PARIS : Après une campagne polémique mêlant enfants et accessoires sexuellement connotés, le défilé Balenciaga, dont le créateur Demna a promis de s'assagir, sera un des temps forts de la Semaine du prêt-à-porter féminin à Paris, qui démarre lundi.
Cette Fashion week sera aussi l'occasion de célébrer le «métallurgiste de la mode» Paco Rabanne et la reine du punk Vivienne Westwood, dont les maisons défileront pour la première fois depuis leur disparition.
Avant l'artillerie lourde (Dior, Saint Laurent, Hermès, Chanel...),le premier jour sera dédié à la jeune création. Le défilé des masters de l'Institut français de la mode (IFM) ouvrira le bal lundi après-midi.
Mais tous les yeux seront rivés sur le défilé dimanche du créateur géorgien Demna. Le maître des mises en scène sombres à l'esthétique provocatrice a laissé entendre que le prochain défilé Balenciaga serait en rupture par rapport aux précédents.
«Je veux changer d’approche, dans la façon dont je fabrique mes collections mais aussi dans la manière dont je les montre», a-t-il dit. «Je m’en remets à l’essentiel: la collection, le son, la lumière» et «le défilé sera surtout une occasion de montrer la collection, plutôt que de faire événement», a-t-il insisté.
C'est Kanye West qui avait ouvert le dernier défilé Balenciaga, dans la boue, en automne. La maison avait dû couper les ponts avec le rappeur en octobre après ses déclarations antisémites.
- «Dompter la création» -
Mais c'est une campagne publicitaire en novembre qui a provoqué le tollé mettant en scène des enfants avec des sacs en forme d'ourson en peluche, sanglés de ceintures noires inspirées du sadomasochisme.
La campagne a été rapidement retirée et tous les responsables de Balenciaga se sont personnellement excusés.
La marque «a été pénalisée dans les marchés anglo-saxons essentiellement mais de manière assez sérieuse», a révélé à la mi-février François-Henri Pinault, PDG de Kering auquel appartient Balenciaga en présentant les résultats annuels.
Pour lui, le défilé sera «le point de redémarrage» pour Balenciaga qui a fait profil bas.
«Vu d'aujourd'hui, j'ai l'impression que les dégâts sont assez limités et cet épisode a été presque oublié», dit Arnaud Cadart, gérant de portefeuille pour la société de gestion d'actifs Flornoy Ferri.
Mais «il y a un gros travail en ce moment d'écoute du marché» et il faudra «oublier pendant un moment l'ambiance sombre (des défilés) et dompter la création débridée», ajoute l'analyste.
Schiaparelli reviendra au prêt-à-porter le 2 mars après la controverse suscitée par les robes haute couture ornées de fausses têtes d'animaux.
Ces looks ont divisé y compris au sein de l'association de défense des animaux Peta: la présidente de la branche américaine Ingrid Newkirk les a trouvés «fabuleusement innovants» tandis que la branche française a appelé à avoir une pensée pour les animaux qui «ont réellement souffert» comme des vers à soie et des moutons.
Le directeur artistique américain Daniel Roseberry, qui a remis la maison au goût du jour avec ses créations surréalistes fera-t-il encore le choix de l'audace ?
Orpheline de son fondateur visionnaire décédé fin 2020 à l'âge de 98 ans, la maison Pierre Cardin reviendra dans le calendrier officiel de la mode, le 5 mars après plus de 25 ans d'absence.
La collection sera faite par les studios, la maison n'ayant pas l'intention d'inviter un styliste extérieur pour ne pas «dénaturer Pierre Cardin», selon Rodrigo Basilicati-Cardin, le directeur général de la société de gestion.
La marque belge Ann Demeulemeester, connue pour son esthétique minimaliste en noir et blanc et dont les collection avaient été dessinées par les studios ces trois dernières années, a en revanche nommé le jeune styliste français Ludovic de Saint Sernin comme directeur artistique.
Le créateur remarqué au cours des dernières Fashion weeks à Paris avec des collections sexy et non genrées présentera sa première collection samedi.