Après la Tunisie et le Maroc, la France met fin à la crise des visas avec l'Algérie

Le ministre français de l'intérieur Gérald Darmanin au siège de l'UE à Bruxelles le 8 décembre 2022 (Photo, AFP).
Le ministre français de l'intérieur Gérald Darmanin au siège de l'UE à Bruxelles le 8 décembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 19 décembre 2022

Après la Tunisie et le Maroc, la France met fin à la crise des visas avec l'Algérie

  • C'est le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui a mis un point final à cette crise des visas, débutée l'automne 2021
  • Paris et Alger avaient retrouvé le chemin d'un réchauffement de leurs relations à l'occasion d'un déplacement du président Macron en août dernier

ALGER: La France a mis un terme dimanche à la crise diplomatique avec les pays du Maghreb, en annonçant à Alger un retour à la normale de l'octroi de visas aux ressortissants algériens, après ceux de Tunisie fin août et du Maroc, vendredi.

C'est le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui a mis un point final à cette crise des visas, débutée l'automne 2021, lors d'un déplacement à Alger.

Dans une déclaration postée sur Twitter, M. Darmanin a annoncé un retour "à une relation consulaire normale" avec l'Algérie, effective depuis "lundi" dernier (12 décembre) à l'issue d'un entretien avec son homologue.

A l'automne 2021, la France avait décidé de restreindre la délivrance de visas en Algérie, Maroc et Tunisie, afin d'inciter ces pays à faire des efforts en matière de coopération et de lutte contre l'immigration illégale.

Le taux de refus avait atteint 30% pour la Tunisie, et 50% pour le Maroc et l'Algérie.

Par cette mesure de réduction des visas, Paris entendait faire pression sur ces pays pour qu'ils acceptent d'accueillir leurs ressortissants expulsés de France.

La Tunisie a été le premier pays avec lequel Paris a rétabli sa relation consulaire au niveau d'avant Covid.

Au ministère de l'Intérieur français, on avait expliqué alors que la Tunisie était le premier des trois pays à avoir levé les tests sanitaires demandés pour pouvoir entrer sur le territoire.

Relation forte
Dès le départ, il était prévu que le dispositif de réduction du nombre de visas délivrés par la France aux ressortissants de trois pays du Maghreb pouvait être revu en fonction des "efforts" accomplis.

Vendredi, la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna a fait le déplacement à Rabat pour annoncer la normalisation de la relation consulaire avec le Maroc. Et comme pour l'Algérie, avec une application depuis "lundi dernier".

Mme Colonna était venue pour préparer la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron prévue "au premier trimestre 2023".

Elle a fait valoir que la France souhaitait "être dans une relation de partenariat exemplaire avec le Maroc, un partenariat d'exception, fraternel et moderne".

Elle a insisté en outre sur la nécessité de s'adapter aux "attentes légitimes" du Maroc qui évolue et entend jouer un rôle majeur en Méditerranée et en Afrique.

Pour sa part, Gérald Darmanin a fait valoir que son entretien avec son homologue algérien était "important", car, a-t-il dit, "cela permet à la France de continuer de montrer sa grande volonté de coopération à la suite des échanges qui ont eu lieu entre le président (Abdelmadjid) Tebboune et le président (Emmanuel) Macron".

Il a cité "la coopération en terme de sécurité, la sécurité civile" et plus globalement "les échanges entre les deux pays".

Il a vanté une "relation extrêmement forte" entre Paris et Alger.

Paris et Alger avaient retrouvé le chemin d'un réchauffement de leurs relations à l'occasion d'un déplacement du président Macron en août dernier. Les deux chefs d'Etat avaient alors signé en grande pompe une déclaration commune sur une relance de leur coopération.

En octobre, c'est la Première ministre française Elisabeth Borne, accompagnée d'une quinzaine de ministres, qui s'était rendue à Alger pour sceller la réconciliation entre les deux pays.


Guerre commerciale : Lagarde appelle à « une marche vers l'indépendance » de l'Europe

Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), présente le rapport annuel 2024 de la banque au Parlement européen, à Strasbourg, dans l'est de la France, le 10 février 2025. (Photo par FREDERICK FLORIN / AFP)
Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), présente le rapport annuel 2024 de la banque au Parlement européen, à Strasbourg, dans l'est de la France, le 10 février 2025. (Photo par FREDERICK FLORIN / AFP)
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  • « Lui appelle ça "Liberation Day" aux États-Unis, moi je considère que c'est un moment où nous devons ensemble décider de prendre mieux notre destin en main.
  • Après l'acier et l'aluminium et avant l'automobile, le président américain compte passer à la vitesse supérieure mercredi, en annonçant ses droits de douane dits « réciproques », qui vont changer les règles du jeu du commerce mondial.

