À 50 ans, le tribunal de Bobigny lutte pour garder la tête hors de l'eau

Cette photo d'archives prise le 3 mars 2017 montre des policiers devant le palais de justice de Bobigny, en région parisienne. Le palais de justice de Bobigny en Seine-Saint-Denis, en banlieue nord de Paris, fête ses 50 ans. (Photo de Geoffroy Van Der Hasselt / AFP)
Cette photo d'archives prise le 3 mars 2017 montre des policiers devant le palais de justice de Bobigny, en région parisienne. Le palais de justice de Bobigny en Seine-Saint-Denis, en banlieue nord de Paris, fête ses 50 ans. (Photo de Geoffroy Van Der Hasselt / AFP)
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Publié le Dimanche 06 novembre 2022

À 50 ans, le tribunal de Bobigny lutte pour garder la tête hors de l'eau

  • Dans le milieu judiciaire, le rythme effréné de ce tribunal créé en 1972 lui vaut une solide réputation de «lessiveuse»
  • Pour la seule année 2021, on y recense environ 17.300 jugements correctionnels, 70 verdicts de cour d'assises, 600 ouvertures d'information judiciaire et 5.000 décisions de juges des libertés et de la détention

BOBIGNY, France : Devenu malgré lui l'emblème d'un système judiciaire débordé et manquant de moyens, le tribunal de Bobigny en Seine-Saint-Denis, qui marque mardi ses 50 ans, espère que l'avenir lui apportera un peu d'air dans l'un des départements les plus pauvres et criminogènes de France.

Magistrats surchargés, audiences pouvant s'achever à trois heures du matin, affaires mettant des années à être jugées, bâtiment gangrené de malfaçons, dépôt souvent plein à craquer... Dans le milieu judiciaire, le rythme effréné de ce tribunal créé en 1972 lui vaut une solide réputation de «lessiveuse».

Comme si ces difficultés ne suffisaient pas, ce palais de justice à l'architecture moderniste a même depuis un an perdu la seule voie d'accès direct qui le relie au reste de la ville-préfecture.

Monté sur une dalle à l'écart du centre-ville, on y accède normalement par une passerelle en bois qui enjambe une route nationale et qu'empruntent quotidiennement justiciables, avocats ou fonctionnaires. Or depuis décembre, cette infrastructure de la municipalité est condamnée pour cause de... délabrement. Tout un symbole.

«On a parfois l'impression que rien ne fonctionne normalement, et en même temps, finalement, la justice est rendue en Seine-Saint-Denis», remarque le procureur de Bobigny Eric Mathais, en poste depuis septembre 2021 dans cette juridiction «hors normes».

Les chiffres de ce tribunal parmi les plus importants de France ont en effet de quoi donner le tournis. Pour la seule année 2021, on recense ainsi environ 17.300 jugements correctionnels, 70 verdicts de cour d'assises, 600 ouvertures d'information judiciaire et 5.000 décisions de juges des libertés et de la détention.

- «Rattrapage» -

Les projecteurs se sont braqués sur les difficultés de Bobigny lorsqu'en 2018, dans un rare discours coup de poing, l'alors procureure du département Fabienne Klein-Donati a dénoncé les carences abyssales de la juridiction et réclamé des «mesures exceptionnelles».

«À ce moment-là, Bobigny devient une priorité du ministère» de la Justice, relate à l'AFP le président du tribunal Peimane Ghaleh-Marzban. «Il y avait une nécessité de rattrapage, ce n'était pas un privilège», insiste-t-il.

Une extension du tribunal est alors actée, qui devrait doubler sa surface à horizon 2026.

Signe de l'échelle industrielle de la justice en Seine-Saint-Denis, une deuxième chambre de comparutions immédiates est actuellement mise sur pied, siégeant tous les jours - et une partie des nuits.

Les effectifs de magistrats balbyniens ont pour leur part connu une légère augmentation - de 135 fin 2018 à 140 début 2022 pour le siège, de 53 à 57 pour le parquet. «Si on voulait

travailler à peu près normalement au sein du parquet, il faudrait qu'on soit un peu plus de 70. Les besoins sont encore immenses», pondère toutefois Eric Mathais.

Une montagne de près de 500 affaires renvoyées devant le tribunal correctionnel attend ainsi toujours d'être jugée, certaines patientant depuis des années. Une chambre correctionnelle supplémentaire dédiée à écluser ce stock de dossiers doit voir le jour en 2023, un travail d'Hercule qui devrait nécessiter deux à trois ans de procès.

