Retraites: les syndicats font bloc, la majorité s'interroge

Logo du Conseil d'orientation des retraites (COR). (Photo, Twitter, @COR_Retraites)
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Publié le Lundi 19 septembre 2022

Retraites: les syndicats font bloc, la majorité s'interroge

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  • Une réunion «totalement inutile» pour Catherine Perret, négociatrice de la CGT, ressortie avec le sentiment de deux heures perdues: «C'était la retraite pour les nuls»
  • L'avis du Comité de suivi des retraites (CSR), attendu jeudi, pourrait fournir un nouvel argument à l'exécutif pour insister sur les déficits à venir

PARIS: L'hypothèse d'une réforme des retraites via le budget de la Sécu hérisse les syndicats, qui menacent tous d'un conflit social, tandis que les ténors de la majorité affichent leurs divergences sur la meilleure manière de tenir la promesse d'Emmanuel Macron. 

Quelques jours après la diffusion du rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR), les syndicats étaient invités à en discuter lundi matin au ministère du Travail. Une réunion "totalement inutile" pour Catherine Perret, négociatrice de la CGT, ressortie avec le sentiment de deux heures perdues: "C'était la retraite pour les nuls". 

L'impression aussi d'une mise en scène. "On a senti qu'Olivier Dussopt rôdait les éléments de langage du gouvernement pour passer une mesure rapidement", relate le leader de la FSU, Benoît Teste. 

L'avis du Comité de suivi des retraites (CSR), attendu jeudi, pourrait fournir un nouvel argument à l'exécutif pour insister sur les déficits à venir. 

Quitte à "noircir la perspective financière" pour "légitimer" un recul de l'âge légal de départ ou une hausse de la durée de cotisation, devine Yvan Ricordeau. Comme ses homologues, le chef de file de la CFDT a une lecture diamétralement opposée des projections du COR: "Il n'y a pas le feu dans le système de retraites, donc ne mettons pas le feu dans le pays sur cette question". 

Tous s'inquiètent d'un "coup en douce", mené "à la hussarde" dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale, qui doit être dévoilé la semaine prochaine puis débattu au Parlement à partir d'octobre. 

"Cette piste, y compris avec passage par le 49-3, n'a pas été écartée", relève le numéro un la CFTC Cyril Chabanier. Un scénario qui mettrait immanquablement "fin aux concertations", sur tous les sujets. 

Ceux qui participent au Conseil national de la refondation (CNR), voulu par le chef de l'Etat, ont fait savoir qu'ils en claqueraient la porte. 

Trois ans après le long bras de fer contre la dernière tentative de réforme, les syndicats se disent prêts à en découdre à nouveau. "Le gouvernement nous trouvera sur sa route", met en garde Michel Beaugas (FO), qui envisage "d'appeler à la manifestation et certainement à la grève". 

Eloge de la « lenteur » 

De quoi faire douter quelques poids lourds de la majorité, à commencer par François Bayrou, qui a jeté un pavé dans la mare durant le weekend en se disant "opposé au passage en force". 

Non content de reprendre le vocable syndical, le patron du Modem utilise les mêmes arguments, invoquant "l'esprit du CNR" - qu'il a été chargé de piloter - et pointant le risque de "diviser la société française", même si la réforme des retraites "s'impose" selon lui. 

Même au sein du parti présidentiel Renaissance, le député Karl Olive - réputé proche du président de la République - réclame "de la concertation" sur ce sujet. "Ca me choquerait que ce soit simplement l'affaire d'une discussion à l'Assemblée", ajoute même le parlementaire. 

L'hésitation n'épargne pas les partisans d'Edouard Philippe: le chef des députés Horizons, Laurent Marchangieli, redoute en effet qu'une partie des Français prenne cette réforme comme une "agression". 

D'autant plus qu'un budget de la Sécu ne permet pas d'avancer sur certains aspects comme la pénibilité ou les régimes spéciaux. "On ne peut pas faire une réforme des retraites entière avec un amendement", concède un membre du gouvernement. 

Mais d'autres poussent pour agir vite et sans fausses pudeurs. "La lenteur n'est pas condition de réussite", lance ainsi le député Renaissance Eric Woerth. Celui qui porta, sous Nicolas Sarkozy, le recul de l'âge légal de 60 à 62 ans, appelle aujourd'hui la majorité à ne pas "vaciller ni trembloter car l'addition de demi-mesures ne fait pas une mesure". 

"A un moment donné, il faut le faire", juge aussi le rapporteur général du budget, Jean-René Cazeneuve, peu amène avec les indécis: "Ceux qui vous disent qu'il faut attendre n'ont quelquefois juste pas le courage". 


