NICOSIE : Le dirigeant sortant, Mustafa Akinci, affrontera le protégé d'Ankara, Ersin Tatar, au second tour de l'élection "présidentielle" de l'autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN), reconnue uniquement par la Turquie, et pourrait facilement emporter la victoire selon des experts.
Le Conseil électoral a annoncé dimanche soir que le candidat soutenu par la Turquie, M. Tatar, était arrivé en tête du premier tour avec 32,35% des voix, devant le "président" sortant M. Akinci, en froid avec le chef de l'Etat turc Recep Tayyip Erdogan, qui a récolté 29,84%.
Le dirigeant sortant, Mustafa Akinci, affrontera le protégé d'Ankara, Ersin Tatar, au second tour de l'élection "présidentielle" de l'autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN), reconnue uniquement par la Turquie, et pourrait facilement emporter la victoire selon des experts.
Le Conseil électoral a annoncé dimanche soir que le candidat soutenu par la Turquie, M. Tatar, était arrivé en tête du premier tour avec 32,35% des voix, devant le "président" sortant M. Akinci, en froid avec le chef de l'Etat turc Recep Tayyip Erdogan, qui a récolté 29,84%.
Un second tour les opposera le 18 octobre.
Cette élection "présidentielle" a lieu sur fond de tensions en Méditerranée orientale autour de l'exploitation d'hydrocarbures entre Ankara et Athènes, principal allié de la République de Chypre qui exerce son autorité sur les deux tiers sud de l'île et est membre de l'Union européenne.
La RTCN (plus de 300.000 habitants) est établie sur le tiers nord de l'île, occupé depuis 1974 par la Turquie en réaction à un coup d'Etat pour rattacher Chypre à la Grèce. La Turquie, dont les côtes sont distantes de quelque 80 km de celles de Chypre, considère l'île comme une pièce majeure dans sa stratégie pour étendre ses frontières maritimes.
M. Akinci est talonné par Tufan Erhurman (21,68% des voix), un autre social-démocrate qui prône comme lui une réunification de Chypre sous la forme d'un État fédéral.
Une réunion du parti de M. Erhurman se tiendra en début de semaine pour décider de la position à adopter pour le second tour.
"Il est probable qu'Akinci gagne au second tour avec plus de 55% des voix" en raison de reports des voix, notamment de M. Erhurman, a indiqué à l'AFP Mine Yucel, directrice de Prologue consulting, spécialisé dans les sondages.
Au QG du "président" sortant, quelques centaines de ses soutiens étaient rassemblés et dansaient, certains criant "on a gagné !".
M. Akinci a remercié la foule, le ton victorieux mais grave en évoquant le "fléau de la désinformation" lors de la campagne en temps de pandémie. Il a ajouté avoir confiance dans les électeurs pour choisir "librement" leur président.
M. Tatar a lui revendiqué la victoire, affirmant que son adversaire ne voulait pas "voir et respecter la volonté du peuple".
La participation s'est élevée à 58,21% (environ 199.000 inscrits) contre 62% en 2015.
"Intervention turque"
"Cette élection est cruciale pour notre destin", a déclaré M. Akinci, 72 ans, après avoir voté, dénonçant "l'intervention de la Turquie dans l'élection".
La Turquie soutient ouvertement M. Tatar, 60 ans, actuellement "Premier ministre" du gouvernement auquel revient une grande partie des pouvoirs exécutifs.
"L'enjeu principal de l'élection c'est la manière dont nous définirons ensuite nos relations avec la Turquie", affirme Kemal Baykalli, fondateur de l'ONG Unite Cyprus Now, regrettant une participation "plus basse" en raison du virus et du "ras-le-bol" des électeurs.
"La RTCN et son peuple forment un Etat (...) Nous méritons de vivre sur la base d'une souveraineté égale", a déclaré M. Tatar devant son bureau de vote, laissant entendre son soutien à une partition définitive du pays entre deux Etats souverains.
Depuis plusieurs années, les négociations pour une réunification achoppent notamment sur la question du retrait des quelque 30.000 soldats turcs présents dans la partie occupée.
"Nous voulons la paix"
"Cette élection est importante car nous choisissons le président qui négociera avec les Chypriotes-grecs sur l'avenir de Chypre", explique Esat Tulek, fonctionnaire à la retraite de 73 ans, électeur à Nicosie.
"Nous voulons la paix mais l'autre côté ne nous accepte pas, ils doivent reconnaître nos droits si nous faisons la paix", affirme Ertan Cinar, banquier à la retraite de 75 ans.
Le porte-parole du gouvernement de la République de Chypre Kyriacos Koushos a réagi en réitérant auprès de l'AFP l'engagement de son pays à "mener un dialogue constructif avec le nouveau leader de la communauté chypriote-turque (...) en ligne avec les résolutions de l'ONU, le droit international et les principes de l'Union européenne".
Le scrutin intervient après la réouverture controversée jeudi de Varosha (Est), ville-fantôme bouclée par l'armée turque et emblématique de la division de l'île.
L'annonce de cette réouverture partielle de la ville abandonnée depuis l'invasion turque avait été faite par M. Tatar, au côté de M. Erdogan à Ankara.
Une décision critiquée par M. Akinci, la République de Chypre, l'Union européenne et l'ONU qui surveille la zone tampon entre les deux parties de l'île.
L'élection en RTCN, qui dépend économiquement de la Turquie, a aussi lieu dans un contexte de crise économique, amplifiée par la pandémie de Covid-19. Plus de 800 cas y ont été recensés officiellement, dont quatre décès. (AFP)