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Un jour, on parlera de 2022 comme d’une année calamiteuse: catastrophes, conflits et autres périls en la demeure. Une demeure nommée «Terre», qui aura subi du fait des hommes et de la nature des déchaînements en tous genres. De quoi redouter des risques d’une déchéance de l’Humanité, de cette dégénérescence qui, métaphoriquement, se trouve à l’œuvre dans Le Bruit et la Fureur de William Faulkner: «The Sound and the Fury», oui!
Il y eut d’abord «le» Covid. Que des puristes tiennent à lui accoler l’article «la»: après tout, les ouragans portent bien des noms féminins (Irma, Katrina, Hermine, etc.), du moins jusqu’en 1979 (1) ! En fait, nous dit l’Académie française, l’accord de l’article doit se faire avec le «noyau» de la formule qui désigne la «maladie», en anglais: «Corona virus disease» (en français: «maladie provoquée par le Corona virus») qui a donné «Covid».
On connaît les ravages que le surgissement du sinistre virus a causés et cause à travers le monde, à commencer par la Chine (où les experts situent le point de départ du «cas zéro»). Sur 636 millions d’infections liées au virus, au 28 novembre 2022, le nombre de victimes, dans le monde, s’élevait à 6 606 624. Rien que pour les États-Unis: 1 067 123! Pour la Russie: 391 536. Et pour la France: 154 969 (2).
2022 fut marquée, dès le 24 février, par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Une agression (ce n’est pas le lieu, ici, de parler des causes) ayant occasionné de massives destructions et des milliers de victimes civiles. Des victimes, il y en eut même parmi des étrangers aux deux pays en guerre. Des journalistes, mais aussi de simples résidents, comme ce jeune Algérien, étudiant en aéronautique qui, le 26 février, fut abattu à Kharkiv par une balle perdue alors qu’il venait de sortir d’un abri... Mais aussi des combattants de la «Légion internationale»: Américains, Polonais, Britanniques, Suédois, Français, Canadiens. Quant aux pertes: «Comme tous les belligérants dans chaque conflit armé, la Russie et l’Ukraine minorent leurs pertes et exagèrent celles infligées à l’ennemi» (3). Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, au 2 octobre 2022, le nombre de victimes civiles était de 6114 morts et de 9132 blessés (4). Et puis, il y a les conséquences: selon l’OCDE, «l’économie mondiale subit sa plus grave crise énergétique depuis les années 1970»!
2022, c’est aussi la réélection d'Emmanuel Macron, les scandales au sein du gouvernement de Boris Johnson, le décès de la reine Élisabeth II, et la proclamation de Charles III, roi du Royaume-Uni.
Puis, vint la fameuse Coupe du monde. «Fameuse», pour tout ce que l’événement aura suscité comme appels au boycott et critiques motivées du pays organisateur. Et cependant, l’unanimité s’est faite pour reconnaître à ce Mondial une réussite sur le plan de l’organisation comme sur celui des performances inattendues de certaines équipes, et particulièrement celle du Maroc... Et que dire de la victoire de l’Arabie saoudite sur «l’un des pays favoris pour le sacre final»: l’Argentine? (5). Toujours est-il que les Annales du foot retiendront que le 22 novembre 2022, l’Arabie saoudite a battu le (futur) champion du monde, non?
Quoi qu’il en soit, le Mondial s’est terminé le 18 décembre par la victoire de cette même Argentine, laissant la France abasourdie. En marge, grosses colères sur les réseaux sociaux et critiques dans quelques journaux (espagnols, notamment): le sélectionneur des Bleus, accusé d’avoir profité d’une blessure, jugée «surmontable», de Karim Benzema (Ballon d’or 2022!) pour l’exclure de la Finale… Certes, le coach français est connu pour ne pas porter KB9 dans son cœur… Et puis, il y a ces images et vidéos d’un président de la République s’obstinant à vouloir consoler Mbappé… Une insistance jugée déplacée, surjouée au point d’inspirer une infirmière, désabusée, qui disait vouloir voir l'hôpital public « être consolé comme Mbappé ».
Si l’an «22» du XXIe siècle restera ainsi marqué dans les Annales, que nous réserve l’an 2023? Poursuite de la guerre en Ukraine, sûrement; amplification de l’épidémie de Covid ou de ses variants. Et si dès le 1er janvier, 2023 s’annonce avec une Journée mondiale de la Paix, est-ce une manière de conjurer le sort? Le 24 janvier, on nous convie à une Journée mondiale de la Culture africaine: enfin, un hommage rendu à un patrimoine culturel de tout un continent, si riche en la matière! Mais que le 24 mars, premier jour du Ramadan, soit consacré Journée mondiale de l’eau, est-ce une manière de rendre encore plus méritoire l’abstinence ou de l’accentuer? Et dire qu’une autre forme d’abstinence nous attend déjà le 7 février 2023, avec la Journée mondiale sans… téléphone mobile, suivie, le 28 février, d’une Journée mondiale sans Facebook! Si ça, ce n’est pas du sadisme sociétal!...
Pour terminer 2023, on se consolera, le 8 décembre, avec la Journée mondiale de la langue arabe. L’occasion de vous dire:
عام جديد سعيد 2023
(1) D’après le site de l’Académie française (https://www.academie-francaise.fr/), les noms attribués aux ouragans et autres tempêtes furent, jusqu’en 1979, des prénoms féminins. Au prétexte que «la croyance populaire affirmait que les humeurs des femmes étaient aussi imprévisibles que les tempêtes et les ouragans, et que «ces ouragans font en moyenne trois fois plus de victimes que leurs semblables qui portent un nom masculin». Sic!
(2) Royaume-Uni: 196 821 ; Italie: 180 518 ; Allemagne: 157 388 ; Iran: 144 632 ; Argentine: 130 017 ; Espagne: 115 641 ; Afrique du Sud: 102 395 Belgique: 33 042 ; Chine: 30 010 ; Tunisie: 29 268 ; Maroc: 24 798 ; Égypte: 16 283 ; Liban: 10731 ; Arabie saoudite: 9451 ; Algérie: 6 881 ; Norvège: 4 384 ; Soudan: 4 290 ; Sénégal: 1 968 ; Cameroun: 1965. Source Statista
(3) Le Monde
(4) Statista
(5) Eurosport
Salah Guemriche, essayiste et romancier algérien, est l’auteur de quatorze ouvrages, parmi lesquels Algérie 2019, la Reconquête (Orients-éditions, 2019); Israël et son prochain, d’après la Bible (L’Aube, 2018) et Le Christ s’est arrêté à Tizi-Ouzou, enquête sur les conversions en terre d’islam (Denoël, 2011).
Twitter: @SGuemriche
NDLR: Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.
