PARIS : Les appels au boycott de produits français en Turquie et dans le monde musulman sont pour l'instant limités et ne touchent que des produits alimentaires, a indiqué mardi le ministre délégué au Commerce extérieur Franck Riester.
« Pour l'instant ce boycott est très circonscrit, limité à un certain nombre de produits alimentaires, mais vraiment de façon très limitée, tant mieux », a déclaré le ministre, invité de l'émission Le Talk sur le site lefigaro.fr
Dimanche, à la suite de premiers appels à boycotter les produits français dans le monde musulman, M. Riester avait indiqué qu'il était trop tôt pour en chiffrer l'impact.
Lundi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a à son tour appelé à ne pas acheter français pour dénoncer le soutien du président Emmanuel Macron à la liberté de caricaturer le prophète Mahomet, tandis que d'autres appels à ne pas acheter français ont été lancés dans le monde musulman.
« Nous sommes évidemment très attentifs. J'ai créé au sein du ministère des Affaires étrangères une cellule de suivi de ce qui se passe, pays par pays, en lien avec notre réseau diplomatique et en lien avec les entreprises et les différentes fédérations d'entreprises », a détaillé M. Riester.
Selon lui, « la Turquie a plus besoin de l'Europe et de la France que l'inverse ».
« Pour autant, nous souhaitons dans l'avenir continuer d'entretenir des relations économiques nombreuses avec la Turquie, à partir du moment où la Turquie change son comportement vis-à-vis de la France et vis-à-vis de l'Europe », a ajouté M. Riester.
Il a notamment dénoncé de la part du président turc « des amalgames absolument scandaleux entre la situation prétendue difficile des musulmans en France et ce qu'était la situation des juifs dans un certain nombre de pays d'Europe dans les années 1930 ».
« Il faut renforcer le rapport de force avec le président Erdogan » dont les propos s'inscrivent « dans une démarche qui, ne nous y trompons pas, vise à étendre le rayonnement et l'emprise de la Turquie sur un certain de nombre de régions voisines », a déclaré dans l'après-midi M. Riester à l'Assemblée nationale.
« Cela fait suite au viol de l'embargo libyen depuis des mois en Libye » par Ankara, « aux actions de la Turquie dans le Haut-Karabakh avec le soutien de l'envoi de mercenaires pour soutenir l'Azerbaïdjan », a expliqué le ministre français.
« Cela fait suite à la stratégie turque en Méditerrannée orientale pour inciter à des explorations gazières dans les eaux territoriales et d'économie exclusive chypriote ou grecque » et « à l'absence de condamnation de la Turquie à ce qui s'est passé avec l'attentat de Conflans-Saint-Honorine », où le professeur Samuel Paty a été décapité par un islamiste, a ajouté M. Riester.
« Toute l'Europe dénonce ces comportements de M. Erdogan et nous devrons avoir une réplique européenne lors du prochain conseil européen de décembre », a-t-il encore dit.