Le défi nucléaire de l'Iran pourrait inciter Israël à frapper

Drapeau iranien (Photo, Arab News).
Drapeau iranien (Photo, Arab News).
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Publié le Lundi 06 juin 2022

Le défi nucléaire de l'Iran pourrait inciter Israël à frapper

Le défi nucléaire de l'Iran pourrait inciter Israël à frapper
  • Les négociations nucléaires entre l'Iran et les puissances mondiales P5+1 s'éternisent depuis plus d'un an sans aucun résultat positif
  • Il est important de souligner que l'on estime que le régime iranien a désormais atteint le point où il est proche du seuil nucléaire

Plusieurs conflits interconnectés se déroulent entre le régime iranien et Israël. L'un d'eux est l'intensification de la guerre par procuration dans des pays comme la Syrie. L'Iran tente d'accroître sa présence militaire dans la région, tandis qu'Israël intensifie ses attaques contre les bases étrangères de Téhéran. Un autre conflit important est lié au programme nucléaire de l'Iran. Et les derniers développements suggèrent qu'il est très probable qu'Israël vise militairement les sites nucléaires iraniens pour plusieurs raisons essentielles.

Tout d'abord, les négociations nucléaires entre l'Iran et les puissances mondiales P5+1 (composé des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des nations unies + l’Allemagne) s'éternisent depuis plus d'un an sans aucun résultat positif. L'administration Biden espérait relancer l'accord nucléaire de 2015 peu après son entrée en fonction, mais le régime iranien n'a cessé de créer des obstacles, notamment en formulant des exigences irrationnelles et plus radicales.

L'une des dernières demandes du régime est la suppression des sanctions qui ne sont pas liées à ses activités nucléaires. Il souhaite que les États-Unis retirent le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) de leur liste d'organisations terroristes étrangères désignées. Le CGRI a été placé sur la liste en 2019 en raison de ses activités terroristes, du parrainage et du financement de milices et de groupes terroristes à travers le Moyen-Orient.

Un autre problème qui rend très probable la prise pour cible des sites nucléaires iraniens par Israël est le fait que l'establishment théocratique a ouvertement développé son programme nucléaire, en intensifiant son enrichissement d'uranium et en travaillant sur mille centrifugeuses supplémentaires, en même temps qu'il négocie avec le P5+1. Il est totalement contradictoire que le régime iranien progresse à grande vitesse dans ces travaux tout en participant à des négociations mondiales dont l'objectif principal est de freiner le programme nucléaire de Téhéran. Cela suggère que l'establishment théocratique ne fait que gagner du temps pour faire avancer son programme nucléaire.

Il est important de souligner que l'on estime que le régime iranien a désormais atteint le point où il est proche du seuil nucléaire. On pense qu'il n'est plus qu'à quelques semaines d'obtenir les matériaux nécessaires à la fabrication d'une arme nucléaire. Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a averti ce mois-ci que «l’Iran continue d'accumuler des connaissances et une expérience irréversibles dans le développement, la recherche, la production et le fonctionnement de centrifugeuses avancées... Désormais, le prix à payer pour relever le défi iranien à l’échelle régionale et mondiale est plus élevé qu'il y a un an et plus bas qu'il ne le sera dans un an.»

Même si un nouvel accord nucléaire est conclu, il représentera probablement une victoire pour les dignitaires au pouvoir.

Dr Majid Rafizadeh

Le New York Times a également reconnu l'année dernière que le régime n'était qu'à quelques semaines de l’arme nucléaire. Il a rapporté en septembre: «L'Iran est à peu près à un mois de disposer de suffisamment de matériel pour alimenter une seule arme nucléaire, dépassant un seuil qui pourrait augmenter la pression sur les États-Unis et ses alliés pour améliorer les conditions d'un accord potentiel visant à restaurer l'accord nucléaire de 2015.»

Une troisième préoccupation pour Israël est que, même si un nouvel accord nucléaire est conclu, il représentera probablement une victoire pour les religieux au pouvoir, car il sera peu probable qu'il empêche la République islamique d'acquérir un jour des armes nucléaires. Il semble que, dans le cadre de l'accord proposé actuellement, le régime iranien sera beaucoup plus proche de l'obtention d'armes nucléaires, car les restrictions sur son programme nucléaire seront levées deux ans seulement après qu'il aura été scellé. L'accord ne contraindra pas non plus les dirigeants iraniens à divulguer les activités nucléaires passées du régime, aux dimensions militaires.

Quatrièmement, un plus grand nombre de dirigeants iraniens ont reconnu que le programme nucléaire de la République islamique n'a jamais été conçu à des fins pacifiques dès le départ. À titre d’exemple, l'ancien Premier ministre, Ali Motahari, a déclaré le mois dernier: «Dès le début, lorsque nous avons entamé notre activité nucléaire, notre objectif était de construire une bombe et de renforcer les forces de dissuasion, mais nous n'avons pas pu rester discrets sur cette question et les rapports secrets ont été révélés par un groupe d'hypocrites.»

Alors que le régime iranien continue de faire ouvertement progresser son programme nucléaire, il est de plus en plus probable qu'Israël prenne les choses en main et frappe les sites nucléaires iraniens afin d'empêcher l'establishment théocratique d'acquérir des armes nucléaires.

 

Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard.

Twitter : @Dr_Rafizadeh

 

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.