A Diriyah, le règne de l'imam Mohammed ben Saoud a favorisé une renaissance de la culture et de l'éducation

Sous le règne de Mohammed ben Saoud, Diriyah s'est imposée comme un haut lieu de l'éducation. (DGDA)
Sous le règne de Mohammed ben Saoud, Diriyah s'est imposée comme un haut lieu de l'éducation. (DGDA)
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Publié le Mercredi 22 février 2023

A Diriyah, le règne de l'imam Mohammed ben Saoud a favorisé une renaissance de la culture et de l'éducation

  • Sous le règne de Mohammed ben Saoud, Diriyah s'est imposée comme un haut lieu de l'éducation
  • L'imam a construit des centaines d'écoles et de mosquées à Diriyah, ce qui a permis de transmettre les connaissances à travers le premier État saoudien

RIYAD: L'éducation passe souvent pour être l'outil le plus puissant de l'humanité; elle détermine les points forts et la qualité de vie inhérents à un pays et peut même transformer le monde. Le grand imam Mohammed ben Saoud, fondateur du premier État saoudien au début du XVIIIe siècle, était conscient de cette réalité. 

Sa vision s'est appuyée sur les notions de transformation et d'évolution. Il s'est donc attaché à redynamiser l'éducation et la culture. Il est parvenu à unifier une région brisée grâce à ses idées innovantes. Il a ainsi mis au point des méthodes d'apprentissage novatrices, assuré la sécurité nécessaire aux initiatives locales et transformé Diriyah en un lieu privilégié pour l'éducation à l'ère de la renaissance.

La région qui a abrité le premier État saoudien, Diriyah, connaissait déjà un certain essor depuis sa création par le prince Mani’ al-Muraydi, prédécesseur de la famille Saoud, en 1446. 

Dans un entretien avec Arab News, Faisal Alamer, historien et chercheur saoudien, explique que «l'éducation et le niveau des sciences étaient suffisants pour les habitants de Diriyah à cette époque».

«Quand l'imam Mohammed ben Saoud a créé le premier État saoudien, en 1727, la région a connu une importante évolution dans différents domaines. Cette évolution est essentiellement attribuable à l'unité de l'État, à la fondation de l'Arabie en tant qu'État unifié ainsi qu'à la sécurité et à la stabilité que la région a connues», ajoute-t-il.

En tête de ces développements figure l'éducation, qui a joué un rôle primordial dans l'établissement du premier État saoudien. L'imam a construit des centaines d'écoles et de mosquées qui constituaient à l'époque les principaux établissements de formation. Il a choisi la région d'Al-Bujairi, à Diriyah pour créer un centre d'enseignement.

En outre, il a tenu à fournir tous les moyens nécessaires à l'éducation, comme le logement et les repas. Il a ainsi attiré de nombreux érudits et chercheurs.

Pour M. Alamer, «l'objectif était de miser sur les gens et sur les jeunes et de former le personnel».

«L'enseignement comprenait plusieurs strates: du niveau élémentaire jusqu'à l'apprentissage des livres, où les jeunes s’initiaient à la lecture et à l’écriture; en outre, ils apprenaient le Coran et découvraient les principes du calcul.»

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L'imam Mohammed ben Saud a construit des centaines d'écoles et de mosquées qui constituaient à l'époque les principaux établissements académiques. (DGDA)

La réforme du système éducatif a commencé au sein des katatibs, ces centres où l’on pouvait apprendre à lire et à écrire, mais aussi étudier le Coran, les sciences islamiques, les mathématiques et les principes fondamentaux de la langue arabe.

On y envoyait les enfants dès qu'ils avaient l’âge de comprendre le monde qui les entoure. Des enseignants animaient les séances. 

En effet, les imams donnaient eux-mêmes des cours et des conférences. Les discussions étaient fréquentes au sein de leurs conseils.

