PARIS : Dans un entretien à paraître dimanche dans le JDD, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a estimé que « un demi-million d’entrées par an, c’est trop » en additionnant le nombre de premiers titres de séjours et celui des demandes d'asile.
« Un demi-million d’entrées par an, c’est trop. La question migratoire est d’abord une question de nombre. Comme l’a dit le Premier ministre, tout est une question de proportion : dans un village des Pyrénées ou de Vendée, une famille de plus, ce n’est pas un problème. Trente personnes de plus, c’est un bouleversement. Aujourd’hui, nous ne maîtrisons plus les flux », a-t-il commenté dans une interview au JDD.
Selon les chiffres dévoilés cette semaine par le ministère de l'Intérieur, la France a délivré 336 700 premiers titres de séjour l'an dernier, soit une hausse de 1,8 % par rapport à 2023.
Concernant la demande d'asile, le ministère a fait état d'une baisse de 5,5 % du total, avec 157 947 dossiers.
Tenant d'une ligne dure sur l'immigration, M. Retailleau estime que « le sujet migratoire, c’est la capacité à réduire les entrées et à accélérer les sorties. Mais la priorité, ce sont d’abord les entrées ».
« Aujourd’hui, nous sommes confrontés à des normes juridiques qui entravent notre action et à la réticence de certains États à coopérer sur les expulsions. L’exécution des OQTF ne dépend pas seulement de nous, mais aussi des pays d’origine, qui doivent délivrer des laissez-passer consulaires. Avant même d’accélérer les expulsions, il faut donc réduire les flux migratoires. Cela passe notamment par une politique de visas plus restrictive », a-t-il expliqué.
Le ministre a encouragé les parlementaires à avancer sur des sujets comme la durée de rétention en centres de rétention administrative (CRA), le délit de séjour irrégulier et le pouvoir des préfets, qui devraient être en mesure de suspendre une décision de remise en liberté prise par un juge des libertés lorsqu’elle concerne une personne dangereuse.
« Il faut aussi revoir la question des prestations sociales », a-t-il ajouté.
Concernant le cas de l'influenceur algérien « Doualemn » dont l'obligation de quitter le territoire français (OQTF) a été annulée et au cœur d'un bras de fer entre Alger et Paris, M. Retailleau a considéré que « l'État de droit a été dévoyé au point que la règle de droit ne protège plus la société française, mais désarme l’État régalien. Quand une règle ne protège plus les Français, il faut la changer. »