Elections: Le dirigeant de Chypre-Nord favori face au candidat d’Ankara

Le Premier ministre Ersin Tatar, en visite dans la partie nord de l’ile le 8 octobre (Photo, Birol BEBEK/AFP).
Le Premier ministre Ersin Tatar, en visite dans la partie nord de l’ile le 8 octobre (Photo, Birol BEBEK/AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 18 octobre 2020

Elections: Le dirigeant de Chypre-Nord favori face au candidat d’Ankara

  • L'élection survient dans un contexte de vives tensions autour de l'exploitation d'hydrocarbures en Méditerranée orientale entre Ankara et Athènes
  • L'ingérence supposée d'Ankara a transformé le scrutin en un référendum sur leur « dignité » pour de nombreux Chypriotes-turcs

NICOSIE: Le dirigeant de Chypre-Nord Mustafa Akinci part favori dimanche pour remporter un nouveau mandat à la tête de cette République autoproclamée face au protégé d'Ankara Ersin Tatar, un second tour dans l'ombre des tensions en Méditerranée orientale.

« Président » sortant de la République turque de Chypre-Nord (RTCN), reconnue uniquement par la Turquie, Akinci est arrivé en deuxième position au premier tour avec près de 30% des voix, derrière Tatar (plus de 32%). Mais il devrait, sauf surprise l'emporter face au « Premier ministre » sortant grâce au soutien de Tufan Erhurman, arrivé troisième dimanche dernier. 

Les 738 bureaux de vote ont ouvert à 08H00 (05H00 GMT) et fermeront à 18H000 (15H00 GMT). Quelque 199 000 personnes sont appelées à voter sur plus de 300 000 habitants en RTCN.

L'élection survient dans un contexte de vives tensions autour de l'exploitation d'hydrocarbures en Méditerranée orientale entre Ankara et Athènes, principale alliée de la République de Chypre --seule reconnue par la communauté internationale et membre de l'Union européenne depuis 2004-- qui exerce son autorité sur les deux tiers sud de l'île divisée.

Après des forages réalisés au large de Chypre-Nord, le renvoi cette semaine d'un navire d'exploration turc dans des eaux revendiquées par la Grèce a réveillé la discorde et entraîné une condamnation vendredi par les dirigeants de l'UE des « provocations » de la Turquie, menacée de sanctions.

Ayant longtemps œuvré au rapprochement avec les Chypriotes-grecs, Akinci entretient des rapports houleux avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Ce social-démocrate de 72 ans, qui défend la réunification de Chypre sous la forme d'un Etat fédéral, n'a jamais caché son intention de desserrer les liens avec Ankara. Tatar, nationaliste de 60 ans, défend lui une solution à deux Etats.

« Seule solution »

« La seule et bonne solution est la solution avec un Etat fédéral », affirme Said Kenan à la sortie d'un bureau de vote. Vantant la situation géographique « stratégique » de l'île, ce cardiologue de 76 ans explique que Chypre pourrait s'en sortir seule grâce aux hydrocarbures, qui attirent tant de pays « autour des Chypriotes-turcs et des Chypriotes-grecs ».

Considérant Chypre comme une pièce majeure dans sa stratégie pour défendre ses intérêts en Méditerranée orientale, Ankara suit de près le scrutin dans le tiers nord de l'île et a multiplié les manœuvres pour donner un coup de pouce à la campagne de Tatar.

Cérémonie en grande pompe pour inaugurer un aqueduc sous-marin entre Chypre-Nord et la Turquie ou encore réouverture partielle d'une ancienne station balnéaire renommée, abandonnée depuis son bouclage par l'armée turque après la partition de l'île, ont suscité des accusations d'ingérence de la Turquie dans l'élection et irrité de nombreux Chypriotes-turcs, Akinci en tête.

« Les Chypriotes-turcs ne sont pas contents d'être considérés comme dépendant d'un autre et d'être sans cesse réprimandés et méprisés », estime Umut Bozkurt, politologue à l'Université de la Méditerranée orientale, à Chypre-Nord.

« Dignité »

Selon la chercheuse, l'ingérence supposée d'Ankara a transformé le scrutin en un référendum sur leur « dignité » pour de nombreux Chypriotes-turcs.

« La paix, parce qu'on ne veut plus être des marionnettes dans notre pays », affirme sur Twitter Ahmet, un Chypriote-turc, utilisant le hashtag devenu viral « La paix, parce que ».

« Les résultats du premier tour montrent qu'une part considérable des électeurs veulent se libérer de l'influence de la Turquie et désirent une réunification », selon Bozkurt.

Mais afficher une ligne indépendante vis-à-vis d'Ankara n'est pas aisé tant la RTCN est sous l'emprise économique de la Turquie depuis sa création en 1983.

La crise économique, amplifiée par la pandémie de Covid-19, n'a rien arrangé et c'est Ankara qui a financé la construction d'un hôpital d'une centaine de lits en RTCN pour y faire face. 

Chypre a obtenu son indépendance du Royaume-Uni en 1960, mais les troupes turques ont envahi le tiers nord de l'île en 1974 en réaction à un coup d'Etat visant à rattacher l'île à la Grèce.

A son arrivée au pouvoir en 2015, Akinci avait ravivé l'espoir de voir aboutir les pourparlers de paix en prônant un Etat fédéral, mais les dernières négociations officielles ont échoué en 2017.

« Des difficultés l'attendent à ce sujet s'il est élu », anticipe Bozkurt. « Ankara semble désormais préférer une ligne dure qui exclut une fédération à Chypre. » 


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Short Url
  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Short Url
  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Short Url
  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.