Les étudiants pouvaient alors passer à l'étape suivante: l'enseignement supérieur, qui consistait à explorer en profondeur des sujets scientifiques et artistiques, à l'instar de l'enseignement supérieur actuel. Ces cours étaient dispensés au sein de la mosquée.

Par ailleurs, les étudiants accordaient une grande importance à la calligraphie. Elle s’est en effet imposée comme un élément essentiel de l'impression des livres. Ils se servaient de tableaux individuels pour écrire, et ceux qui présentaient des techniques particulières et pertinentes pouvaient présenter leur travail à l'imam ben Saoud.

«L'imam récompensait les personnes qui avaient une belle écriture. Il supervisait lui-même ce travail, ce qui met en évidence l'importance que ce pays et ses dirigeants accordaient à l'éducation et à la culture», souligne M. Alamer. 

La grande modernisation du système éducatif et le soutien apporté aux femmes à l'époque constituent un aspect que l'histoire moderne met rarement en exergue.

«À cette époque, [l'État] était soucieux de fournir une éducation aux femmes et de leur apprendre à écrire. Cette éducation n'était pas limitée à une classe sociale particulière. À l'instar des enseignants masculins qui instruisaient les garçons, les filles recevaient une éducation dispensée par des femmes. Elles pouvaient ainsi s'épanouir en tant que poètes et auteures», précise M. Alamer.

La réforme du système éducatif s'est poursuivie. Elle s'est étendue à l'art et aux outils. L'intérêt de plus en plus vif pour l'écriture et la lecture a fait apparaître une nouvelle profession, celle de wiraqah.

Ceux qui la pratiquaient, en l'occurrence les warraqs, étaient des scribes spécialisés dans l'impression de copies de livres. Connus aujourd'hui sous le nom d'«imprimeurs», ils étaient nombreux dans la région de Diriyah.

Ce métier était noble. Toutefois, il n'était pas réservé à un certain groupe ou à une certaine classe sociale et nombre de warraqs ont fait parler d'eux grâce à leur écriture unique, comme Ahmed al-Marshadi, Abdallah ibn Ghanim, Abdelrahmane ibn Issa, et bien d'autres encore.

Les calligraphies les plus répandues dans la région de Najd étaient le naskh et l'al-reqa. Composées à l’aide de stylos confectionnés à partir de roseaux, elles ont caractérisé la région de Diriyah à cette époque. Les scribes adaptaient la qualité des stylos en roseau à celle du papier qu'ils recevaient en version brute, renforcée à la main avec du fil.

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Les étudiants accordaient une grande importance à la calligraphie. Elle s’est en effet imposée comme un élément essentiel de l'impression des livres. (DGDA)

Dans la région de Najd, les encriers étaient fabriqués en bois, notamment à partir d'arbre de tamaris (un type d'arbustes ou de petits arbres qui appartient à la famille des Tamaricacées, NDLR). Les écrivains leur accordaient une grande importance. Quant à l'encre («midad», en arabe), il était disponible sous différentes formes.

M. Alamer raconte que «les étudiants ne se contentaient pas d'acquérir des connaissances sur les livres ou la calligraphie; ils souhaitaient également apprendre à écrire des manuscrits». 

«L'art des manuscrits et des couleurs d'écriture a fait son apparition. Il s'appuyait en grande partie sur le noir, associé à d'autres couleurs: le vert, le rouge et le jaune.»

«Ces manuscrits étaient agrémentés de diverses formes géométriques: triangles, cercles et lignes transversales. Des fleurs ornaient leur en-tête.»

Par ailleurs, l’emplacement géographique de Diriyah a joué un rôle important. En effet, la ville se situe au cœur de l'Arabie saoudite et constitue un point de passage incontournable pour le commerce et le Hajj. Cela a privilégié l'éducation dans la région: les scientifiques la visitaient pour y faire des rencontres et échanger des connaissances.