Parmi leurs projets, les chefs de juridiction espèrent mettre sur pied un pôle dédié aux violences conjugales et renforcer la capacité de traitement des affaires de stupéfiants, pour consacrer davantage de ressources à des dossiers au long cours dans la lutte antidrogues.

«Je salue les efforts et les réalisations qui ont été faits ces dernières années, il serait injuste de ne pas le dire. Mais il faut que l'effort se poursuive», plaide Peimane Ghaleh-Marzban.

Pourtant, regrettent certains acteurs judiciaires, l'attention et les moyens dévolus à Bobigny sont aussi autant de financements qui ne vont pas à d'autres juridictions également en difficulté.

Ainsi, comparé à la Seine-Saint-Denis, estime un magistrat de la région parisienne en prenant l'exemple du Val-de-Marne, «Créteil est apparu comme moins prioritaire, donc il y a une forte pression aujourd'hui (...) il faudra peut-être un plan de rattrapage». L'arbre cacherait-il la forêt ? 


Attaque contre des prisons: Bayrou mercredi dans l'Isère avec Darmanin et Retailleau

François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
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  • Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France
  • Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram

PARIS: François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon.

Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France.

Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram.

Le Pnat a notamment annoncé lundi se saisir de l'enquête sur des tirs par arme à feu et des jets de cocktails Molotov ayant visé dans la nuit un lotissement en Isère où résident des agents pénitentiaires.

Dans la nuit de dimanche à lundi, "plusieurs tirs par arme à feu et jets de cocktail Molotov ont visé des pavillons dans un lotissement en Isère, où résident plusieurs agents pénitentiaires" et "des graffitis +DDPF+ (droits des prisonniers français, NDLR) ont été découverts sur place", a indiqué le parquet national antiterroriste (Pnat), qui "s'est saisi de ces faits".

À Villefontaine, commune iséroise située non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier, la porte d'une maison a été incendiée et des impacts de tirs ont été découverts sur la façade, selon la gendarmerie et des sources syndicales. Une inscription "DDPF" a été retrouvé taguée sur le domicile.

M. Darmanin a indiqué mardi que "plusieurs attaques" contre des prisons "ont été dissuadées" dans la nuit de lundi à mardi.


Un jeune homme, poignardé près d'un point de deal, entre la vie et la mort

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
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  • La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès
  • L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise

LYON: Un jeune homme est entre la vie et la mort après avoir été poignardé à proximité d'un point de deal à Villeurbanne, dans la banlieue de Lyon, a indiqué mardi à l'AFP une source policière.

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès.

L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise.

La victime, un "jeune homme", est "défavorablement connue de la justice", mais le lien avec le trafic de drogues "n'a pas encore été établi" à ce stade de l'enquête, selon cette source policière.

Fin novembre, un homme d'une trentaine d'années avait été tué par balle dans ce même quartier à Villeurbanne où plusieurs fusillades ont éclaté en 2024.


Fusillade à Rennes: les quatre suspects mis en examen et écroués

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
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  • La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé
  • Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits

RENNES: Les quatre hommes, âgés de 21 à 23 ans, suspectés d'avoir tiré à plusieurs reprises en pleine journée dans un quartier populaire de Rennes le 17 avril pour "reconquérir" un point de deal, ont été mis en examen et écroués, a annoncé mardi le parquet de Rennes.

Trois ont été mis en examen des chefs d'association de malfaiteurs et tentative de meurtre en bande organisée et encourent "une peine de réclusion criminelle à perpétuité", a annoncé Frédéric Teillet, procureur de la République de Rennes dans un communiqué.

Le quatrième a été mis en cause pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs, soit une peine encourue de dix ans d'emprisonnement.

La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé, a indiqué M. Teillet mardi matin.

Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits.

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier", d'après le magistrat.

Le 14 avril, "après plusieurs jours d’assauts violents, ce clan a été évincé par le groupe des Villejeannais, qui a repris possession du terrain qu’il estimait être le sien", explique le magistrat.

C'est dans ce contexte "de règlement de compte lié au narcotrafic que des tirs d'arme à feu ont fait trois victimes et qu'une quatrième a été pourchassée en voiture, renversée violemment et laissée à terre, le 17 avril", poursuit M. Teillet.

Deux des mis en cause sont originaires de Tours, l'un de Marseille et le quatrième de la région parisienne.

"Leur équipement (armes, vêtements, voiture volée…) et leur mode opératoire ont démontré leur détermination extrême à reconquérir par tous les moyens le point de deal, à la demande de leurs commanditaires, en éliminant physiquement leurs concurrents et en prenant le risque de blesser, en plein après-midi, toute personne se trouvant à proximité", a dit M. Teillet.