DJERBA: Dans quelques jours s’ouvrira – les 19 et 20 novembre prochain – le 18e Sommet de la francophonie. Cet événement réunit les chefs d’État des pays qui ont en commun la langue française et il marquera l’histoire de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF): la Tunisie est en effet le premier pays arabe nord-africain à l’accueillir. Quatre-vingt-cinq délégations sont attendues, ainsi que trente et un chefs d’État.
L’événement coïncide avec la célébration du cinquantenaire de la création de la Francophonie institutionnelle. La Tunisie en est l’un des pays fondateurs, par la voix de son ancien président du pays Habib Bourguiba. Les liens entre le pays du Jasmin et le monde francophone ne sont d’ailleurs pas récents: ils remontent à l’époque beylicale, bien avant le protectorat français de Tunisie, établi en 1881.
La tenue de ce sommet est une véritable aubaine pour Djerba: les événements de cette envergure se tiennent en général à Tunis, la capitale.
Ce rendez-vous offrira ainsi une belle vitrine à Djerba, une île essentiellement connue pour son attractivité touristique.
Pour Mehdi, artisan bijoutier de la ville, la tenue de ce sommet est une fierté: «C’est une très bonne publicité pour Djerba et j’en suis fier. Le français est notre deuxième langue, nous la parlons tous les jours, notamment avec nos grands-parents», confie-t-il.
La pratique du français en recul?
De son côté, Alia, qui dit adorer cette langue, remarque un recul de son usage: «On maîtrise moins bien le français aujourd’hui qu’à l’époque de nos grands-parents. Mes enfants sont scolarisés à la mission française et je constate que l’enseignement n’est plus ce qui l’était. Par ailleurs, je constate de plus en plus un phénomène de rejet de cette langue, peut-être lié à la difficulté de plus en plus grande de venir en France, berceau de la langue française, en raison de la restriction des visas. C’est tout à fait regrettable», explique-t-elle.
Si près de deux tiers des Tunisiens sont francophones, la langue française perd en effet du terrain dans ce pays. L’ambassadeur de France à Tunis, André Parant, l’a récemment déclaré. «Ce recul par rapport aux dernières décennies est dû aux programmes scolaires et au manque d’accès aux chaînes de télévision ainsi qu’aux radios françaises», a-t-il expliqué.
Selon l’ambassadeur, le Sommet de la francophonie pourrait ainsi être l’occasion idéale pour signer des accords de partenariat destinés à défendre la langue française dans les programmes scolaires tunisiens.
Arab News en français s’est rendu à Houmt Souk, chef-lieu administratif de Djerba, pour recueillir les témoignages des habitants sur la tenue du sommet, mais aussi pour évoquer leur amour pour la langue de Molière.