plein de couleurs: "Gardez espoir et n'oubliez pas que tout le monde fait tout son possible pour vous aider".

Les enfants de l'école Franklin Roosevelt, située rue de Tivoli où s'est produite l'explosion qui a soufflé un immeuble, faisant au moins six morts, ont été répartis dans les écoles et centre du loisirs du quartier.

Beaucoup sont restés dans leur famille mais pour José Gonzalez, père d'une autre fillette de CM1, c'était important "qu'ils sortent de la maison et qu'ils parlent entre eux, avec leur langage d'enfants", dit-il devant l'école Michelet Foch qui accueille mardi six enfants de Franklin Roosevelt.

L'une des maîtresses arrive. "On fait aller", lance-t-elle. Une autre, habitant une rue proche de celle où s'est produit l'effondrement, confie avoir préparé les valises de la famille dans l'entrée au cas où elle devrait être évacuée. Un total de 220 logements dans une trentaine d'immeubles ont été évacués, en raison des risques de fragilisation causés par l'explosion.

La journée ne sera pas une journée de classe mais de temps de jeux et de parole.

Le quartier familial, bordé de commerces de bouche réputés, va devoir s'habituer à cette immense cicatrice. Mardi matin, les artères autour des lieux du drame étaient encore barrées par des policiers où une centaine de marins-pompiers s'affairaient.

Ici, "c'est vraiment leur monde, leur limite-monde et là il est touché en plein coeur avec un sentiment de grande fragilité d'un coup", témoigne Mauve Carbonell, professeure d'université mère d'une fillette en CE2 et d'un collégien.

"Je ne sais pas dans quelle mesure ils vont évacuer les choses", ajoute la mère qui espère que les "psy sauront trouver les mots auprès des enfants qui ont vécu un grand stress". Des psychologues ont été déployés dans tous les lieux d'accueil, certains portant un gilet blanc "samu-psy".

Camarade évacuée par le toit

Il y a eu l'explosion, la fumée, les secours mais surtout la peur pour deux des copines de l'école. Heureusement, l'une n'était pas sur les lieux ni sa mère.

Une autre élève de l'école, dans l'immeuble voisin, le 15 qui s'est effondré quelques heures après le 17, a pu être évacuée in extremis par le toit, pieds nus, se remémore un père de famille.

"On n'avait pas de nouvelles, ce qui est stressant, ma fille a été choquée", raconte un autre père, Patrick Gherdoussi. Quand les nouvelles ont été rassurantes - sa fille a pu avoir sa camarade au téléphone -, la solidarité s'est mise en place pour se sentir utiles mais aussi parce que ces familles ont tout perdu.

"Les enfants pensent aux jeux, nous on pense plus aux fringues", ajoute Patrick.

L'appel aux dons de l'association des parents d'élèves, relayé sur les réseaux sociaux, a reçu un écho incroyable dans cette ville où la solidarité est fréquente: quelque 700 mails en quelques heures.

Ce qui est "étrange" pour Patrick Gherdoussi, c'est l'ambiance: "Il y a encore de la sidération au sein de notre micro-quartier mais dès que tu en sors, la vie a repris, c'est un peu violent", dit cet habitant de longue date, photographe pour le quotidien Libération.

Les parents, autant que les enfants, ont besoin de parler, certains se sont réunis pour être ensemble. La mairie a proposé aux familles touchées des places d'accueil d'urgence en crèche, une cellule d'écoute.

Beaucoup ont en tête le drame de la rue d'Aubagne en 2018, même s'il n'a rien à voir puisqu'il était directement lié à l'habitat insalubre qui mine la grande ville la plus pauvre de France. Il y avait eu huit morts, et une rue défigurée aussi à quelques centaines de mètres de là.

"Ça fait écho", confie Mauve Carbonell. Mais ce quartier, nettement plus favorisé que Noailles, "est super-résilient" grâce notamment au "vivre-ensemble" veut-elle croire.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.