Trump intensifie sa guerre commerciale en imposant des droits de douane contre le Canada, le Mexique et la Chine

Le président Donald Trump, accompagné du secrétaire au commerce Howard Lutnick (G), répond à une question d'un journaliste dans la salle Roosevelt de la Maison Blanche, le 3 mars 2025 à Washington, DC. (Photo by Andrew Harnik / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)
Le président Donald Trump, accompagné du secrétaire au commerce Howard Lutnick (G), répond à une question d'un journaliste dans la salle Roosevelt de la Maison Blanche, le 3 mars 2025 à Washington, DC. (Photo by Andrew Harnik / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)
Short Url
Publié le Mardi 04 mars 2025

Trump intensifie sa guerre commerciale en imposant des droits de douane contre le Canada, le Mexique et la Chine

  • Donald Trump a mis à exécution sa menace de taxer lourdement les importations en provenance des trois premiers partenaires commerciaux des États-Unis en entrant en vigueur mardi de droits de douane contre le Canada et le Mexique et la Chine.
  • Ce niveau de taxation sur les importations américaines est « le plus élevé depuis la fin des années 1940 » et il met « un coup d'arrêt brutal à la mondialisation entamée dans l'après-guerre », estime Paul Ashworth, de chez Capital Economics.

WASHINGTON : Donald Trump a mis à exécution sa menace de taxer lourdement les importations en provenance des trois premiers partenaires commerciaux des États-Unis en entrant en vigueur mardi de droits de douane contre le Canada et le Mexique et de nouvelles taxes sur les importations chinoises, déclenchant une riposte rapide de Pékin et d'Ottawa.

Les importations en provenance des deux voisins des Etats-Unis seront désormais taxées à hauteur de 25 % (10 % pour les hydrocarbures canadiens), une mesure voulue par M. Trump en représailles de l'inaction, selon lui, d'Ottawa et de Mexico pour limiter le trafic de fentanyl dans le pays.

Le président américain n'avait laissé que peu d'espoir lundi après-midi, estimant qu'il n'y avait « plus de marge de manœuvre pour le Mexique et le Canada. Les droits de douane sont un fait. Ils entreront en vigueur demain (mardi). »

Au total, 918 milliards de dollars de produits provenant des deux voisins des Etats-Unis sont concernés, avec un impact réel attendu sur l'économie américaine.

Ce niveau de taxation sur les importations américaines est « le plus élevé depuis la fin des années 1940 » et il met « un coup d'arrêt brutal à la mondialisation entamée dans l'après-guerre », estime Paul Ashworth, de chez Capital Economics, dans une note.

« Nous pourrions facilement atteindre le droit de douane effectif le plus élevé depuis 1936 d'ici le début de 2026, si ces mesures devaient se poursuivre », nuance Diane Swonk, économiste du cabinet KPMG, interrogée par l'AFP.

M. Trump reproche aux gouvernements canadien, mexicain et chinois de ne pas lutter suffisamment contre le trafic de fentanyl, une drogue aux effets dévastateurs sur le territoire américain. Il avait dit en février vouloir imposer ces droits de douane pour les pousser à agir.

La mesure visant le Canada et le Mexique avait cependant été suspendue jusqu'au 4 mars.

Dans le même temps, la Chine s'était vue imposer 10 % de droits de douane supplémentaires. L'administration américaine a passé ces droits de douane à 20 % dans un nouveau décret signé lundi par M. Trump.

Pékin a répliqué mardi en annonçant des taxes de 10 et 15 % sur une série de produits agricoles en provenance des États-Unis, allant du poulet aux soja, tout en déplorant une décision « unilatérale » de Washington.

Estimant que « rien ne justifiait ces mesures » américaines, le Canada va également mettre en place des droits de douane de 25 % sur certains produits américains, pour un montant total de 155 milliards de dollars canadiens.

De son côté, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a déjà assuré que le Mexique avait « un plan A, un plan B, un plan C et un plan D » contre ces nouvelles taxes.

