Alors que le régime de Téhéran en difficulté et en pleine confusion se tourne vers la violence, ce sont les filles et les femmes qui sont sujettes à ses attaques. Près de 60 écoles de filles, principalement dans le bastion théologique de Qom, ont été la cible de gaz toxiques. Des centaines de filles ont dû être hospitalisées, dont 1 200 à Qom et Borujerd uniquement.
L'importance et l'ampleur de ces attaques démontrent qu'il s'agit d'une campagne orchestrée, mais les dirigeants iraniens se sont davantage souciés de minimiser les attaques et de blâmer les «ennemis» étrangers que d'appréhender les responsables. Le président Ebrahim Raïssi a violemment accusé des États étrangers sans les nommer de mener une «guerre hybride» contre l'Iran, proférant dans le même discours des accusations paranoïaques prétendant que le monde extérieur était responsable de la gestion incompétente de son gouvernement au niveau de l'économie et de la dépréciation de la monnaie.
Qui essaie-t-il de berner? Le vice-ministre de la Santé, Younes Panahi, et le vice-ministre de l'Intérieur, Majid Mirahmadi, ont déjà reconnu le fait que celui qui est derrière ces attaques tente d'empêcher les filles d'aller à l'école. Après la mort de Fatemeh Rezaei, une écolière de 11 ans, à Qom, le procureur local a ordonné à sa famille de ne pas parler aux médias et de l'enterrer sans faire de commentaires. Des vidéos montrant des policiers frappant des parents protestant contre le fait que leurs filles avaient été empoisonnées ont circulé. Des manifestants devant le ministère de l'Éducation scandaient: «Basij! Gardes! Vous êtes notre Daech!»
Ce n'est pas un hasard si les établissements d'enseignement pour filles ont été au centre de la révolte contre le régime après le meurtre de Mahsa Amini, âgée de 22 ans, lorsque des filles ont brûlé leur hijab et appelé à la fin de la tyrannie. Il est largement admis que les partisans de la ligne dure du régime cherchent maintenant à terroriser les filles pour qu'elles abandonnent l'école, forçant les écoles à fermer et montrant le coût de l'engagement dans l'activité politique. Cette peur des femmes éduquées est la preuve exacte de la même mentalité régressive que celle des talibans et de Boko Haram.
Pourtant, les femmes courageuses de l'Iran refusent de se laisser intimider. C'est maintenant la norme pour les femmes de se montrer en public sans hijab, au mépris flagrant de la police religieuse. Elles ont franchi les barrières de la peur et le régime ne peut rien faire contre cela.
Des recherches récentes montrent comment le régime a systématiquement utilisé le viol, les agressions sexuelles et la torture, contre des milliers de femmes, d'hommes et même de filles détenues lors de manifestations. Imaginez-vous! Il s'agit d'un régime soi-disant basé sur les principes islamiques (qui a déclenché les manifestations en premier lieu par des tentatives brutales d'imposer des vêtements «pudiques»), recourant aux méthodes impies les plus répugnantes pour maintenir sa population inquiète sous contrôle. La partie de la population conservatrice prorégime a également été indignée par de telles méthodes, sapant davantage la légitimité des ayatollahs.
Selon Amnesty International, l'Iran a déjà exécuté jusqu’à présent une centaine de personnes en 2023, dont beaucoup ont été tuées pour activisme politique. Preuve que le régime a commencé à dévorer les siens, le fait que l'une de ces personnes exécutées était un ancien haut responsable du ministère de la Défense, Alireza Akbari.
Les responsables occidentaux mettent en garde contre le fait que l'Iran est en train de devenir l’un des leaders mondiaux dans la production et l'exportation de drones et de missiles à prix réduit. Le prix relativement bas des drones iraniens a modifié le profil du conflit ukrainien, permettant à la Russie de lancer des attaques dévastatrices contre des civils et des cibles économiques. Les villes ukrainiennes sont maintenant le terrain d'essai sanglant d'autres innovations iraniennes meurtrières.
