Les rebelles sahariens et le rôle stabilisant du Maroc dans la région

Des soldats marocains patrouillent dans la ville de Tanger le 11 août 2020 (Photo, AFP).
Des soldats marocains patrouillent dans la ville de Tanger le 11 août 2020 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 23 novembre 2020

Les rebelles sahariens et le rôle stabilisant du Maroc dans la région

Les rebelles sahariens et le rôle stabilisant du Maroc dans la région
  • Malgré les efforts déployés par l'Algérie et la Mauritanie pour armer la milice, l'attachement du Maroc à la région et à son intégrité territoriale est infaillible
  • À bien des égards, le traitement post-colonial injuste a permis au Maroc d'être le premier pays à s'extraire du projet africain impérial défaillant de la France

Peu de mots évoquent un sentiment de désespoir abandonné tel que le « Sahara ». Le statut politique de la région connue sous le nom du Sahara occidental, au centre de l'histoire moderne de l'Afrique du Nord-Ouest, est la question politique la plus complexe et la plus importante qui affecte la région.

Ce mois-ci, en violation d'un cessez-le-feu de longue date, une milice séparatiste a bloqué une route principale reliant le Maroc à la Mauritanie voisine,  rapidement repoussée par l'armée marocaine. Malgré les efforts déployés par l'Algérie et la Mauritanie pour armer la milice, l'attachement du Maroc à la région et à son intégrité territoriale est infaillible.

Un royaume marocain sous une forme ou une autre existe au Maghreb depuis l'Antiquité. Avant que les cartographes européens ne délimitent les frontières du continent africain, les liens politiques, économiques et ethniques existants réunissaient des zones du continent qui, à l'époque moderne, se trouvent, de part et d'autre, séparées par des frontières territoriales artificielles.

Au moment où le reste de l’Afrique du Nord-Ouest était en proie à la conquête coloniale au XIXe  siècle, l’Empire chérifien du Maroc a tenu assez longtemps pour accepter enfin de devenir un protectorat français en 1912, au lieu d’une colonisation formelle. Ailleurs dans la région, la suzeraineté française a démantelé les sociétés locales en les remplaçant par des conceptions politiques coloniales, à tel point que de nouveaux États ont été complètement créés.

Le prix que l'État marocain a payé pour sa résistance acharnée a été le rétrécissement sévère de son territoire car les Français ont créé ce qui représente maintenant l'Algérie et la Mauritanie.

À bien des égards, le traitement post-colonial injuste a permis au Maroc d'être le premier pays à s'extraire du projet africain impérial défaillant de la France, malgré le fait que la terre juste au-delà de ses frontières est et sud restait une « terra irridenta », sous le contrôle de l’étranger.

Malgré le bref intervalle colonial, la dominance du sultan marocain s'était étendue pendant des siècles à travers la région du Maghreb, que ce soit dans les oasis de Tindouf ou parmi les tribus du Sahara.

Malgré le fait que la monarchie marocaine a soutenu le Front de libération nationale dans sa guerre contre la France, les dirigeants algériens n’étaient pas enclins à soutenir les revendications d’un Grand Maroc. En 1963, l'armée marocaine est entrée en Algérie, s’emparant rapidement de deux postes frontaliers; ceci a abouti à un cessez-le-feu qui a ouvert une ère d'hostilité entre les deux pays.

Le Maroc a abandonné sa revendication sur son territoire en Algérie en 1972, en vue de rétablir ses relations avec son voisin. Sa détermination  à rétablir ses frontières historiques ne s’est toutefois pas arrêtée là.

En 1975, les Espagnols ont cherché à sortir du Sahara occidental. Face à la perspective de perdre davantage de territoire, le roi du Maroc, Hassan II, a ordonné à 350 000 civils de pénétrer pacifiquement sur le territoire dans un coup de maître politique et logistique connu sous le nom de la Marche verte.

Tandis que la Libye, la Tunisie et l’Algérie sont toutes ravagées par le chaos et l’instabilité post-révolutionnaires, la région saharienne a besoin d’un vrai développement et d’une stabilité solide qui incarnent le succès du Maroc moderne

 

Zaid M. Belbagi

Cette mobilisation populaire massive a totalement stupéfié la communauté internationale et a abouti aux accords de Madrid, qui ont forcé l’Espagne à céder le territoire au Maroc et à la Mauritanie, à la seule condition qu'ils respectent la population saharienne locale.

Pour le Maroc, le respect de la population locale n'a jamais été mis en doute. Les tribus sahraouies du territoire étaient historiquement considérées comme marocaines et, aux yeux des décideurs politiques, citoyens égaux à part entière. Les investissements marocains ont, par la suite, afflué dans la région et le coût de la vie y est parmi les plus bas du Maroc, grâce aux généreuses subventions gouvernementales accordées aux Sahraouis.

Les rebelles du Polisario ont cependant commencé à s'organiser en République arabe sahraouie démocratique tout en exigeant l'autodétermination. Avec un fort soutien de l'Algérie, ils ont mené  une perpétuelle campagne de guérilla contre les autorités marocaines, qui a abouti à un accord de cessez-le-feu en 1991.

Pendant que le gouvernement marocain cherchait, sans cesse, à investir dans la région afin d’égaler le reste du pays, les leaders sahraouis n'ont pas réussi à améliorer le sort de leur peuple qui, dans l'ensemble, vit dans des camps de réfugiés misérables le long de la frontière algérienne. Dépendant de l'aide internationale, leur triste existence est presque inimaginable par rapport à celle des sahraouis réinsérés dans l'État marocain. Ils ont bénéficié d'énormes progrès dans les infrastructures et le tourisme, et attendent patiemment l'ouverture d'un port de classe internationale à Dakhla.

Les opérations de l'armée marocaine cette semaine pour rouvrir les routes bloquées sont caractéristiques des efforts bien documentés en vue de développer une partie du pays, prise en otage par le banditisme du Polisario et les calculs géopolitiques de l'Algérie. Ce n'est un secret pour personne qu'un renversement de la réoccupation marocaine du territoire donnerait à l'Algérie l'accès à l'Atlantique qu'elle a longtemps convoité.

Pour les généraux d'Alger, dont la dictature militaire est en train de sombrer, le Maroc fournit une distraction politique bien nécessaire face aux défis très graves auxquels l'Algérie est confrontée malgré sa grande richesse.

Pour le Maroc, qui a vu une grande partie de son territoire historique cédé à de nouveaux voisins, l'avis consultatif de 1975 de la Cour internationale de Justice n’est plus très important, étant donné qu’il reconnait « l'existence manifeste de liens historiques d'allégeance entre le sultan du Maroc et les tribus vivant sur le territoire du Sahara occidental ».

Pendant près d'un millénaire, le sultan du Maroc a été la principale et, dans certains cas, la seule autorité politique centrale de la région. Un manque de compréhension de cette réalité et la perpétuité de l'État marocain lui-même continuent de rendre vains ces efforts.

Tandis que la Libye, la Tunisie et l’Algérie sont toutes ravagées par le chaos et l’instabilité post-révolutionnaires, la région saharienne a besoin d’un vrai développement et d’une stabilité solide qui incarnent le succès du Maroc moderne.

 

•   Zaid M. Belbagi est commentateur politique et conseiller auprès de clients privés entre Londres et le CCG.

Twitter: @Moulay_Zaid

Les opinions exprimées par les auteurs dans cette section sont les leurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d'Arab News.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com