Il suffit parfois qu'un fou commette un acte insensé pour rappeler les limites de la décence, de la justice et de la droiture.
En Israël, la ligne est clairement définie par les ordres du ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, un fanatique de droite qui a bénéficié du retour du Premier ministre Benjamin Netanyahou.
Ben-Gvir a ordonné à la police israélienne de retirer tout drapeau palestinien arboré par des citoyens, juifs ou non juifs, tant en Israël que dans les territoires occupés.
Loin de réussir à supprimer les droits civils et humains des Palestiniens, l'interdiction du drapeau palestinien a uniquement servi à braquer les projecteurs sur le caractère oppressif d'Israël.
Dans un sens, que les extrémistes israéliens n'hésitent pas à renforcer leurs mesures oppressives est une bonne chose, car c'est une gifle infligée à ceux qui ont défendu Israël toutes ces années.
L'interdiction de faire flotter un drapeau reconnu par des centaines de pays et d'organisations dans le monde est plutôt une condamnation de la direction prise par Israël qu’un acte de défi à l'égard du statut d'État palestinien.
La décision de Ben-Gvir n’a pas réduit au silence l'activisme des Palestiniens et de leurs sympathisants, elle l’a galvanisé et a réveillé le nationalisme ancré dans leur cœur tout au long des décennies de politiques israéliennes oppressives.
Cette mesure permet de pointer du doigt Israël et d'affirmer qu'il est bien plus un État oppresseur qu'un État juif, aussi bien dans sa politique que dans son esprit. Ceux qui ont hésité à critiquer Israël en espérant que leur silence permette une certaine modération ont compris que le fait de se taire ne mène à rien.
Le drapeau rouge, noir, blanc et vert de la Palestine est brandi dans le monde entier bien plus souvent qu'il ne l'a été depuis des années. Des voix s'élèvent et contestent les affirmations selon lesquelles Israël est une démocratie qui n'a aucune politique d'apartheid. Elles remettent en question les fondements mêmes de la défense historique d'Israël, la propagande et les mensonges qui l'ont protégé des accusations de violations des droits de l'homme et des droits civils.
Pendant des années, Israël s'est autorisé à tuer des manifestants sous prétexte que ces derniers, souvent abattus d'une balle dans la tête par des francs-tireurs, avaient incité à la violence, alors qu’ils ne faisaient que protester en exprimant leur émotion.
Cependant, l'interdiction de brandir un drapeau soulève de sérieuses questions sur la crédibilité des arguments défensifs de la propagande israélienne.
Seul un État raciste qui pratique l'apartheid déploierait autant d'efforts pour étouffer les droits civils en interdisant un drapeau qui incarne la liberté fondamentale des civils palestiniens à croire en quelque chose de plus puissant que l'armée israélienne financée par les États-Unis.
Rien ne symbolise mieux l'échec d'un oppresseur que de le voir piétiner le caractère non violent d'un morceau de tissu cousu en forme de drapeau.
Ray Hanania
Le drapeau palestinien est un symbole puissant que la décision de Ben-Gvir n'a fait que renforcer. Son interdiction a fait du drapeau un symbole encore plus fort dans la guerre des perceptions qui oppose Israéliens et Palestiniens depuis plus de sept décennies et elle a donné aux Palestiniens l'occasion de renverser la vapeur.
Ces derniers doivent fabriquer davantage de drapeaux et les distribuer à leur peuple. Le drapeau palestinien doit flotter sur chaque maison et chaque sommet de montagne comme un message puissant qui reprend les principes fondamentaux des défenseurs de la liberté tels que Martin Luther King, qui a lutté pour les droits civils et humains aux États-Unis. La mort de cette figure emblématique a créé un mouvement puissant qui continue à contester le racisme en Occident.
Pour chaque drapeau palestinien que les troupes violentes de Ben-Gvir arrachent des mains des Palestiniens qui protestent pacifiquement, ces derniers devraient en brandir deux autres. Et pour chaque personne prise à partie par l'interdiction du drapeau palestinien, cinq autres personnes devraient se rallier à la cause par solidarité.
Le drapeau palestinien a acquis un nouveau et puissant symbolisme que beaucoup pensaient avoir perdu après des années de violence, de brutalité et d'oppression israéliennes.
Rien ne symbolise mieux l'échec d'un oppresseur que de le voir piétiner le caractère non violent d'un morceau de tissu cousu en forme de drapeau.
En interdisant le drapeau, le nouveau gouvernement israélien semble reconnaître publiquement qu'il ne parvient pas à effacer la Palestine ni à étouffer les voix palestiniennes qui réclament la liberté, la justice et un État.
D'une certaine manière, nous devons remercier Ben-Gvir de rappeler à tous ce qu'est le véritable combat pour la liberté des Palestiniens. Son discours odieux et ses politiques haineuses sont le moteur de l'émancipation des Palestiniens et du renouveau, non seulement en Palestine, mais dans le monde entier.
Tous les Palestiniens et toutes les personnes qui soutiennent la paix et la justice pour les Palestiniens devraient arborer le drapeau palestinien chez eux, mais aussi sur les réseaux sociaux.
Plus le gouvernement de Netanyahou tentera d'imposer aux Palestiniens une ségrégation des droits civils, plus les Palestiniens trouveront le pouvoir de riposter plus efficacement que par la colère. Car ces protestations virent parfois à la violence ou à la haine, ce qui trahit la véritable essence du mouvement palestinien.
Couvrez-vous du drapeau pour en faire un symbole de justice infinie et défier la laideur d'Israël. Sans dire le moindre mot, vous ferez comprendre au monde que nous en avons assez.
Ben-Gvir peut arracher autant de drapeaux palestiniens qu'il veut dans la haine mégalomane qu’il exprime vis-à-vis de la liberté palestinienne. Mais pour chaque drapeau qu'il déchire, beaucoup d'autres seront brandis pour les droits civils et la liberté.
Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur à la mairie de Chicago. Il est joignable sur son site Internet à l'adresse www.hanania.com
Twitter: @RayHanania
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com