PARIS: «Notre objectif est de venir en aide aux populations dans les zones fantômes du nord et nord-ouest de la Syrie, difficiles d’accès.» Ce vendredi matin, ils sont trois à préparer les cartons et à trier les aides dans un local mis à disposition par la Cantine syrienne, à Montreuil, aux portes de Paris.
D’un côté, les vêtements chauds, gants, écharpes, couvertures, de l’autre, les produits d’hygiène et de ménage, et au milieu, les médicaments et la nourriture, boîtes de conserve ou pâtes lyophilisées. Autant de produits de base qui manquent cruellement et qui pourront traverser les frontières pour atteindre les populations qui en ont besoin.
De jeunes Syriennes et Syriens exilés à Paris et dans ses environs ont en effet lancé un appel aux dons (lien: https://www.facebook.com/events/943584313758169/?ref=newsfeed) à la suite du séisme du 6 février qui a causé la mort de plus de vingt et un mille sept cents personnes en Turquie et en Syrie.
«Nous avons agi de manière spontanée, dans l’urgence, car aucune aide n’allait vers le nord et le nord-est de la Syrie», explique Aya*, qui a traversé tout Paris pour recueillir les dons ce vendredi. «On se concentre sur ces régions, car les gens vivent sous siège et la situation humanitaire y est encore plus dure», renchérit Rime*, qui lance également un appel à la mobilisation des mairies pour trouver des lieux de collectes et des moyens d’acheminement de l’aide.
Le collectif informel, qui regroupe une trentaine de bénévoles, s’est rapproché d’associations qui viennent en aide aux Syriens pour acheminer l’aide sur place. «L’Association solidarité avec les Syriens libres (ASSL) s’est engagée à envoyer le premier convoi, par camion», précise Rime.
C’est tout naturellement que la Cantine syrienne, «collectif autogéré d’exilés syriens et de militants internationaux», créée en 2019, a mis à disposition ses locaux pour servir de point de collecte. «Nous sommes là en soutien, pour faciliter la logistique, fournir des salles, un lieu de stockage, relayer l’initiative sur nos réseaux sociaux», explique l’une des six «salariées» de la Cantine syrienne, qui la décrit comme un «lieu d’auto-organisation pour les Syriens et Syriennes dans le manque».
La Cantine syrienne a d’ailleurs décidé d’annuler la soirée festive (https://www.facebook.com/events/943584313758169) prévue ce vendredi soir, compte tenu de la catastrophe en cours en Syrie et en Turquie. Plus de dabke (danse levantine) ni de DJ set au programme, mais un dîner «pour se retrouver, être ensemble et se soutenir mutuellement, et pourquoi pas réfléchir à comment ne pas se sentir impuissant et seul derrière nos écrans à distance».
La collecte de dons se tient jusqu’au dimanche 12 février au soir. Nabil* a d’ailleurs prévu de revenir déposer des dons avec ses filles dans un geste de solidarité. «Sentir qu’on essaie de faire quelque chose, c’est important», souligne-t-il. «C’est la première initiative dont j’ai entendu parler, et je veux participer.»
Aya souhaite en tout cas la poursuivre: «La campagne ne va pas s’arrêter, car les populations auront toujours besoin d’aide. Le séisme va avoir des conséquences matérielles, mais aussi psychologiques et traumatiques, à moyen et long terme.»
*Les prénoms ont été changés pour garantir l’anonymat.