Aux assises de Bobigny, deux jeunes racontent la «soirée de torture»

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Publié le Vendredi 12 mars 2021

Aux assises de Bobigny, deux jeunes racontent la «soirée de torture»

  • Le soir du 9 décembre 2018, derrière la porte de la cellule 103 de la maison d'arrêt de Villepinte, se joue une « soirée de torture »
  • Adam K., aujourd'hui âgé de 24 ans, est dénudé, fouetté puis électrocuté

BOBIGNY, France : « On ne peut pas être normal et avoir ce genre d'idées ». Deux hommes de 21 et 23 ans ont reconnu jeudi devant la cour d'assises de la Seine-Saint-Denis avoir infligé des sévices innommables à un codétenu. Leur explication ? Leur compagnon de cellule, « trop faible », « ne se défendait pas ».

Le soir du 9 décembre 2018, derrière la porte de la cellule 103 de la maison d'arrêt de Villepinte, se joue une « soirée de torture », selon le mots des accusés. 

Adam K., aujourd'hui âgé de 24 ans, est dénudé, fouetté puis électrocuté, jusque sur le sexe, avec les fils coupés d'un ventilateur. « Noyé dans la peur », il est ensuite contraint à insérer un briquet dans son anus. Paroxysme de ces quatre heures d’horreur : ses codétenus le forcent à avaler son urine et des excréments. Il finira la nuit sur le sol mouillé, en caleçon, devant une fenêtre ouverte. 

Jeudi, la cour d'assises a remonté le temps pour comprendre comment une telle scène avait pu se jouer dans le « quartier spécifique » de cette prison, où sont réunis les détenus dit « vulnérables », victimes de violences ou de menaces et censés rester « protégés » du reste de la détention.

Les deux accusés y partageaient une cellule de 9 mètres carrés.

Zyed B., issu de l'aide sociale à l'enfance (ASE) et condamné à de courtes peines pour trafic de stupéfiants, dit avoir été envoyé là « après s'être pris la tête avec un gradé ». « C'est une plaie, un petit con. Mais il n’est pas violent, gentil », a dit jeudi de lui un surveillant de l'établissement.

Djiguiba D., un gros consommateur de cannabis qui attend à l'époque son procès pour viol aggravé – il a depuis été condamné –, est affecté au quartier spécifique car il a subi des violences, comme beaucoup de criminels sexuels en prison.

Leur cellule se situe juste au-dessus de celle d'Adam K. Le jeune homme est à l'isolement total depuis plusieurs mois après avoir été victime d'une expédition punitive : un détenu l'a obligé à confesser être un violeur – ce qui était faux – avant de lui tondre les cheveux. La scène, filmée, a largement circulé dans la prison.

« Tapez-le, c'est un violeur »

Depuis sa fenêtre, Adam K. sympathise avec Djiguiba D., qui lui propose de l'accueillir dans leur cellule. « Moi j'avais dit non, à trois c'est pas pratique, on peut pas cuisiner, on ne peut rien faire, mais il a insisté et m'a dit qu'il était gentil », a raconté Zyed B.

L'administration pénitentiaire donne son feu vert et Adam K. s'installe chez les deux détenus sur un matelas posé au sol. 

La maison d'arrêt de Villepinte est confrontée à une surpopulation structurelle. En mars 2017, sa directrice était allée jusqu'à refuser d'accueillir de nouveaux détenus: son établissement accueillait alors plus de 1100 locataires, soit un taux d'occupation de plus de 200%. Il atteignait encore 163% en ce début mars. 

Dès le début de leur cohabitation, Adam K., grand, mince et calme, devient le « faible ». Les coups commencent à pleuvoir. « On avait pris l'habitude de le frapper tous les jours », a expliqué jeudi depuis son box Djiguiba D., maillot de foot rouge sur un torse athlétique.

Le soir du 9 décembre, à cause d'une phrase anodine, une surenchère de violence s'enclenche, les deux accusés le torturent à tour de rôle, encouragés par la rumeur. Ça tapait aux portes, les gens criaient par les fenêtres "Tapez-le, c'est un violeur" », a relaté l'un d'entre eux.

Les surveillants, eux, n'ont rien remarqué de particulier ce soir-là.  

