DAMAS: Douze employés d'un champ pétrolier sous contrôle gouvernemental dans l'est de la Syrie ont été tués vendredi matin dans une attaque attribuée au groupe Etat islamique (EI), au lendemain du lancement d'une opération antijihadiste des forces kurdes.
L'attaque, menée par des "cellules" affiliées à l'EI, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), a visé des bus transportant des ouvriers du champ pétrolifère d'Al-Taym à l'ouest de Deir Ezzor, une région de la vaste steppe syrienne dans laquelle les jihadistes se sont retranchés depuis la chute en mars 2019 de leur califat autoproclamé et de la perte de toutes leurs zones de contrôle.
Selon le directeur de l'Observatoire, Rami Abdel Rahmane, l'attaque a commencé "par la détonation d'engins explosifs au passage des bus, avant que des éléments de l'EI n'ouvrent le feu sur les véhicules", tuant 12 travailleurs syriens.
De son côté, l'agence de presse officielle syrienne SANA a rapporté que "dix travailleurs avaient été tués et deux autres blessés à la suite d'une attaque terroriste visant trois bus transportant des ouvriers" travaillant dans le champ pétrolier.
Attaque similaire l'an dernier
Le ministre syrien du Pétrole, Bassam Tohmé, a indiqué peu après à la télévision d'Etat que l'un des bus "avait été touché par une roquette" et que quatre travailleurs avaient été blessés.
Les auteurs de "l'attaque terroriste (...) ont profité des mauvaises conditions météorologiques et du brouillard matinal dans la région", a-t-il déclaré.
L'année dernière, l'EI avait lancé une attaque similaire tuant, le 2 décembre 2021, dix ouvriers du champ pétrolier d'al-Kharata situé à 20 kilomètres au sud-est de la ville de Deir Ezzor.
Les attaques du groupe visent souvent des bases et véhicules militaires des forces gouvernementales dans la Badia, la steppe qui s'étend entre les provinces de Homs (centre) et Deir Ezzor, à la frontière avec l'Irak.
La Badia est le théâtre d'affrontements auxquels participent parfois des avions russes en soutien aux forces gouvernementales qui visent les positions et mouvements de l'EI.
Depuis le début du mois, les cellules de l'EI ont accéléré le rythme de leurs opérations dans la Badia, ciblant principalement les forces gouvernementales et les groupes pro-iraniens alliés, tuant 37 combattants, ainsi que deux membres de l'EI et un civil, selon un bilan de l'Observatoire lundi.
Cette dernière attaque de l'EI est intervenue au lendemain du lancement par les Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les combattants kurdes) d'une opération dans le nord et le nord-est du pays.
L'opération, lancée "avec la participation de la coalition internationale antijihadiste" dirigée par les Etats-Unis, vise à "éliminer les cellules terroristes de l'EI (...) et les chasser hors des zones qui ont été le théâtre de récentes attaques terroristes", indiquaient jeudi les FDS dans un communiqué.
Opération antijihadiste
Vendredi, elles ont fait état de l'arrestation de "52 mercenaires de l'EI et facilitateurs de ses opérations terroristes, qui s'abritaient dans des zones résidentielles".
L'opération des FDS survient trois jours après une attaque meurtrière revendiquée par l'EI contre leur quartier général à Raqa (nord) qui avait fait six morts dans leurs rangs et dont les auteurs n'ont pas réussi à libérer des jihadistes d'une prison.
Dans sa revendication de l'attaque de lundi, l'EI avait dit vouloir "venger" les jihadistes détenus par les forces kurdes.
A la suite de cette attaque, l'administration autonome kurde a déclaré l'état d'urgence et un couvre-feu à Raqa, dont les FDS avaient repris le contrôle en 2017 après de violents combats avec l'EI.
Les FDS font état dans leur communiqué jeudi de "huit tentatives d'attaques (...) contre le camp d'al-Hol et dans des régions à Deir Ezzor et Hassaké", dans le nord-est de la Syrie.
Malgré les frappes notamment américaines visant ses dirigeants, ses mouvements et ses positions, l'EI parvient toujours à lancer des attaques, en particulier dans l'Est et le nord-est de la Syrie.
La guerre en Syrie, impliquant plusieurs pays outre les jihadistes, a tué depuis 2011 près d'un demi million de personnes et déplacé plusieurs millions d'autres à l'intérieur et à l'extérieur du pays.