PARIS : La guerre commerciale engagée par le président américain Donald Trump doit entraîner « une marche vers l'indépendance » de l'Europe, a affirmé lundi la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde.

« Lui appelle ça "Liberation Day" aux États-Unis, moi je considère que c'est un moment où nous devons ensemble décider de prendre mieux notre destin en main et je pense que c'est une marche vers l'indépendance », a affirmé la dirigeante française sur la radio France Inter, évoquant « un moment existentiel pour l'Europe ».

Après l'acier et l'aluminium et avant l'automobile, le président américain compte passer à la vitesse supérieure mercredi, en annonçant ses droits de douane dits « réciproques », qui vont changer les règles du jeu du commerce mondial.

Le 2 avril, qu'il surnomme « jour de la libération », Donald Trump compte ériger de nouvelles barrières douanières qui devraient dépendre des taxes que les pays concernés imposent sur les produits américains, mais aussi d'autres facteurs, et frapper notamment l'Europe. 

« Il faut, pour se mettre en position de bonne négociation, montrer qu'on n'est pas prêts à se coucher », a estimé Christine Lagarde, au moment où l'UE prépare sa riposte aux droits de douane américains.

Selon la BCE, la zone euro pourrait voir son PIB amputé de 0,3 % en raison de la guerre commerciale de Donald Trump, et de 0,5 % en cas de riposte européenne, la première année.

« Une guerre commerciale ne crée que des perdants », a martelé Christine Lagarde lundi.

Concernant l'inflation, la présidente de la BCE s'est montrée prudente en raison du risque inflationniste des taxes douanières : « Dire : "ça y est, c'est terminé, c'est derrière nous" non. Parce que, malheureusement, on est soumis à de nombreuses incertitudes et que les décisions prises par M. Trump, comme la réciprocité qui s'appliquera à partir du 2 avril, induisent nécessairement des changements." 


« Déserts », terres de vie et terres des hommes, au Musée d'histoire naturelle de Paris

Christophe Voisin (G) et Isabelle Huynch Chan Hang, taxidermistes, travaillent sur la taxidermie d'un dromadaire en vue de la future exposition « Désert » qui se tiendra dans la Grande Galerie de l'Évolution du Muséum d'histoire naturelle en avril 2025, au Muséum d'histoire naturelle de Paris (MNHM) à Paris, le 23 janvier 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Christophe Voisin (G) et Isabelle Huynch Chan Hang, taxidermistes, travaillent sur la taxidermie d'un dromadaire en vue de la future exposition « Désert » qui se tiendra dans la Grande Galerie de l'Évolution du Muséum d'histoire naturelle en avril 2025, au Muséum d'histoire naturelle de Paris (MNHM) à Paris, le 23 janvier 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • Entre l'infinité de paysages offerts par la banquise, le bush australien ou les dunes du Sahara, une caractéristique commune : la rareté de l'eau douce sous forme liquide
  • L'exposition, qui se tiendra jusqu'au 30 novembre, explore cette variété à travers, par exemple, 45 échantillons de sable dont la palette s'étale du blanc au rouge en passant par le gris

PARIS: Kalahari, Gobi, Mojave, Arctique... Dans le vent chaud ou le froid glacial des déserts, le Muséum d'histoire naturelle de Paris part à la découverte de la vie et des cultures qui ont su s'adapter à ces mondes extrêmes.

Qu'est-ce qu'un désert ? Si l'image d'un dromadaire sur une dune vient immédiatement à l'esprit, la réponse n'est pas si évidente. Un désert n'est pas forcément immense ni vide. Il peut même être tempéré.

« Nous nous sommes rendus compte qu'en fonction du scientifique que l'on interrogeait, de sa discipline, nous n'avions pas du tout la même définition », explique Anne-Camille Bouillié, conceptrice de l'exposition « Déserts », qui s'ouvre mercredi à Paris.

Le terme de « difficulté à vivre » dans cet environnement est d'ailleurs souvent « récusé » par les populations locales », note Vincent Battesti, anthropologue spécialiste des oasis.