« Ce qui m'énervait, c'est qu'il se laissait faire », dit Zyed B., incapable d'expliquer comment il en est arrivé à « faire ce truc de fou ».

Mercredi, leur victime s'est dite « brisée ». « J'aurais beau voir 1001 psychologues ou psychiatres, ça me suivra toute ma vie ».

Le procès doit s'achever vendredi. Les accusés encourent trente ans de réclusion pour actes de torture et de barbarie. 


Attaque contre des prisons: Bayrou mercredi dans l'Isère avec Darmanin et Retailleau

François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
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  • Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France
  • Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram

PARIS: François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon.

Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France.

Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram.

Le Pnat a notamment annoncé lundi se saisir de l'enquête sur des tirs par arme à feu et des jets de cocktails Molotov ayant visé dans la nuit un lotissement en Isère où résident des agents pénitentiaires.

Dans la nuit de dimanche à lundi, "plusieurs tirs par arme à feu et jets de cocktail Molotov ont visé des pavillons dans un lotissement en Isère, où résident plusieurs agents pénitentiaires" et "des graffitis +DDPF+ (droits des prisonniers français, NDLR) ont été découverts sur place", a indiqué le parquet national antiterroriste (Pnat), qui "s'est saisi de ces faits".

À Villefontaine, commune iséroise située non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier, la porte d'une maison a été incendiée et des impacts de tirs ont été découverts sur la façade, selon la gendarmerie et des sources syndicales. Une inscription "DDPF" a été retrouvé taguée sur le domicile.

M. Darmanin a indiqué mardi que "plusieurs attaques" contre des prisons "ont été dissuadées" dans la nuit de lundi à mardi.


Un jeune homme, poignardé près d'un point de deal, entre la vie et la mort

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
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  • La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès
  • L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise

LYON: Un jeune homme est entre la vie et la mort après avoir été poignardé à proximité d'un point de deal à Villeurbanne, dans la banlieue de Lyon, a indiqué mardi à l'AFP une source policière.

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès.

L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise.

La victime, un "jeune homme", est "défavorablement connue de la justice", mais le lien avec le trafic de drogues "n'a pas encore été établi" à ce stade de l'enquête, selon cette source policière.

Fin novembre, un homme d'une trentaine d'années avait été tué par balle dans ce même quartier à Villeurbanne où plusieurs fusillades ont éclaté en 2024.


Fusillade à Rennes: les quatre suspects mis en examen et écroués

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
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  • La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé
  • Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits

RENNES: Les quatre hommes, âgés de 21 à 23 ans, suspectés d'avoir tiré à plusieurs reprises en pleine journée dans un quartier populaire de Rennes le 17 avril pour "reconquérir" un point de deal, ont été mis en examen et écroués, a annoncé mardi le parquet de Rennes.

Trois ont été mis en examen des chefs d'association de malfaiteurs et tentative de meurtre en bande organisée et encourent "une peine de réclusion criminelle à perpétuité", a annoncé Frédéric Teillet, procureur de la République de Rennes dans un communiqué.

Le quatrième a été mis en cause pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs, soit une peine encourue de dix ans d'emprisonnement.

La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé, a indiqué M. Teillet mardi matin.

Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits.

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier", d'après le magistrat.

Le 14 avril, "après plusieurs jours d’assauts violents, ce clan a été évincé par le groupe des Villejeannais, qui a repris possession du terrain qu’il estimait être le sien", explique le magistrat.

C'est dans ce contexte "de règlement de compte lié au narcotrafic que des tirs d'arme à feu ont fait trois victimes et qu'une quatrième a été pourchassée en voiture, renversée violemment et laissée à terre, le 17 avril", poursuit M. Teillet.

Deux des mis en cause sont originaires de Tours, l'un de Marseille et le quatrième de la région parisienne.

"Leur équipement (armes, vêtements, voiture volée…) et leur mode opératoire ont démontré leur détermination extrême à reconquérir par tous les moyens le point de deal, à la demande de leurs commanditaires, en éliminant physiquement leurs concurrents et en prenant le risque de blesser, en plein après-midi, toute personne se trouvant à proximité", a dit M. Teillet.