Le règne de l'imam apparaît comme une phase déterminante dans l'amélioration de la qualité de vie et de la transmission des connaissances dans le premier État saoudien. L'unité qui l'a marqué a assouvi la soif d'éducation dans une période de renaissance qui a transformé Diriyah en un phare de la richesse éducative. Ainsi, l'héritage historique des Arabes en tant que grands érudits se perpétue.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Points forts de la conférence «Louder Than Hearts» de l'Institut du Moyen-Orient à Washington DC

Tasneem Al-Sultan, « La diversité au sein des mariages saoudiens. » (Photo fournie)
Tasneem Al-Sultan, « La diversité au sein des mariages saoudiens. » (Photo fournie)
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  • l'exposition « Louder Than Hearts » (Plus fort que les cœurs) rassemble les œuvres de dix femmes photographes du monde arabe et d'Iran
  • L'Arabie saoudite est représentée par Tasneem Al-Sultan, photographe et conteuse visuelle basée à Riyad, avec sa série « Saudi Tales of Love » (Histoires d'amour saoudiennes)

DUBAÏ : L'Institut du Moyen-Orient à Washington DC expose les œuvres de photographes féminines du monde arabe

Tasneem Al-Sultan 

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« La diversité au sein des mariages saoudiens »

La célèbre photographe américano-palestinienne Rania Matar, née au Liban, est la commissaire de l'exposition « Louder Than Hearts » (Plus fort que les cœurs), qui rassemble les œuvres de dix femmes photographes du monde arabe et d'Iran, dont elle-même. Cette exposition se tient à l'Institut du Moyen-Orient à Washington DC jusqu'au 4 octobre. L'Arabie saoudite est représentée par Tasneem Al-Sultan, photographe et conteuse visuelle basée à Riyad, avec sa série « Saudi Tales of Love » (Histoires d'amour saoudiennes) qui, selon l'Institut, « s'inspire de son propre parcours à travers le mariage et le divorce ».

À travers des images de mariage telles que celle-ci, Mme Al-Sultan « dépeint les structures et les attentes du mariage, y compris les cérémonies élaborées, ainsi que les diverses contraintes sociétales auxquelles les Saoudiennes qu'elle a photographiées ont été confrontées et dont elles ont triomphé » plongeant ainsi dans les complexités des relations et l'interaction entre la tradition et les choix individuels. 

La série a valu à Mme Al-Sultan une reconnaissance mondiale, puisqu'elle a figuré dans la série de photos « Lightbox » du magazine Time et au salon international de la photographie Paris Photo.

Rania Matar

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« Farah (dans sa voiture brûlée) »

La photographie de Matar, selon l'Institut du Moyen-Orient, « capture des moments intimes qui transcendent les frontières et les cultures et explore les thèmes de l'identité personnelle et collective à travers des portraits de femmes aux États-Unis et au Moyen-Orient ».

Cette image fait partie de la série intitulée « Where Do I Go ? Fifty Years Later » (Où dois-je aller ? Cinquante ans plus tard), initiée après l'explosion dévastatrice du port de Beyrouth en août 2020. Le titre de la série évoque le 50e anniversaire du début de la guerre civile libanaise en 2025. La vague d'émigration qui a suivi l'explosion de 2020 « rappelle celle de 1984-85, lorsque de nombreux jeunes, y compris elle-même, ont fui le pays en proie à la guerre ». En photographiant ces femmes, Matar faisait écho à leurs expériences et à leur dilemme de l'immigration, des décennies plus tard.

Rehaf Al-Batniji  

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« Malak »

Cette photo est extraite de la série intitulée « (Chatt) The Beach & (Chatta) The Chili Pepper » de la photographe originaire de Gaza et basée à Paris, Al-Batniji. Ce projet explore « l'anthropologie sociale et culturelle » de sa ville natale. Chatta est un ingrédient majeur de la cuisine palestinienne et « emblématique de Gaza, où les défis de la vie peuvent piquer comme cette épice ardente », tandis que Chatt est « la plage sereine où les habitants cherchent réconfort et évasion de leur réalité quotidienne ».