Le gouvernement annule 3 milliards d'euros de crédits dans le cadre de l'effort budgétaire

La ministre française en charge des comptes publics Amélie de Montchalin (G) et le ministre français de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique Eric Lombard tiennent une conférence de presse après une réunion hebdomadaire du cabinet au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 16 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
La ministre française en charge des comptes publics Amélie de Montchalin (G) et le ministre français de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique Eric Lombard tiennent une conférence de presse après une réunion hebdomadaire du cabinet au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 16 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, avait alors expliqué que ces 5 milliards d'euros devaient permettre de respecter les objectifs de déficit public cette année, dans un contexte de croissance moindre.
  • « Ces 5 milliards d'euros que nous allons soit annuler, soit reporter, soit réorienter, c'est notre réponse à un monde instable. C'est la manière de faire face quoi qu'il arrive à ce monde instable », avait-elle déclaré.

PARIS : Le gouvernement a acté dans le Journal officiel des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards, dans le cadre de l'effort supplémentaire de 5 milliards d'euros déjà annoncé par Bercy début avril.

La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, avait alors expliqué que ces 5 milliards d'euros devaient permettre de respecter les objectifs de déficit public cette année, dans un contexte de croissance moindre.

« Ces 5 milliards d'euros que nous allons soit annuler, soit reporter, soit réorienter, c'est notre réponse à un monde instable. C'est la manière de faire face quoi qu'il arrive à ce monde instable », avait-elle déclaré.

Une partie de cette somme a été concrétisée par le décret publié au Journal officiel.

« Afin de prévenir une détérioration de l'équilibre budgétaire sur le budget de l'État », selon le Journal officiel, « le présent décret porte des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards d'euros en autorisations d'engagement ». 

« Cet effort porte essentiellement sur les crédits hors masse salariale mis en réserve en début d'année », est-il précisé, « ces annulations ne devraient ainsi pas remettre en cause de façon significative la capacité d'exécution des politiques publiques, selon les termes de la loi de finances initiale pour 2025 ».

Parmi les annulations de crédits, sont concernées la mission « écologie, développement et mobilité durable » (549,6 millions d'euros), la mission « économie » (517,7 millions d'euros), la mission « recherche et enseignement supérieur » (493,3 millions d'euros) ou encore la mission « agriculture, alimentation et affaires rurales » (140 millions d'euros).

« La dégradation récente des perspectives macroéconomiques conduit à anticiper de moindres recettes publiques, en lien notamment avec une révision à la baisse de la prévision de croissance à 0,7 %. Ces risques sont également renforcés par le contexte géopolitique incertain », souligne le décret.

« Dans ce cadre, un effort supplémentaire de maîtrise de la dépense est nécessaire pour respecter la trajectoire de redressement des comptes publics sur laquelle le gouvernement s'est engagé », ajoute le décret. 


France: prières et recueillement pour le pape François à Paris et Marseille

Des fidèles participent à un défilé aux flambeaux et à un service de prière après la mort du pape François, devant le sanctuaire Notre-Dame à Lourdes, dans le sud de la France, le 21 avril 2025. (AFP)
Des fidèles participent à un défilé aux flambeaux et à un service de prière après la mort du pape François, devant le sanctuaire Notre-Dame à Lourdes, dans le sud de la France, le 21 avril 2025. (AFP)
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  •  De nombreux fidèles se sont à nouveau déplacés vendredi pour le pape François, lors d'une messe à Notre-Dame à Paris puis d'une veillée de prières à Notre-Dame de la Garde à Marseille dans le sud de la France
  • A Paris, le Premier ministre français François Bayrou a assisté à la messe dans la cathédrale, chef d'oeuvre de l'art gothique récemment rénové après l'incendie de 2019

PARIS: De nombreux fidèles se sont à nouveau déplacés vendredi pour le pape François, lors d'une messe à Notre-Dame à Paris puis d'une veillée de prières à Notre-Dame de la Garde à Marseille dans le sud de la France, à la veille de ses funérailles au Vatican.

A Paris, le Premier ministre français François Bayrou a assisté à la messe dans la cathédrale, chef d'oeuvre de l'art gothique récemment rénové après l'incendie de 2019.

"J'ai vu les foules de la place Saint-Pierre et du parvis (de Notre-Dame) depuis lundi. Je me réjouis beaucoup de l'attachement des catholiques, du peuple d'une façon générale, à cette personnalité qui nous a marqués et a fait bouger les lignes dans l'Eglise et dans la société", a salué Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, auprès de journalistes.

"La transformation des coeurs humains a pu s'opérer sous son aura", a poursuivi le prélat, qui a présidé la messe solennelle "d'action de grâce et pour le repos de l'âme du Saint Père" décédé lundi à Rome.

Une heure avant l'office, une queue de plusieurs centaines de mètres composée de fidèles attendait déjà de pouvoir entrer dans l'édifice.