Entre l'infinité de paysages offerts par la banquise, le bush australien ou les dunes du Sahara, une caractéristique commune : la rareté de l'eau douce sous forme liquide.

Un seul critère qui, en comptant les zones semi-arides, recouvre un tiers des terres émergées du globe. On la trouve sur tous les continents, et même tout près de chez nous, par exemple dans les Bardenas Reales, véritable décor de western au nord de l'Espagne.

L'exposition, qui se tiendra jusqu'au 30 novembre, explore cette variété à travers, par exemple, 45 échantillons de sable dont la palette s'étale du blanc au rouge en passant par le gris. Mme Bouillié explique également « le rôle joué par les éléments : l'eau, le vent, les chocs thermiques » dans la formation des déserts et le façonnage de leurs reliefs.

Enfin, elle permettra de « démonter l'idée selon laquelle les milieux désertiques sont dépourvus de vie », poursuit-elle.

Malle du bédouin

Faune et flore ont développé des trésors d'adaptation pour recueillir l'eau, résister aux températures extrêmes et se protéger des prédateurs dans ces environnements ouverts : plantes sans feuille mais couvertes d'épines ou de duvet, mammifères aux grandes oreilles pour mieux dissiper la chaleur, camouflage, etc.

Des stratégies morphologiques ou comportementales souvent similaires dans des lieux et chez des espèces pourtant très éloignés, mais soumis aux mêmes contraintes. Les scientifiques appellent cela la « convergence évolutive ».

Comme les réserves constituées dans la bosse du dromadaire et le tronc des baobabs. Ou l'étonnante « revivalence », qui permet aux graines de la « plante de la résurrection » en Amérique du Nord ou aux embryons de triops (un petit crustacé) en Australie de rester en dormance pendant des années avant de se développer à la moindre pluie.

Le désert est aussi la terre des hommes. Dans des vidéos, des Touaregs, des Mongols et des Inuits témoignent de leur vie dans ces mondes extrêmes où les humains ont « développé deux grandes stratégies », raconte Mme Bouillié.

« La mobilité, se déplacer pour aller chercher des ressources », est illustrée à travers une malle du Bédouin, le montage d'habitations mobiles ou les méthodes pour se repérer dans ces « paysages qui nous paraissent très monotones », dit-elle.

La transformation du milieu est illustrée par l'exemple de l'oasis. Une "bulle" construite autour du palmier dattier, un arbre "qui n'existe plus à l'état sauvage" et dont on peut cultiver les fruits et les légumes à l'ombre, "n'ayant rien à voir avec le désert", explique M. Battesti.

Une dernière partie propose aux visiteurs de se mettre dans les pas des scientifiques qui ont fait du désert leur terrain de recherche privilégié : géologues, biologistes, anthropologues y racontent leurs liens avec ces environnements si particuliers. À commencer par le plus célèbre d'entre eux : le Français Théodore Monod, dont les précieux carnets ont pour l'occasion été sortis des collections du Musée. 


France: l'avenir politique de Marine Le Pen suspendu lundi à une décision de justice

Marine Le Pen est donnée largement en tête du premier tour d'un prochain scrutin présidentiel, avec 34% à 37% des intentions de vote selon un sondage publié dimanche. (AFP)
Marine Le Pen est donnée largement en tête du premier tour d'un prochain scrutin présidentiel, avec 34% à 37% des intentions de vote selon un sondage publié dimanche. (AFP)
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  • L'accusation a requis fin novembre à l'encontre de Mme Le Pen, à la surprise générale, une peine de cinq ans d'inéligibilité "avec exécution provisoire", c'est-à-dire s'appliquant immédiatement, même en cas d'appel de l'intéressée
  • Si les juges suivent lundi ce réquisitoire, Mme Le Pen, 56 ans, ne pourra a priori pas participer au prochain scrutin présidentiel prévu en 2027, après déjà trois tentatives infructueuses

PARIS: La cheffe de file de l'extrême droite française Marine Le Pen saura lundi matin si la justice l'autorise à se présenter à la présidentielle de 2027, dont elle est une des favorites.

Cette décision, dans une affaire de détournement présumé de fonds publics, tient en haleine la classe politique en France, de par ses conséquences électorales.

L'enjeu a été démultiplié depuis que l'accusation a requis fin novembre à l'encontre de Mme Le Pen, à la surprise générale, une peine de cinq ans d'inéligibilité "avec exécution provisoire", c'est-à-dire s'appliquant immédiatement, même en cas d'appel de l'intéressée.