Le travail d'Al-Batniji, selon l'Institut du Moyen-Orient, « offre un portrait intime du territoire, reflétant les luttes et l'intensité de la vie sous le siège, ainsi que la résilience et la vitalité de ses communautés avec un espoir rafraîchissant. Al-Batniji rejette l'imagerie brutale du conflit et utilise plutôt la couleur comme outil de résistance. »

Carmen Yahchouchi

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 « Victoria »

La photographe libanaise d'origine malienne, Yahchouchi, présente des œuvres de trois de ses séries lors de cette exposition, toutes capturant « l'impact durable de la guerre civile libanaise sur les femmes, et soulignant leur rôle central au cœur du chaos et de la dévastation », selon le support promotionnel de l'Institut du Moyen-Orient. « Son travail offre des aperçus de leur résilience, de leur force et de leur sacrifice alors qu'elles traversaient des périodes tumultueuses de l'histoire, devenant des héroïnes au sein de leurs communautés et familles, tout en assumant de nouveaux rôles dans la sphère publique. » Cette œuvre tirée de sa série « My Mother's Gun » (Le pistolet de ma mère) démontre le talent de Yahchouchi pour capturer « les espaces intimes de l'expérience humaine, invitant les spectateurs dans les mondes uniques de ses sujets. » 

Tanya Habjouqa  

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« Résistance intérieure »

La photographe et journaliste jordanienne, résidant et travaillant à Jérusalem-Est, « allie un sens mordant de l'ironie à un examen implacable des répercussions des conflits géopolitiques sur la vie des gens », selon l'Institut du Moyen-Orient. Cette image est extraite de sa série « Occupied Pleasures » (Plaisirs occupés), qui, selon l'institut, « offre un portrait multidimensionnel de la capacité de l'humanité à trouver la joie au milieu de l'adversité en Cisjordanie, à Jérusalem et à Gaza, en utilisant un sens de l'humour aiguisé sur les absurdités engendrées par une occupation de 47 ans ».

 


L'Eurovision rattrapée par la guerre à Gaza avec la participation d'Israël en finale

La chanteuse russo-israélienne Eden Golan, représentant Israël avec la chanson "Hurricane", se produit sur scène lors de la répétition générale à la veille de la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (ESC) 2024, le 10 mai 2024 à la Malmo Arena de Malmö, en Suède. (Photo Tobias Schwarz / AFP)
La chanteuse russo-israélienne Eden Golan, représentant Israël avec la chanson "Hurricane", se produit sur scène lors de la répétition générale à la veille de la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (ESC) 2024, le 10 mai 2024 à la Malmo Arena de Malmö, en Suède. (Photo Tobias Schwarz / AFP)
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  • La police estime que jusqu'à 20.000 personnes pourraient manifester dans la journée contre la participation israélienne, dans cette ville du sud de la Suède qui compte la plus importante communauté d'origine palestinienne du pays
  • L'Union européenne de radio-télévision (UER), qui chapeaute ce rendez-vous pailleté de la musique, avait confirmé en mars la participation d'Eden Golan malgré les critiques

MALMÖ, Suède : La finale du concours de l'Eurovision de la chanson se dispute samedi à Malmö, en Suède, dans un contexte de tension avivé par la participation de la candidate israélienne, en pleine guerre à Gaza.

Des renforts de police sont venus de tout le pays scandinave mais aussi du Danemark et de Norvège pour assurer la sécurité de l'événement, pour lequel près de 100.000 fans venant de 90 pays sont attendus.

La police estime que jusqu'à 20.000 personnes pourraient manifester dans la journée contre la participation israélienne, dans cette ville du sud de la Suède qui compte la plus importante communauté d'origine palestinienne du pays.

Le jeune chanteuse israélienne, Eden Golan, 20 ans, a décroché jeudi soir son ticket pour la finale avec la chanson «Hurricane», dont la version initiale avait dû être modifiée car considérée comme faisant allusion à l'attaque du Hamas qui a ensanglanté Israël le 7 octobre.

