MARSEILLE: "Un grand bruit", "de la fumée partout" et "une nuée d'oiseaux qui s'envolent en piaillant" : dans la nuit de samedi à dimanche, l'effondrement d'un immeuble au 17 rue de Tivoli a brutalement réveillé les habitants de ce quartier du centre de Marseille, vite gagnés par l'angoisse.
"J'étais dans mon lit, pas encore endormi, et j'ai entendu un bruit sourd, très court. J'ai senti les fenêtres, les murs et les menuiseries vibrer. Quelques secondes après, une nuée d'oiseaux a survolé ma rue en piaillant", a raconté à l'AFP Rémi Martinelli, 35 ans, qui habite dans le 5e arrondissement de Marseille, à quelques centaines de mètres des lieux du drame.
"Je dormais et il y a eu cette énorme déflagration, qui a vraiment fait trembler la pièce. Je me suis réveillée en sursaut, comme si j'avais rêvé. On a regardé par la fenêtre, on a vu des gens dehors et surtout beaucoup de monde aux fenêtres, comme nous", a de son côté déclaré Saveria Mosnier, qui habite une rue toute proche.
Au moment de l'explosion, "tout a tremblé, on voyait les gens courir et il y avait de la fumée partout, l'immeuble est tombé sur la rue", a également raconté Aziz, qui tient un commerce d'alimentation nocturne dans cette artère et n'a pas souhaité donner son nom de famille.
"On a très vite senti une forte odeur de gaz, qui est restée et qu'on a encore sentie ce matin", a par ailleurs déclaré Saveria Mosnier. L'adjoint chargé de la sécurité à la mairie de Marseille, Yannick Ohanessian, a confirmé que plusieurs témoins avaient évoqué des "odeurs suspectes de gaz".
«Un grand bruit»
Si les causes de l'effondrement de l'immeuble ne sont pas encore connues avec certitude, les témoins interrogés par l'AFP ont tous parlé d'un bruit d'explosion.
"On a entendu la déflagration, c’était fort, ça nous a réveillés et la fenêtre du salon s’est ouverte brutalement avec le souffle", a ainsi raconté un habitant d'une rue perpendiculaire, ayant demandé l'anonymat.
"Mes enfants vont à l’école Tivoli pas loin. Une copine de ma fille a été évacuée parce qu’elle était au 15 (rue de Tivoli). Elle est en bonne santé", a-t-il ajouté.
"Beaucoup de parents de l’école ont raconté avoir entendu un grand bruit", a confirmé Arnaud Dupleix, président de l'association des parents d'élèves de l'école élémentaire Tivoli. "Il y a beaucoup d’angoisse chez les familles du quartier, car le bilan n’est pas connu", a-t-il ajouté.
Dimanche, les pompiers luttaient en effet encore contre un fort incendie sous les décombres qui empêche depuis plus de 12 heures le travail des sauveteurs et l'intervention des chiens pour chercher d'éventuels survivants.
«Parallèle irresponsable»
Dans le quartier et à Marseille, l'émotion est d'autant plus forte que le drame intervient moins de cinq ans après l'effondrement en novembre 2018 de deux immeubles rue d'Aubagne, dans un autre quartier du centre-ville.
"Sur le coup, j'ai évidemment pensé à ce qui s'était passé rue d'Aubagne, mais je n'ai pas voulu y croire vraiment, sûrement car je ne voulais pas réveiller le traumatisme", a déclaré Rémi Martinelli.
Le drame de la rue d'Aubagne avait fait huit morts et suscité une vague d'indignation contre le mal-logement dans la deuxième ville de France. Mais dimanche, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et le maire de Marseille Benoît Payan ont souligné que l'immeuble de la rue de Tivoli ne faisait pas l'objet d'arrêté de péril et les pompiers qu'ils n'y étaient pas intervenus auparavant.
"Faire le parallèle est irresponsable (...). Rien ne nous permet de penser qu'on est dans une symétrie avec la rue d'Aubagne. Je comprends qu'on y pense, immédiatement ça vient en tête mais non, ce n'est pas la même chose," a déclaré M. Payan à des journalistes.
"L’immeuble qui s’est écroulé, je l’ai visité il y a deux ans parce qu’on cherchait un appartement à acheter pour ma sœur (...) Il avait pas l’air si mal cet immeuble, la cage d’escalier était repeinte", a raconté de son côté à l'AFP le riverain ayant demandé l'anonymat.