PARIS: Gérald Darmanin a qualifié mardi d'"inacceptable provocation communautaire" l'autorisation du port du burkini dans les piscines municipales de Grenoble, au coeur d'une polémique politique nationale.
Le conseil municipal de Grenoble, dirigé par le maire écologiste Eric Piolle, a validé lundi par une courte majorité une modification du règlement intérieur des piscines se traduisant par l'autorisation du port du burkini.
"M. Piolle, soutien de M. Mélenchon, joue l’inacceptable provocation communautaire, contraire à nos valeurs", a tweeté le ministre de l'Intérieur du gouvernement démissionnaire.
"J’ai donné instruction au préfet de déférer en +déféré laïcité+ la délibération permettant le port du +Burkini+ et, le cas échéant, d’en demander le retrait", a-t-il ajouté.
Le déféré préfectoral s'inscrit dans le cadre du contrôle de légalité des actes des collectivités territoriales.
"Darmanin, le ministre qui a pour bilan la loi séparatisme, qui trouve Marine Le Pen trop molle, s’insurge des rayons halal et casher des magasins, se permet de donner des leçons ? Relisez la loi de 1905, plutôt que de la tordre", a réagi M. Piolle sur Twitter.
Le préfet de l’Isère avait déjà fait savoir dimanche soir, avant la délibération du conseil municipal, qu'il saisirait le tribunal administratif de Grenoble pour bloquer la mesure, sur instruction de Gérald Darmanin.
Il devrait pour cela faire appel à une disposition introduite par la loi sur le séparatisme votée en août 2021, qui concerne les actes portant "gravement atteinte au principe de laïcité et de neutralité du service public".
M. Piolle, qui a invoqué un combat "féministe", de "santé" et de "laïcité", s'est déclaré lundi "ravi que le gouvernement nous attaque", relevant qu'il n'avait "pas attaqué Rennes" lorsque cette ville avait pris une disposition similaire il y a quatre ans.
Le port du burkini était revendiqué par la controversée association Alliance Citoyenne, qui a organisé depuis 2019 plusieurs opérations coup de poing dans les piscines grenobloises pour faire passer son message.
Le président (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, a accusé Eric Piolle d'"acter définitivement sa rupture avec la laïcité et les valeurs de notre République" et annoncé couper les subventions de la Région à la municipalité.