Donald Trump avait souligné durant sa campagne électorale que « droits de douane » étaient « ses mots favoris ». Il avait dit souhaiter les utiliser pour rééquilibrer la balance commerciale américaine, financer en partie sa promesse de baisser les impôts et imposer « le respect » aux partenaires des États-Unis.

Le président américain a d'ores et déjà annoncé son intention de taxer également l'acier et l'aluminium, et le lancement d'une enquête en vue d'en faire autant pour les produits issus de la sylviculture.

Lundi, les produits agricoles importés se sont ajoutés à la liste, M. Trump assurant qu'ils seraient également taxés à compter du 2 avril.

La perspective des droits de douane commence toutefois à inquiéter les Américains, tant les consommateurs que les entreprises.

Le Conseil des entreprises Chine-États-Unis, qui compte 270 entreprises américaines, estime ainsi que les droits de douane « vont plomber notre compétitivité mondiale ».

Fin février, deux indices de confiance des consommateurs ont plongé, plombés par la crainte d'un rebond de l'inflation. Celle-ci peine à revenir vers les 2 % visés par la Réserve fédérale (Fed) et a même accéléré légèrement fin 2024.

Une donnée essentielle, alors que le président américain a principalement remporté la victoire grâce à sa promesse de faire baisser les prix et d'améliorer le pouvoir d'achat des ménages.

Or, selon la Fédération nationale du commerce de détail, taxer les produits canadiens et mexicains « forcera les Américains à payer plus cher pour leurs achats ».

Lundi, la publication de l'indice ISM de la production industrielle s'est accompagnée de commentaires sur la crainte, dans un certain nombre d'industries, de voir les droits de douane devenir une nouvelle réalité.

Un autre indice de la Fed d'Atlanta anticipe désormais une chute brutale de la croissance américaine, s'attendant même à une contraction sévère au premier trimestre.

 


Aide américaine suspendue: Trump fait le jeu de Poutine, s'inquiètent des Ukrainiens

Le président américain a ordonné lundi une "pause" dans l'aide militaire des États-Unis à l'Ukraine, après avoir reproché au dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky de s'être montré irrespectueux et de manquer de gratitude envers le gouvernement américain pour ses efforts visant à mettre fin à cette guerre. (AFP)
Le président américain a ordonné lundi une "pause" dans l'aide militaire des États-Unis à l'Ukraine, après avoir reproché au dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky de s'être montré irrespectueux et de manquer de gratitude envers le gouvernement américain pour ses efforts visant à mettre fin à cette guerre. (AFP)
Short Url
  • "La Russie a échoué à capturer Kiev, mais elle a rapidement pris Washington", a commenté sur Facebook Bojena Antoniak, rédactrice dans une maison d'édition ukrainienne
  • "Il semble que Donald Trump cherche des moyens pour se lier d'amitié avec le dictateur sanguinaire russe (Vladimir Poutine, ndlr) plutôt que de mettre fin à la guerre", a réagi dans la même veine sur Facebook, Yarema Doukh, un conseiller en communication

KIEV: Indignés et effarés, des Ukrainiens accusaient mardi matin Donald Trump de faire le jeu de la Russie et Vladimir Poutine après l'annonce par Washington de la suspension de son aide militaire à Kiev, qui se bat depuis trois ans contre l'invasion russe.

"La Russie a échoué à capturer Kiev, mais elle a rapidement pris Washington", a commenté sur Facebook Bojena Antoniak, rédactrice dans une maison d'édition ukrainienne.

"Il semble que Donald Trump cherche des moyens pour se lier d'amitié avec le dictateur sanguinaire russe (Vladimir Poutine, ndlr) plutôt que de mettre fin à la guerre", a réagi dans la même veine sur Facebook, Yarema Doukh, un conseiller en communication.

