PARIS: "Je souhaite que le Sénat puisse enrichir" le texte sur la réforme des retraites "avec ce qui lui paraît utile", a indiqué samedi Emmanuel Macron, trois jours avant l'examen du projet de loi par la chambre haute.
"J'ai vu (que) le Sénat voulait faire avancer les choses sur la politique familiale et les droits des femmes. Je pense que le gouvernement abordera (ce débat) avec de l'ouverture et de la volonté d'engager pour bâtir une majorité derrière ce texte", a poursuivi le chef de l'Etat.
Il a encore fait observer que le Sénat, à majorité de droite, avait dans le passé "plusieurs fois porté des réformes qui étaient assez proches de celle d'aujourd'hui".
Le texte sur la réforme des retraites doit être examiné à partir de mardi par les sénateurs, dix jours après des débats houleux à l'Assemblée qui n'ont pu être menés à terme.
Dans un entretien au Parisien paru samedi soir, le patron du groupe Les Républicains à la chambre haute, Bruno Retailleau, a indiqué "souhaiter voter (le texte), après l’avoir modifié", afin notamment de "ne pas creuser les déficits, mais parvenir à les combler".
"Nous comptons proposer au gouvernement deux options: soit une surcote de 5 % pour les mères de famille qui auraient atteint à la fois une carrière complète et l’âge légal, soit un départ anticipé à 63 ans", a ajouté M. Retailleau, évoquant également l'idée d'un "contrat de fin de carrière qui serait exonéré de cotisations familiales" pour les salariés âgés d'au moins 60 ans.
La Nupes n'a pas montré «son meilleur visage», selon le chef des députés socialistes
L'alliance de la gauche, la Nupes, n'a pas "montré son meilleur visage" lors du débat à l'Assemblée nationale sur le projet de réforme des retraites et il y faudra un "après" fondé sur l'esprit collectf et le respect, estime dimanche dans le JDD le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud.
Socialistes, écologistes et communistes d'un côté, élus de la France insoumise (LFI) de l'autre se sont opposés lors de ce débat sur le stratégie à suivre. Les premiers voulaient accélérer les débats pour arriver à la discussion sur l'article de la loi portant sur le report de l'âge de la retraite à 64 ans. Les seconds ont maintenu des milliers d'amendements et les débats se sont enlisés.
"Par notre désunion, je crains que nous nous soyons éloignés de notre double mission : être au service de ceux qui n’ont que leur travail pour vivre et être le point d’appui du mouvement social", a déclaré Boris Vallaud à l'hebdomadaire.
"La Nupes est une union à quatre: on doit se respecter, ce qui n’interdit pas les désaccords. Mais nous devons demeurer dans un cadre de régulation commun, et tenir les positions quand nous en décidons ensemble. Nous sommes sortis de ce cadre commun et à certains égards de l’Assemblée elle-même", ajoute-t-il.
Boris Vallaud déplore également les excès de certains députés LFI, l'un d'eux traitant même le ministre du Travail Olivier Dussopt d'"assassin" en plein hémicycle.
Le président de la République, qui s'exprimait en marge d'une visite au Salon de l'agriculture à Paris, mettait fin à une discrétion médiatique observée depuis le début des débats sur la réforme.
Il a au contraire longuement défendu son projet, toute la journée de samedi, auprès des nombreux badauds qui l'ont interrogé sur le sujet, parfois de manière vive.
"Je n'ai pas trouvé de colère chez nos compatriotes", a-t-il toutefois assuré, en disant percevoir "de l'inquiétude".
"C'est aussi ça qui s'exprime dans les manifestations sur les retraites: quand on écoute les gens, c'est pas la retraite, le sujet. C'est le travail et les conditions de travail", a poursuivi Emmanuel Macron, en estimant que "beaucoup de gens qui manifestent, c'est la perspective de leur carrière, c'est +est-ce que mon travail me paye assez ou pas?+".
"Il y a un sentiment d'injustice", a-t-il encore considéré.