JÉRUSALEM: Une première rencontre entre des partis de la majorité et de l'opposition sur le projet de réforme de la justice s'est achevée mardi soir, a indiqué au même moment le bureau du Président israélien Isaac Herzog.
"Après environ une heure et demie, la rencontre, qui s'est déroulée dans un esprit positif, a pris fin", a annoncé le bureau du président dans un communiqué.
"Demain, le président Isaac Herzog poursuivra la série de rencontres", a poursuivi le communiqué.
Le bureau présidentiel avait auparavant indiqué qu'une première "rencontre de dialogue" avait lieu à la résidence de M. Herzog à Jérusalem réunissant "les équipes de travail représentant la coalition au pouvoir, [le parti d'opposition] Yesh Atid, et le Parti de l'unité nationale [autre formation d'opposition]".
Yaïr Lapid et Benny Gantz, chefs respectifs de ces deux partis centristes, avaient annoncé lundi soir être prêts à dialoguer avec la majorité, sous l'égide de M. Herzog.
Peu avant, le Premier ministre Benyamin Netanyahou avait décrêté avoir "décidé d'une pause" dans l'examen du projet controversé de réforme de la justice qui divise le pays, afin de donner "une chance à un vrai dialogue" en vue de l'adoption d'un texte plus consensuel lors de la session parlementaire d'été devant s'ouvrir le 30 avril.
"Nous remercions le Président d'avoir ouvert sa maison au processus de négociation au profit des citoyens d'Israël. Nous l'avons rejoint au nom d'un large public qui a compris à quel point notre démocratie est fragile et vulnérable", a déclaré Yesh Atid sur Twitter.
M. Herzog tente depuis plusieurs semaines une médiation entre les partisans de la réforme et ses opposants, alors que la contestation n'a fait que grandir depuis l'annonce du projet début janvier.
Le Likoud (droite), parti de M. Netanyahou, a confirmé sa participation à la rencontre, sans que l'on sache immédiatement si d'autres partis de la majorité étaient présents.
L'annonce lundi soir par M. Netanyahou d'une pause dans le processus législatif en cours, après une journée d'intensification de la contestation, un début de grève générale et l'apparition de tensions au sein de la majorité, a été accueillie avec scepticisme par les contestataires ainsi que par plusieurs commentateurs politiques.
«Défaite cuisante»
Pour Nahum Barnea, éditorialiste du quotidien Yediot Aharonot, le Premier ministre "a su transformer avec de jolis mots une défaite cuisante en un match nul". "Quoi qu'il dise ou dira, peu de gens le croient, je crois que la confiance en lui n'est pas grande y compris" à droite, écrit-il.
Porté par un des gouvernements les plus à droite qu'ait connu Israël, le projet de réforme de la justice a donné naissance à un des plus grands mouvements de mobilisation populaire du pays.
S'ils ont accepté la médiation de M. Herzog, MM. Lapid et Gantz ont aussi mis en garde le gouvernement contre toute duperie.
Faisant allusion au projet de loi sur la composition de la commission chargée de sélectionner les juges, un des volets parmi les plus contestés de la réforme, leurs deux partis ont prévenu dans un communiqué commun qu'ils quitteraient "immédiatement" la table des négociations si ce texte "est mis au programme du Parlement".
Pour le gouvernement, la réforme vise à rééquilibrer les pouvoirs en diminuant les prérogatives de la Cour suprême, que l'exécutif juge politisée, au profit du Parlement.
Ses détracteurs estiment au contraire que la réforme risque d'entraîner une dérive illibérale ou autoritaire.
Israël «ne peut pas continuer sur cette voie», prévient Biden
"Ils ne peuvent pas continuer sur cette voie et je pense que je me suis fait comprendre", a dit le président américain en marge d'une visite en Caroline du Nord.
"J'espère qu'ils y renonceront", a-t-il encore affirmé plus tard à propos du texte de loi, une fois de retour à Washington.
Interrogé sur le fait de savoir si la démocratie israélienne était à un tournant, Joe Biden a assuré: "C'est une situation difficile et ils doivent trouver une solution."
M. Biden a aussi précisé n'avoir pas prévu d'inviter "à court terme" le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche.
«Cessez-le-feu»
L'annonce de la suspension de l'examen de la réforme au Parlement a été précédée de longues négociations entre M. Netanyahou et ses partenaires d'extrême droite, notamment le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, qui, selon la presse, avait menacé de quitter le gouvernement en cas de pause dans la réforme.
Le parti de M. Ben Gvir a annoncé la signature d'un accord entre les deux hommes, accordant au ministre la création d'une "garde nationale" civile sous son autorité, et sur laquelle aucun détail n'a encore été communiqué.
"C'est une victoire pour les protestataires mais celui qui a vraiment fait plier Netanyahou et l'a piétiné c'est Itamar Ben Gvir (...), il a obtenu de lui une promesse scandaleuse : la création d'une milice qui sera sous ses ordres", dénonce Yossi Verter, correspondant politique de Haaretz, en première page du quotidien de gauche.
Pour Yohanan Plesner, président de l'Institut israélien pour la démocratie, un centre de réflexion, "il s'agit d'un cessez-le-feu peut-être pour regrouper, réorganiser et ensuite, potentiellement, charger en avant".
Plusieurs membres de la coalition au pouvoir assurent que la réforme sera votée à terme.
Ainsi, le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, à la tête du parti d'extrême droite Sionisme religieux, a assuré lundi après le discours de M. Netanyahou que "la réforme (allait) avancer et les changements nécessaires dans le système judiciaire et la démocratie israélienne advenir".
Un des collectifs à l'origine des manifestations contre la réforme a annoncé la poursuite de la contestation "tant que le coup d'État judiciaire n'est pas totalement stoppé". Des manifestations sont annoncées pour mardi soir à Tel-Aviv et devant la résidence de M. Hezog à Jérusalem.