Vingt-six pays au total s'affronteront samedi pour succéder à la Suède comme lauréate de cette compétition qui avait été suivie en 2023 par 162 millions de téléspectateurs.

- Appels au boycott -

L'Union européenne de radio-télévision (UER), qui chapeaute ce rendez-vous pailleté de la musique, avait confirmé en mars la participation d'Eden Golan malgré les critiques.

Plus récemment, neuf des participants, dont sept sont en finale, ont appelé à un cessez-le-feu durable à Gaza, où Israël multiplie les frappes.

Israël participe depuis 1973 à l'Eurovision, qu'il a remporté pour la quatrième fois en 2018. «C'est vraiment un honneur d'être ici (...) de nous présenter avec fierté», s'est réjouie jeudi la candidate israélienne qui figurait samedi matin en deuxième place des favoris derrière la Croatie.

Avant la demi-finale, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait jugé qu'Eden Golan avait «déjà gagné», la saluant dans un message vidéo pour avoir affronté «avec succès une horrible vague d'antisémitisme».

Vendredi, le parti d'extrême gauche espagnol Sumar - dont la dirigeante Yolanda Diaz est numéro trois du gouvernement - a lancé une pétition pour demander l'exclusion d'Israël de la finale «au moment où ses troupes exterminent le peuple palestinien et détruisent toute la région».

Berlin a répliqué en jugeant que «les appels au boycott contre la participation d'artistes israéliens» étaient «totalement inacceptables», Paris soulignant pour sa part que «la politique n'a pas sa place à l'Eurovision».

- Neutralité -

Mais la neutralité revendiquée par l'UER est bousculée comme jamais.

Mardi, le chanteur suédois Eric Saade était apparu le bras ceint d'un keffieh palestinien. Et vendredi, le représentant des Pays-Bas, Joost Klein, qui avait marqué son désaccord jeudi soir d'être placé à côté de la candidate israélienne, a été privé de répétition générale.

Les syndicats de la chaîne de télévision publique flamande VRT ont brièvement interrompu la retransmission jeudi soir pour diffuser un message condamnant des «violations des droits de l'homme par l'Etat d'Israël».

Un geste regretté par l'UER, qui avait interdit au président ukrainien Volodymyr Zelensky de s'exprimer lors du concours l'an dernier, au nom de la neutralité politique.

Cette année, le conflit en Ukraine a été éclipsé par la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien, qui a fait plus de 1.170 morts, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, l'armée israélienne a lancé une offensive à Gaza, qui a fait jusqu'à présent 34.943 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Jeudi, près de 12.000 personnes, dont la militante pour le climat Greta Thunberg, avaient déjà manifesté à Malmö contre la participation d'Israël.

- «Pas de menace» -

Pour Sally Sadler, une fan britannique, ces rassemblements obscurcissent «un peu» la fête. «Il s'agit avant tout d'unité et de musique. Nous sommes tous ici ensemble, toutes nations confondues, pour l'amour et non pour la haine».

Dans l'enceinte, tout drapeau autre que ceux des participants sont interdits, comme toute bannière à message politique.

«Je pense que tout le monde est en sécurité», a affirmé en conférence de presse Eden Golan. La police suédoise a assuré qu'«il n'y avait pas de menace dirigée contre l'Eurovision». L'été dernier, la Suède a relevé son niveau d'alerte terroriste après des actes de profanation du Coran.

Du côté des festivités, l'édition 2024 offre un large éventail de genres musicaux, de la ballade à l'électro. Malmö, troisième ville de Suède, espère offrir aux fans «the time of their life», comme le chantait Abba, qui avait offert la couronne de l'Eurovision au pays il y a un demi-siècle.

Cette année beaucoup de chansons «traitent de la santé mentale - de nombreux jeunes artistes disent ne pas se sentir bien et lutter avec leur identité» comme c'est le cas de Nemo (Suisse), explique Andreas Önnefors, spécialiste du concours.

