ALGER: Fut un temps, le terme «Algérianisme» faisait référence au mouvement intellectuel et culturel franco-français qui défendait l'histoire de l'Algérie française et la culture des pieds-noirs.
De nos jours, la jeunesse talentueuse aux multiples facettes d’Alger récupère et se réapproprie cette terminologie. Arab news en français est partie à la rencontre de l’un d’entre eux.
De son vrai nom Wassim Benyoucef Bendali, Jbaliqs est photographe, comédien, mais avant tout musicien.
« C’est une entreprise de réappropriation, j'ai voulu redéfinir ce mot comme je l’entends. C’est pour montrer notre identité dans sa pluralité la plus complexe» a déclaré l’artiste.
«L’Algérianisme représente aussi pour moi l’unicité. Et dans un élan patriotique, pour accorder nos violons et se mettre au diapason, je me suis dit que l’Algérianisme allait être cette conjoncture artistique et culturelle».
Personnage haut en couleurs, il s'est surnommé Jbaliqs en référence à la série algérienne phare Achour El Acher et se plaît à revêtir des tenues vestimentaires traditionnelles d’un autre temps.
Instituteur de son métier, il prend plaisir à partager l’étendue de ses talents sur les réseaux sociaux.
Diplômé en science du langage à la faculté de Bouzareah, le jeune homme a appris à manier plusieurs instruments et a étudié le théâtre au conservatoire d’Alger.
Il reprend à sa manière bien spécifique les chansons d’artistes algériens éternels tel que Dahmane El Harrachi.
En phase avec son époque, Jbaliqs slalome avec aisance et originalité entre les langues, l’arabe, le français, l’anglais et la darja. Fusionnant de temps en temps les langues, il s’amuse à ajouter des accents arabes aux lettres latines.
Son travail est imprégné de la sociologie de la linguistique propre à l’Algérie, que l’on devine dans ce creuset de cultures mais également dans les chansons qu’il interprète avec sa famille et ses proches.
Dans les vidéos qu’il publie, se mêlent des sonorités Chaabi, Maalouf et parfois étrangères.
Dernière en date, sa reprise de «Carmen» de Stromae au côté de ses cousins à la sauce chaabi a cumulé plus un million de vues en moins d’une semaine.
Le jeune homme de 23 printemps explique s’être inspiré de "Mozart l'Égyptien" de Hugues de Courson, une production artistique qui mêle musique orientale aux partitions de Mozart.
Plusieurs cordes à son arc
Egalement photographe, Jbaliqs semble à travers ses portraits s’être donné pour objectif d’immortaliser « les humains d’Algérie» dans leurs formes la plus authentique. Entre tradition, modernisme et diversité.
Le jeune homme qui a déjà pu exposer ce qu’il appelle «des prises», souhaite déconstruire l'image classique de l’Algérien en tirant le portrait d'individus venus des quatre coins du pays et ainsi les inclure dans sa vision de la nation.
Instituteur de Français au primaire, le pédagogue qui donne également des cours de soutien pour des élèves avec handicap explique porter des lunettes de soleil sur ses vidéos afin de « ne pas s’égarer» ajoutant avec beaucoup d’humilité vouloir «se protéger et se prémunir de la lumière aveuglante miroitée par les projecteurs et les promesses de succès».