Si les juges suivent lundi ce réquisitoire, Mme Le Pen, 56 ans, ne pourra a priori pas participer au prochain scrutin présidentiel prévu en 2027, après déjà trois tentatives infructueuses. Le jugement sera prononcé à partir de 08H00 GMT.

"Je lis ici et là que nous serions fébriles. Personnellement, je ne le suis pas, mais je comprends qu'on puisse l'être (...) les juges ont un droit de vie ou de mort sur notre mouvement", a commenté la députée dans l'hebdomadaire La Tribune Dimanche. En s'empressant d'ajouter: "je ne crois pas qu'ils iront jusque là".

L'accusation requiert également cinq ans de prison dont deux fermes, aménageables en travaux d'intérêt public, et 300.000 euros d'amende.

"Dans tous les cas de figure, ça ne nous affaiblira pas", a estimé lundi sur la chaîne TF1 le vice-président du parti Louis Aliot, qui risque également une condamnation dans ce dossier.

Interrogé sur la "sérénité" revendiquée par Marine Le Pen, l'actuel maire de Perpignan (sud) a estimé qu'"on n'a pas le choix que d'être serein". "On s'adaptera à la décision prise par les juges", a-t-il complété, promettant que son ancienne compagne "se battra en appel quoiqu'il arrive".

Polir l'image du FN 

Marine Le Pen est donnée largement en tête du premier tour d'un prochain scrutin présidentiel, avec 34% à 37% des intentions de vote selon un sondage publié dimanche. Ce n'est cependant pas un gage de succès final car elle a déjà échoué en 2017 puis en 2022 au second tour face à l'actuel président Emmanuel Macron, qui ne peut pas se représenter.

Mais dans une Assemblée très fractionnée, elle dirige le groupe parlementaire le plus important, capable de faire tomber à tout moment le gouvernement.

Mme Le Pen espère enfin récolter en 2027 les fruits d'une grosse décennie passée à polir l'image du parti fondé par son père Jean-Marie Le Pen, condamné pour propos racistes et antisémites, et décédé le 7 janvier.

Initialement nommée Front National, la formation a été rebaptisée Rassemblement national en 2018.

Si la lutte contre l'immigration reste au cœur de son programme et "la menace islamiste" l'antienne de ses discours, Mme Le Pen a notamment renoncé à sortir de l'euro.

Président du parti, Jordan Bardella a été la semaine dernière le premier dirigeant du RN invité par le gouvernement israélien, comme pour faire oublier les jeux de mots à consonance antisémite affectionnés par le "patriarche" Jean-Marie Le Pen.

Selon l'accusation, le Front national avait mis en place un "système organisé, systématisé" ayant permis entre 2004 et 2016 de faire du Parlement européen la "vache à lait" du parti.

Concrètement, le RN et sa dirigeante sont aujourd'hui accusés d'avoir utilisé les enveloppes de 21.000 euros par mois auxquelles les députés européens avaient droit pour rémunérer des assistants parlementaires "fictifs" qui travaillaient en fait pour le parti comme garde du corps, graphiste ou secrétaire. Le Parlement européen estime le préjudice à 4,5 millions d'euros.

Un plan B comme Bardella? 

Pendant huit semaines à l'automne dernier, neuf anciens eurodéputés FN - dont Marine Le Pen - ont comparu avec 12 personnes soupçonnées d'avoir bénéficié d'emplois fictifs (recel), le trésorier et les experts-comptables du parti (complicité).

Tout au long du procès, Mme Le Pen n'a cessé de clamer son innocence.

Mais a quelques heures de l'échéance ce lundi, certains cadres du parti ont critiqué, sous couvert d'anonymat, le "côté amateur" selon eux de sa stratégie de défense, ou encore le "tabou" ayant empêché toute discussion collective sur le sujet.

La peine d'inéligibilité est obligatoire pour le délit de détournement de fonds publics reproché à Mme Le Pen, mais la demande de son application immédiate a surpris.

Certains adversaires politiques du RN craignent qu'une telle décision soit incomprise d'une large partie de l'opinion, et qu'elle ne fasse in fine le jeu du parti d'extrême droite.

En cas d'inéligibilité de Mme Le Pen, Jordan Bardella apparaît comme une alternative toute trouvée. L'ambitieux dirigeant de 29 ans bénéficie d'une large cote de sympathie. Légèrement supérieure, même, à celle de son mentor selon un récent sondage.