Eden Golan a assuré que sa chanson «Hurricane» parlait «d'une jeune fille qui traverse ses propres problèmes, ses propres émotions».

 

- l'exclusion de Joost Klein «disproportionnée»-

Jeudi, lors de la conférence de presse qui avait suivi la demi-finale de la compétition qui se veut apolitique, Joost Klein, 26 ans et les cheveux peroxydés, avait attiré l'attention en marquant son désaccord avec le fait d'être placé à côté de la représentante israélienne Eden Golan. Il avait notamment recouvert ostensiblement son visage du drapeau néerlandais à plusieurs reprises.

Son exclusion n'a toutefois rien à voir avec son attitude envers d'autres délégations, a souligné l'UER.

Vendredi, Joost Klein, avait déjà été privé des importantes répétitions générales à la veille de la finale de l'Eurovision.

Interrogée par l'AFP, la police suédoise a confirmé avoir ouvert une enquête pour «intimidation». Le dossier a été transmis au parquet.

Officiellement apolitique, l'Eurovision est cette année bousculée par la guerre à Gaza.

Le diffuseur néerlandais Avrotros juge «disproportionnée» l'exclusion samedi du concurrent néerlandais Joost Klein pour la finale de l'Eurovision, suspendu la veille après un incident sans lien avec la participation controversée d'Israël.

Avrotros a déclaré dans un communiqué transmis à l'AFP trouver la disqualification «disproportionnée» et s'est dit «choquée par la décision» de l'Union européenne de radiodiffusion (UER). «Nous le regrettons profondément et y reviendrons plus tard».

L'UER, qui chapeaute le concours, a expliqué dans un communiqué que la police suédoise enquête sur «une plainte déposée par une femme membre de l'équipe de production à la suite d'un incident survenu après sa prestation lors de la demi-finale de jeudi soir».

«Pendant que la procédure judiciaire suit son cours, il ne serait pas approprié qu'il continue à participer au concours», a indiqué l'organisation rappelant appliquer «une politique de tolérance zéro à l'égard des comportements inappropriés».

Le système de radiodiffusion publique néerlandais NPO a qualifié la décision de «très radicale». «C'est une déception pour les millions de fans de l'Eurovision aux Pays-Bas et dans d'autres pays européens», a-t-il affirmé.

«Nous évaluerons de manière approfondie le cours des événements après le concours Eurovision de la chanson avec Avrotros, l'UER et toutes les autres parties impliquée», a-t-il ajouté.


Zendaya, ado star devenue icône touche-à-tout

L'actrice et chanteuse américaine Zendaya arrive à la première de "Dune : Part Two" au Josie Robertson Plaza at Lincoln Center le 25 février 2024 à New York. (Photo Angela Weiss AFP)
L'actrice et chanteuse américaine Zendaya arrive à la première de "Dune : Part Two" au Josie Robertson Plaza at Lincoln Center le 25 février 2024 à New York. (Photo Angela Weiss AFP)
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  • A l'affiche de deux films à succès cette année, «Dune 2» et «Challengers», l'actrice, également chanteuse, mannequin, danseuse et productrice, a endossé en début de semaine le rôle de co-hôte du Met gala à New York
  • Zendaya Coleman est née en 1996 en Californie. Petite, elle souffre d'une timidité maladive, selon ses parents, tous deux enseignants

WASHINGTON : Du cinéma à la mode en passant par la musique, Zendaya semble exceller en tout. A 27 ans, l'artiste américaine est passée d'ado star à l'une des figures les plus influentes de sa génération.

A l'affiche de deux films à succès cette année, «Dune 2» et «Challengers», l'actrice, également chanteuse, mannequin, danseuse et productrice, a endossé en début de semaine le rôle de co-hôte du Met gala à New York, grand-messe de la mode et du show-biz.

