PARIS: Le patron du MoDem François Bayrou a mis en garde samedi dans Le Parisien contre tout "passage en force" en matière de réforme des retraites, estimant qu'elle ne pouvait "se faire au détour d’un amendement" dans le budget voté à l'automne.
"Je suis opposé au passage en force. Si on se lance dans cette voie-là, alors nous sommes certains de coaliser d’abord les oppositions entre elles, puis de diviser la société française", a averti M. Bayrou, en appelant à prendre "le temps de la pédagogie".
"Quelques mois devraient suffire pour qu’on arrive à une solution", a-t-il estimé. "Le président de la République a dit qu’il veut la réforme pour l’été 2023 ? Avec cette méthode, avec un travail préalable en commun, j’ai la conviction qu’elle peut être adoptée dès l’été 2023", a-t-il insisté.
Depuis quelques jours, Emmanuel Macron a redonné un coup d'accélérateur à la réforme des retraites, qui avait été interrompue par le Covid lors du premier quinquennat. C'"est une réforme qui s'impose" car il est nécessaire de "travailler plus longtemps dans une nation où on vit plus vieux et on rentre plus tard en moyenne dans la vie active", a notamment répété jeudi le chef de l'Etat.
L'exécutif a fait savoir qu'une réforme pourrait intervenir y compris via le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) présenté le 26 septembre en Conseil des ministres et examiné ensuite au Parlement. Une piste qui braque les oppositions et divise y compris au sein de la majorité, à l'heure où M. Macron a lancé son "Conseil national de la refondation" qui doit faire la part belle à une concertation approfondie avec les forces politiques, syndicats et associations.
"Le passage en force, c’est le contraire de l’esprit du CNR qui réclame d'examiner les problèmes ensemble", a souligné M. Bayrou, nommé à la tête du CNR.
Une réforme rapide, "je crois que cela créerait effectivement un mauvais climat et donnerait raison à tous ceux qui annoncent l’échec du CNR", a-t-il encore plaidé.
"C’est une réforme qui ne peut pas se faire au détour d’un amendement", a poursuivi M. Bayrou, pointant "un vrai risque" de motion de censure.
"J’ajoute que si les Français ont le sentiment que leur voix ne compte pas, on se trouvera dans un climat de tension extrême, avec des risques de blocage et d’échec rapide de la période que nous vivons", a-t-il encore prévenu.