ALGER : Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin a débuté samedi une visite de deux jours à Alger, dans le cadre d'une tournée centrée sur la lutte antiterroriste et l'immigration clandestine, après des attentats qui ont frappé la France.
M. Darmanin est arrivé dans la capitale algérienne en fin d'après-midi, après avoir visité Rome et Tunis vendredi et Malte samedi.
Le ministre algérien de l'Intérieur, Kamel Beldjoud, avait annoncé dans un communiqué qu'il recevrait son homologue française pour échanger sur la « coopération entre les secteurs de l'Intérieur des deux pays et examiner les voies de renforcement de la coordination dans nombre de domaines ».
Prévue de longue date, la tournée de M. Darmanin a pris un tour nouveau avec l'attentat qui a fait trois morts dans la basilique de Nice (sud-est de la France) fin octobre. L'auteur présumé, Brahim Aouissaoui, grièvement blessé lors de son interpellation, est un Tunisien de 21 ans fraîchement arrivé en Europe et en situation irrégulière.
« La coopération entre la France et l'Algérie en matière de sécurité intérieure est dense et variée, (...) en particulier dans les domaines de la protection civile, de la lutte contre le crime organisé et les trafics divers, de l'immigration clandestine et de la cybercriminalité », a rappelé samedi l'ambassade de France en Algérie dans un communiqué.
« Nos deux pays sont engagés (...) dans la lutte contre le terrorisme », a ajouté l'ambassade, soulignant « l'expertise précieuse » de l'Algérie, « partenaire stratégique de la France », dans ce domaine.
Comme en Tunisie, M. Darmanin devrait présenter aux autorités algériennes une liste de leurs ressortissants en situation irrégulière et soupçonnés de radicalisation que la France souhaite expulser.
Selon M. Darmanin, la France compte 231 étrangers en situation irrégulière suivis pour « radicalisation » qu'elle souhaite expulser.
Concernant la lutte antiterroriste au niveau régional, le ministère algérien de la Défense a récemment fustigé la libération à la mi-octobre de 200 prisonniers en échange de quatre otages, dont l'humanitaire française Sophie Pétronin, négociée par le pouvoir malien avec un groupe jihadiste, et le paiement d'une « rançon conséquente ». Accusée, la France a démenti avoir été impliquée dans les négociations et avoir payé une rançon.
M. Darmanin doit également aborder la question de l'immigration irrégulière et la coopération en matière d'éloignement, entravée par la fermeture des frontières en raison de la pandémie de Covid-19.
Selon l'agence européenne de contrôle des frontières Frontex, 5.225 Algériens ont emprunté la route de la Méditerranée occidentale et 865 celle de la Méditerranée centrale durant les huit premiers mois de 2020, des chiffres sous-estimées, selon des spécialistes.