Elle s'est offert pour l'occasion le privilège de faire deux entrées, avec deux looks différents. Un choix qui n'a pas manqué d'affoler la toile et a été salué par les critiques, habitués à commenter les sorties vestimentaires de celle qui est souvent qualifiée «d'icône de la mode».

Mais ses références ne s'arrêtent pas là. Zendaya devient en 2020 la plus jeune artiste sacrée meilleure actrice dans une série dramatique aux Emmy Awards, à 24 ans, pour son rôle dans «Euphoria». Cette récompense lui revient également en 2022.

Toujours pour ce rôle, elle remporte un Golden Globe en 2023. La même année, elle fait une apparition sur la scène du célèbre festival de musique Coachella, dans le désert californien.

«C'est une icône culturelle en devenir», déclarait en 2022 Denis Villeneuve, réalisateur de «Dune». «Zendaya est intemporelle, et elle peut tout faire».

- Timidité maladive -

Zendaya Coleman naît en 1996 en Californie. Petite, elle souffre d'une timidité maladive, selon ses parents, tous deux enseignants.

Sa mère cumule un deuxième emploi dans un théâtre d'Oakland. Après s'être essayée au basketball ou encore au football, c'est là que la jeune Zendaya a une révélation.

«Elle me suppliait de l'y amener», se souvenait sa mère en 2021. Sur scène, Zendaya se transforme.

Après quelques pièces de théâtre, ses parents l'accompagnent à Los Angeles pour qu'elle tente sa chance. A 14 ans, elle y décroche un rôle dans la série «Shake It Up» de Disney Channel. A 17 ans, elle sort un album.

Elle fait ensuite ses débuts au cinéma dans des longs-métrages à succès comme «The Greatest Showman» (2017), ou «Spider-Man: Homecoming» (2017), où elle rencontre Tom Holland, avec lequel elle forme aujourd'hui un couple star à l'image discrète, adoré des fans.

Puis la série «Euphoria» et le personnage de Rue, adolescente meurtrie par ses addictions, la consacre comme l'une des actrices les plus prometteuses de sa génération.

Dans le même temps, Zendaya se met en retrait de la scène musicale. En avril, elle a exprimé à demi-mot ses réticences vis-à-vis de cette industrie, mais ne ferme pas la porte à un retour: «Je sortirai peut-être une petite chanson, peut-être».

- «Version acceptable» -

Au-delà de son talent, c'est son image qui séduit. Zendaya «possède un niveau de grâce et d'authenticité qui redonne de l'espoir pour la génération à laquelle elle ouvre la voie», écrivait en 2020 le magazine de mode américain Essence.

L'actrice entretient une image d'humilité et d'engagement. Dès son passage chez Disney dans les années 2010, elle insiste pour l'inclusion d'une famille noire dans la série «Agent K.C», dans laquelle elle joue.

A 21 ans, elle fustige ouvertement les normes de beauté de l'industrie du divertissement. «Je suis la version hollywoodienne acceptable d'une fille noire», tacle celle dont la mère est blanche et le père noir.

«En tant que femme noire à la peau claire, il est important que j'utilise mon privilège, ma position, pour montrer à quel point la communauté afro-américaine est belle», poursuit-elle.

Invitée à collaborer avec le créateur Tommy Hilfiger en 2019, elle choisit un casting de mannequins noires et rend hommage à des figures afro-américaines, comme Bethann Hardison, mannequin et militante.

Zendaya joue également avec les codes de genre dans ses apparitions publiques et apparaît comme une défenseure de la communauté LGBT+.

En 2020, Michelle Obama fait appel à l'influente star - qui cumule aujourd'hui plus de 184 millions d'abonnés sur Instagram - pour inciter les jeunes Américains à s'inscrire sur les listes électorales.

Et la star touche-à-tout pourrait encore élargir sa palette: Luca Guadagnino, qui la dirige dans «Challengers», l'encourage à passer derrière la caméra. Une transition qu'elle sera capable de faire, dit-elle, quand elle aura «gagné en assurance».