PARIS : Mercredi, le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) a appelé le gouvernement à retenir des « hypothèses prudentes » dans ses textes financiers, pour éviter un nouveau « dérapage majeur » des comptes publics.
Le HCFP émet cette recommandation dans son avis sur le projet de loi de finances de fin de gestion (PLFG) présenté au Conseil des ministres mercredi, qui fixe les ajustements budgétaires à réaliser en fin d'année.
Le HCFP juge que l'hypothèse de croissance de 1,1 % cette année qui y figure « reste réaliste », qu'une inflation moyenne de 2,1 % est « elle aussi réaliste », quoique « un peu élevée » alors qu'elle est désormais largement inférieure à 2 % en rythme annuel.
La prévision d'un déficit public de 6,1 % du PIB en 2024 « reste plausible ».
Cependant, le HCFP relève que ce dernier, estimé à 4,4 % dans le projet de loi de finances (PLF) 2024, a connu « un dérapage majeur », en raison de prévisions initiales de recettes trop optimistes.
Celles-ci sont désormais attendues à 1 250,7 milliards d'euros, au lieu de 1 292,2 milliards dans le PLF, soit un écart de 41,5 milliards d'euros, relève le Haut Conseil.
Le PLF comprend aussi 15 milliards d'euros de dépenses supplémentaires : celles de l’État sont revues très légèrement à la baisse, mais celles de la Sécurité sociale augmentent de 3,5 milliards d'euros et, surtout, celles des collectivités territoriales de 13,4 milliards d'euros.
Cela « montre la nécessité, pour présenter une trajectoire de finances publiques fiable, de retenir dans les textes financiers des hypothèses prudentes, notamment en matière de prévision des recettes ou de modération des dépenses des collectivités locales », remarque le HCFP, qui est présidé par Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes.
Pour le Haut Conseil, la trajectoire du plan budgétaire et structurel à moyen terme (PSMT) présentée en octobre, qui prévoit le retour du déficit public sous 3 % du PIB en 2029 au lieu de 2027, est « une référence plus pertinente ». Cependant, il regrette de ne pas avoir obtenu tous les éléments nécessaires pour en apprécier le réalisme.
Il souligne enfin la hausse de 2,9 points de la dette cette année, à 112,8 % du PIB, et appelle la France à respecter le PSMT pour « ne pas voir sa position continuer de s'éroder au sein de la zone euro », dont elle est le troisième pays le plus endetté derrière la Grèce et l'Italie.