BIARRITZ: Les parlementaires LR, réunis à Biarritz pour préparer leur rentrée, cherchent la bonne formule pour répondre à la volonté du gouvernement de réformer rapidement les retraites, comme ils le demandent depuis des années, sans renoncer à leur positionnement d'opposants résolus.
"On fait la différence entre les beaux discours et les actes" d'Emmanuel Macron, "nous sommes habitués à voir un écart aussi large que l'Océan Atlantique qui est devant nous", assure le chef de file des sénateurs LR, Bruno Retailleau, en lice pour prendre la présidence du parti en décembre.
En tant que parti d'opposition, LR a déjà clairement exclu de voter en faveur du projet de loi de finances du gouvernement pour 2023, rappelle-t-il. Mais que faire si le gouvernement propose une réforme des retraites dans le cadre du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2023, comme c'est envisagé?
"Nous, on votera ce que nous votons d'habitude", assure M. Retailleau, devant le centre de congrès où sont réunis face à la mer ses collègues députés et sénateurs, rappelant que "chaque année au Sénat nous avons voté une réforme des retraites dans le PLFSS".
Si le gouvernement "drague" LR, "il va se prendre un vent, nous sommes dans une opposition claire", dit son concurrent pour la présidence du parti, Eric Ciotti, refusant d'être "la roue de secours d'un pouvoir à bout de souffle". Mais sans exclure de voter spécifiquement en faveur d'une réforme des retraites, en particulier si elle propose de reculer l'âge légal de départ.
"Nous verrons dans quel contexte" serait proposée cette réforme, explique M. Ciotti. Le vote du budget est exclu, mais "après à l'Assemblée nationale, sur tel ou tel article, sur tel ou tel amendement, c'est la liberté de chaque parlementaire, on essayera d'améliorer les textes", explique-t-il.
Le PLFSS, "je ne crois pas que ce soit le meilleur véhicule, mais ça peut être un véhicule" pour réformer les retraites, admet de son côté le sénateur René-Paul Savary, favorable "à des propositions constructives" de LR. "Et puis après on gérera, en fonction des propositions du gouvernement, les aléas politiques".
« Une approche différente »
"Il faut faire attention à la manière dont on amène les choses (..) Evidemment, il faut un dialogue social" pour réformer les retraites, prévient son collègue sénateur Jean-François Husson. Dans le PLFSS? "Ma réponse aujourd'hui je la réserve, elle est plutôt très prudente", dit-il.
L'équation du positionnement de LR, face à ce que certains dans le parti qualifient de "grosses ficelles" du gouvernement, est rendu encore plus délicate par la compétition interne pour prendre les rênes du parti.
Car le challenger de la compétition, le jeune député Aurélien Pradié, a choisi de défendre une position "iconoclaste" sur ce dossier des retraites, en refusant d'actionner le levier du recul de l'âge légal, à contre-courant de la position de LR.
"Je pense que nous devons avoir une approche différente de la réforme des retraites, qui prend mieux en compte les efforts de toutes les carrières de nos concitoyens", plaide-t-il, privilégiant de jouer sur la durée de cotisation. Les adhérents LR qu'il rencontre en réunion publiques sont "soulagés" d'entendre une telle proposition, assure-t-il.
"Tout le monde dans cette campagne interne se demande comment on se différencie d'Emmanuel Macron. Moi je vais être le seul à pouvoir assumer de ne pas voter la réforme d'Emmanuel Macron, je ne sais pas comment mes camarades vont faire", lance-t-il.
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) doit être présenté en Conseil des ministres le 26 septembre, débattu en commission à l'Assemblée nationale puis à partir du 20 octobre dans l'hémicycle en première lecture.