Reprise du procès pour corruption de l'ex-président français Nicolas Sarkozy

Le procès de l'ex-président français Nicolas Sarkozy pour corruption dans l'affaire dite des « écoutes » doit réellement débuter lundi (Photo, AFP)
Le procès de l'ex-président français Nicolas Sarkozy pour corruption dans l'affaire dite des « écoutes » doit réellement débuter lundi (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 30 novembre 2020

Reprise du procès pour corruption de l'ex-président français Nicolas Sarkozy

  • La 32e chambre correctionnelle doit ainsi commencer à 13H30 (12H30 GMT) l'examen de cette affaire inédite
  • C'est dans le cadre de ces investigations que les juges ont découvert en 2014 l'existence d'une ligne téléphonique officieuse entre l'ancien président et son avocat, Thierry Herzog

PARIS : Une semaine après un faux départ, le procès de l'ex-président français Nicolas Sarkozy pour corruption dans l'affaire dite des « écoutes » doit réellement débuter lundi, avec ce qui s'annonce comme de rugueux mais décisifs débats procéduraux.

Tout était prêt au tribunal de Paris le 23 novembre pour l'ouverture de ce procès sans précédent, mais une chaise est restée vide: l'un des trois prévenus, Gilbert Azibert, avait sollicité un renvoi, invoquant sa santé fragile dans le contexte de l'épidémie de coronavirus.

Après avoir ordonné une expertise médicale qui a conclu que son état de santé était « actuellement compatible » avec sa comparution, le tribunal a rejeté, jeudi, cette demande, sommant l'ex-haut magistrat de 73 ans de venir, « en personne », à l'audience lundi.

« Le tribunal a pris sa décision, elle s'impose », a acté son avocat Dominique Allegrini à la sortie de l'audience, face à une foule de journalistes.

La 32e chambre correctionnelle doit ainsi commencer à 13H30 (12H30 GMT) l'examen de cette affaire inédite: jamais un ancien chef de l'Etat n'a été jugé pour corruption sous la Ve République. 

Avant Nicolas Sarkozy, 65 ans, un seul ancien président, Jacques Chirac, a été jugé et condamné en 2011 dans l'affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris, mais sans avoir jamais comparu devant ses juges, pour des raisons de santé.

L'ex-occupant de l'Elysée (2007-2012) était, lui, bien présent aux courtes audiences de lundi et jeudi. « Je n'ai pas l'intention qu'on me reproche des choses que je n'ai pas commises », avait-il déclaré avant le procès, contestant être un « pourri » et dénonçant un « scandale ».

Ligne officieuse

Retiré de la politique depuis sa défaite à une primaire de la droite fin 2016 mais toujours très influent auprès du parti conservateur Les Républicains, Nicolas Sarkozy encourt dix ans de prison et un million d'euros d'amende pour corruption et trafic d'influence, comme ses coprévenus jugés en sus pour violation du secret professionnel. Ils contestent aussi toute infraction.

Dans ce dossier, il est soupçonné d'avoir, avec son avocat Thierry Herzog, tenté de corrompre Gilbert Azibert, alors en poste à la Cour de cassation.

Selon l'accusation, Nicolas Sarkozy cherchait à obtenir des informations couvertes par le secret, voire à peser sur une procédure engagée devant la haute juridiction liée à l'affaire Bettencourt - dans laquelle il avait obtenu un non-lieu fin 2013. 

En contrepartie, il aurait donné un « coup de pouce » à Gilbert Azibert pour un poste de prestige convoité par ce dernier à Monaco, mais qu'il n'a jamais obtenu. 

Cette affaire, aussi appelée « Bismuth », a surgi d'un autre dossier qui concerne depuis des années l'ex-chef de l'Etat: celui des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, qui lui vaut une quadruple mise en examen.

C'est dans le cadre de ces investigations que les juges ont découvert en 2014 l'existence d'une ligne téléphonique officieuse entre l'ancien président et son avocat, Thierry Herzog, ouverte sous le nom de « Paul Bismuth » - un état civil appartenant en réalité à une connaissance de lycée de Me Herzog qui, après un imbroglio, ne se constituera finalement pas partie civile au procès.

Ecoutes « illégales »

Les conversations interceptées sur cette ligne secrète sont au cœur du dossier des « écoutes »: elles sont la preuve, pour l'accusation, d'un « pacte de corruption ». Une mise sous écoute « illégale », s'insurge la défense, qui estime que le secret des échanges entre un avocat et son client a été violé.

Cette question, tranchée en défaveur du camp Sarkozy par la Cour de cassation en 2016, devrait être à nouveau débattue dès lundi.

La défense doit aussi s'attaquer à l'affaire « bis », celle des « fadettes »: une enquête préliminaire diligentée pour dénicher l'éventuelle « taupe » qui aurait informé Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog qu'ils étaient écoutés par la justice sur la ligne « Bismuth ».

Un autre rendez-vous judiciaire attend Nicolas Sarkozy au printemps: le procès de l'affaire Bygmalion sur ses frais de campagne pour l'élection présidentielle de 2012.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.