"Les institutions françaises ont le devoir d'être présentes chaque fois qu'une partie importante du peuple français est bouleversée, touchée, est en deuil", a estimé M. Bayrou, à l'issue de cette cérémonie, estimant que le pape François "était une figure que beaucoup de Français ressentaient comme de bonté, de générosité et du côté des plus faibles et des plus fragiles".

A Marseille, une centaine de personnes ont participé à une veillée de prière à la basilique Notre-Dame de la Garde, la "Bonne mère", symbole de la deuxième ville de France, juchée sur une colline face au soleil couchant.

Le pape François s'était rendu dans cette basilique néo-byzantine aux murs recouverts d'ex-votos lors d'un déplacement à Marseille en septembre 2023. Il y avait dénoncé le sort des migrants en Méditerranée, martelant son message de secours et d'accueil.

- "Valeurs d'humanité" -

A Marseille, la veillée a débuté par une procession sur l'esplanade de la basilique, jusqu'au mémorial aux marins et migrants disparus en mer. Ce même monument devant lequel le jésuite argentin avait souhaité "prier pour les morts en mer, particulièrement les migrants", a rappelé à l'AFP le recteur de la basilique, le père Olivier Spinosa.

"Nous ne pouvons plus assister aux tragédies des naufrages provoqués par des trafics odieux et le fanatisme de l'indifférence", avait lancé le pape à cet endroit, assurant que "les personnes qui risquent de se noyer, lorsqu'elles sont abandonnées sur les flots, doivent être secourues".

"C'est un devoir d'humanité, c'est un devoir de civilisation", avait-il insisté.

"Marseille est cosmopolite, le pape aimait cela, et il avait demandé à ce que la Méditerranée ne soit pas un cimetière", s'est remémoré Robert Olivieri, 73 ans, qui avait assisté à la messe du pape dans le stade de la ville, lors de ce déplacement orchestré par l'archevêque de Marseille, le cardinal Jean-Marc Aveline.

"J'aurais aimé pouvoir aller à Rome mais ce n'est pas possible. Je me sens proche des écrits de François, sa proximité avec les pauvres et les migrants. Ça me touche beaucoup plus que Benoît XVI qui était plus un théologien", a témoigné Sandrine Gougeon, 46 ans, auprès de l'AFP. Pour elle, "le décès de François rajoute de l'incertitude, une forme d'insécurité au monde".

Les funérailles du pape François, décédé lundi à 88 ans, se déroulent samedi. Après la messe en plusieurs langues, place Saint-Pierre, son cercueil sera transporté à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où il sera inhumé.


Arrivée de 115 personnes évacuées de Gaza à l'aéroport de Paris-Orly

Selon une source diplomatique, "500 personnes" ont été évacuées par la France depuis l'attaque du 7 octobre. (AFP)
Selon une source diplomatique, "500 personnes" ont été évacuées par la France depuis l'attaque du 7 octobre. (AFP)
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  • Le groupe est constitué de "ressortissants français et de leurs ayants droit, de personnels de l'Institut français de Gaza et leurs familles, de personnalités palestiniennes proches de notre pays"
  • La semaine dernière, 59 personnes étaient déjà arrivées en région parisienne, selon la même source

ORLY: Un groupe de 115 personnes évacuées de la bande de Gaza, à l'initiative de la France, est arrivé à l'aéroport de Paris-Orly vendredi, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Le groupe est constitué de "ressortissants français et de leurs ayants droit, de personnels de l'Institut français de Gaza et leurs familles, de personnalités palestiniennes proches de notre pays", a détaillé une source diplomatique, précisant que cette arrivée depuis Gaza est la plus importante depuis le début de la guerre lancée en représailles à l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

La semaine dernière, 59 personnes étaient déjà arrivées en région parisienne, selon la même source.

Les familles déjà présentes en France ont attendu en fin de matinée l'arrivée de leurs proches dans une ambiance joyeuse, ont constaté les journalistes de l'AFP.

Parmi les nouveaux arrivés, il y a "des étudiants, boursiers du gouvernement français, qui ont leur bourse depuis 15 ou 18 mois à peu près, mais qui n'avaient pas encore pu venir effectuer leurs études en France", ainsi que des "chercheurs et artistes", venus "pour la plupart avec leur famille", selon Annick Suzor-Weiner, professeure émérite à l'université Paris-Saclay, vice-présidente du réseau Migrants dans l'enseignement supérieur.

Selon une source diplomatique, "500 personnes" ont été évacuées par la France depuis l'attaque du 7 octobre.

Rompant une trêve de près de deux mois dans la guerre déclenchée il y a plus d'un an et demi, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne puis terrestre dans la bande de Gaza et au moins 1.978 Palestiniens ont été tués depuis, selon les chiffres publiés jeudi par le ministère de la Santé du Hamas.

Ce bilan porte à 51.355 le nombre de morts dans la bande de Gaza, selon la même source, depuis le début de la guerre.

Cette attaque sans précédent a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.