PARIS: Candidat à la tête des Républicains sur une ligne de fermeté, Eric Ciotti fait sa rentrée politique samedi soir dans son fief des Alpes-maritimes, lors d'un grand rassemblement aux allures de démonstration de force.
"Nous serons plus de 4.000", a promis le député vendredi sur twitter, sous une photo du grand pré de Levens, dans l'arrière-pays niçois, où il s'exprimera vers 19H00.
A trois mois de l'élection du président de LR, ce traditionnel "dîner des amis d'Eric Ciotti" permettra un étalage de forces pour le patron de la fédération des Alpes-maritimes, qui fait campagne sur la fermeté en matière de sécurité et d'immigration.
Il affrontera le 3 décembre le président des sénateurs LR Bruno Retailleau, avec vraisemblablement pour challenger le numéro 3 du parti Aurélien Pradié.
"Je ne sais pas si je suis favori, mais je ressens, sur le terrain, la confiance des militants", a-t-il assuré samedi au journal Nice-Matin, en détaillant sa "ligne claire d'une droite populaire, fière d'elle-même, libérée du politiquement correct".
Cette droite non "édulcorée", pour ne pas laisser de place au Rassemblement national, parle à la base: "Les adhérents restés chez LR sont les purs et durs", estime un cadre du parti plutôt pro-Ciotti.
Pour ce cadre, "l'élection se jouera sur deux facteurs: la notoriété, et là, Ciotti écrase le match, et la capacité à faire des cartes" d'adhésion.
La fédération LR des Alpes-maritimes est redevenue la première du pays avec 3.500 adhérents (contre 3.400 à Paris). Les fédérations ont jusqu'au 3 novembre pour recruter de nouveaux membres.
M. Ciotti aura le soutien du président des jeunes LR Guilhem Carayon, des députés Eric Pauget et Michèle Tabarot, de l'eurodéputée Nadine Morano...
Mais certains chez LR s'inquiètent de son langage très musclé et des accointances idéologiques avec Eric Zemmour (Reconquête!), redoutant que l'aile modérée ne quitte le navire, notamment pour rejoindre Horizons d'Edouard Philippe, s'il devient patron de LR.
Les alliés centristes notamment sont sceptiques, Hervé Morin (Les Centristes) menaçant dans ce cas de rompre le lien avec LR.
Dans ce contexte, la candidature de Bruno Retailleau apparaît comme une alternative plus modérée, même si le sénateur de Vendée, héritier du parti de François Fillon Force républicaine, représente lui aussi l'aile conservatrice de LR.
Il était même "chez Philippe de Villiers" avant de rejoindre l'UMP, a rappelé Eric Ciotti mardi sur RTL, en soulignant que lui-même était "issu du RPR" et "toujours resté fidèle" à sa famille politique.
M. Retailleau a engrangé divers soutiens: Gérard Larcher, François-Xavier Bellamy, Philippe Juvin... Ancien porte-parole d'Eric Ciotti, le sénateur Stéphane Le Rudulier l'a aussi rejoint.
La situation rappelle la primaire de 2021 lorsque Eric Ciotti était arrivé en tête du premier tour, à la surprise du parti, mais avait totalisé 39% seulement au deuxième contre une Valérie Pécresse jugée moins clivante.
"Le tout-sauf-Ciotti a débouché sur une situation vue comme un échec total par les militants. Mais le même moteur ne fonctionnera pas", assure-t-on dans l'entourage du député en soulignant qu'il a cette fois "beaucoup plus de soutiens, de fédérations, de cadres..."
"Ca va être les cadres contre les militants", assure un responsable des jeunes LR.
Pour un pro-Retailleau, une différence tient à l'image d'Eric Cotti qui "a changé" et pourrait dissuader certains de reprendre leur carte: "Il n'y a plus l'effet surprise, et certains peuvent lui en vouloir d'avoir rallié Pécresse".
Dans sa stratégie M. Ciotti affiche un soutien sans faille à Laurent Wauquiez, l'une des rares figures charismatiques à LR, qu'il compte faire désigner dès 2023 candidat à l'élection présidentielle s'il prennait la tête de LR.
Le député des Alpes-maritimes sait aussi qu'il doit aussi sortir du seul régalien pour convaincre: s'il est élu à la tête de LR, le "coeur" de son projet "sera tourné vers une baisse des prélèvements obligatoires, des impôts et des charges", de l'ordre d""au moins 125 milliards d'euros", a-t-il assuré à Nice-Matin.