Les responsables du renseignement militaire iranien se réjouissent de pouvoir récolter des milliards de dollars en vendant de telles armes dans toute l'Afrique et l'Asie à des terroristes et des insurgés. «Notre pouvoir a atteint des niveaux où la Chine fait la queue pour acheter 15 000 de nos drones», s'est vanté un responsable. Les revenus substantiels de ces exportations illégales seront réinvestis dans le renforcement des capacités de guerre iraniennes, notamment le financement du militantisme régional. La portée, la précision et les capacités destructrices de l'immense programme de missiles balistiques de l'Iran ont progressé au point que certaines parties de l'Europe sont à portée de tir.
Baria Alamuddin
Les vagues promesses de coopération renforcée faites au chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l’organisation de surveillance nucléaire de l'ONU, sont dérisoires. Nous avons déjà entendu de telles promesses dénuées de sens lorsque le régime était soumis à des pressions diplomatiques. Quelques heures après la dernière déclaration conjointe de l’AIEA et de l’Iran, Téhéran démentait déjà qu'un accord avait été conclu sur des questions spécifiques telles que le déploiement de caméras de vidéosurveillance et les visites de sites.
Un autre exemple de la prolifération des armes iraniennes, la Royal Navy britannique a saisi un bateau dans le golfe d'Oman transportant des roquettes guidées antichars de fabrication iranienne et des composants de missiles balistiques à moyenne portée vers les Houthis – ce qui n’est que l’une de centaines d’autres expéditions.
L'Iran, quant à lui, a de son propre aveu enrichi des particules d'uranium jusqu'à un niveau légèrement inférieur la qualité militaire, soit à 83,7 % de pureté. J'ai couvert la question nucléaire iranienne assez longtemps pour me rappeler comment les sonnettes d'alarme retentissaient lorsque l'Iran enrichissait de l'uranium à 5% de pureté… puis 20%… puis 60%… et à chaque moment, nous avons entendu des avertissements à corps et à cris des dirigeants mondiaux sur le fait que l'Iran ne serait pas autorisé à aller plus loin.
L'état actuel de non-coopération du régime avec l'AIEA signifie que nous ne savons tout simplement pas ce que fait l'Iran sur ses sites nucléaires. Un responsable du Pentagone a affirmé que l'Iran n'avait plus besoin que de douze jours pour fabriquer suffisamment de matériel nucléaire pour une bombe, et qu'il était capable d'en fabriquer jusqu'à sept en trois mois. Tout comme le cas de la Corée du Nord, nous pouvons nous réveiller un matin pour découvrir que l'Iran a testé une bombe nucléaire capable d'anéantir des villes entières.
Le directeur de la CIA, Bill Burns, se plaît à affirmer qu'il n'a aucune preuve que l'Iran s’apprête sur-le-champ à fabriquer une bombe, mais pourquoi pense-t-il que les ayatollahs stockent de l'uranium enrichi à 60% qui n'a aucun usage civil justifié?
Néanmoins, Téhéran devrait être déconcerté par une vague d'activités diplomatiques récentes axées sur le nucléaire, entre Israël et Washington, notamment des visites régionales du secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, et du chef d'état-major américain, Mark Milley. Ce dernier a affirmé que sa visite exceptionnelle en Syrie valait le risque, compte tenu de l'intensification des activités de Daech et des milices soutenues par l'Iran ainsi que des perspectives de conflit régional.
Nous n'assistons peut-être pas à la fin du régime des mollahs, mais c'est au moins le début de la fin, car le régime se déshonore de manière obsessionnelle en prenant toutes les mauvaises mesures, et en faisant en sorte qu’une frappe préventive israélo-américaine contre des sites nucléaires devienne inévitable.
La rapidité de ces activités locales et expansionnistes est déroutante: il s'agit d'un régime qui échappe à tout contrôle, au mépris des estimations les plus pessimistes de ses capacités à déstabiliser la région, alors même que les symptômes de chaos interne et d'effondrement deviennent évidents.
Alors que le régime de Téhéran assassine, empoisonne, torture et viole des milliers de ses propres citoyens, il constitue également une menace existentielle pour la sécurité mondiale. Qu’attend donc exactement le monde?
Baria Alamuddin est une journaliste et animatrice ayant reçu de nombreux prix au Moyen-Orient et au Royaume-Uni. Elle est rédactrice en chef du Media Services Syndicate et a interviewé de nombreux chefs d'État.
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement le point de vue d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com