Le président américain a ordonné lundi une "pause" dans l'aide militaire des États-Unis à l'Ukraine, après avoir reproché au dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky de s'être montré irrespectueux et de manquer de gratitude envers le gouvernement américain pour ses efforts visant à mettre fin à cette guerre.

A cause du décalage horaire, la nouvelle est tombée en pleine nuit à Kiev, créant une onde de choc dans la matinée.

"Avant, nous avions peur la nuit à cause des missiles et des avions, et maintenant nous avons aussi peur des nouvelles en provenance des États-Unis", a déploré la journaliste Kristina Berdynskykh, également sur Facebook.

"Il n'y a toujours pas de pression, pas de conditions et pas d'humiliation envers la Russie", a-t-elle regretté.

"Tous ceux qui réclament de nous la paix ignorent que le prix de notre paix sera plus élevé que le prix de notre guerre", a lancé sur le même réseau social Pavlo Kazarine, un journaliste très connu qui a rejoint l'armée après le début de l'invasion russe à grande échelle en février 2022.

Certains s'interrogeaient si l'Ukraine devrait malgré tout signer un accord permettant aux Etats-Unis d'exploiter ses ressources naturelles dans l'espoir d'obtenir le renouvellement de leur aide financière et militaire.

"Celui qui choisit la honte obtiendra à la fois la honte et la défaite", a tranché Olga Doukhnitch, une chercheuse, qui y est opposée.

"OK, quelles sont nos capacités (...) sans missiles de défense aérienne et sans renseignements (américains, ndlr) ? Et est-il possible de gagner un temps crucial pour nous avec cette signature ?" s'interroge pour sa part Serguiï Takhmazov, un militaire posté sur le front Est, où l'armée russe progresse lentement, mais sûrement.


Le pape se repose après deux crises respiratoires aiguës

Le souverain pontife de 88 ans est hospitalisé à l'hôpital Gemelli de Rome depuis le 14 février. Il n'a fait depuis aucune apparition publique. (AFP)
Le souverain pontife de 88 ans est hospitalisé à l'hôpital Gemelli de Rome depuis le 14 février. Il n'a fait depuis aucune apparition publique. (AFP)
Short Url
  • Depuis son appartement médicalisé, situé au 10e étage de l'hôpital Gemelli, le pape reçoit malgré tout ses plus proches collaborateurs et poursuit son travail les jours où son état le permet
  • Le grand âge du pape, ses antécédents, son état "polypathologique", son "excès pondéral", "sont des éléments qui aggravent le pronostic", souligne le Dr Pegliasco

ROME: Le pape François, hospitalisé pour une pneumonie des deux poumons avec un pronostic vital qui reste "réservé", "a dormi toute la nuit et continue de se reposer" après avoir subi la veille deux épisodes de crise respiratoire sévère, a annoncé mardi matin le Vatican.

Le souverain pontife de 88 ans est hospitalisé à l'hôpital Gemelli de Rome depuis le 14 février. Il n'a fait depuis aucune apparition publique.

Aucune indication n'a été fournie sur la durée de cette hospitalisation, la plus longue depuis son élection en 2013.

Selon son dernier bulletin de santé publié lundi soir, le pape "a présenté deux épisodes d'insuffisance respiratoire aiguë, causés par une accumulation importante de mucus endobronchique et un bronchospasme consécutif".

Deux bronchoscopies ont été réalisées avec la nécessité d'aspirer d'abondantes sécrétions. Dans l'après-midi, la ventilation mécanique non invasive (par masque à oxygène, ndlr) a été reprise.

François a connu plusieurs alertes depuis son hospitalisation, initialement pour une bronchite.

Il a d'abord subi le 22 février "une crise asthmatique prolongée" qui l'a contraint à recevoir de l'oxygène à haut débit via des canules nasales, puis le 28 février "une crise isolée de bronchospasme qui a entraîné un épisode de vomissement avec inhalation et une soudaine aggravation de son état respiratoire".

"Très mauvais signe" 

Lundi, le Vatican a souligné que le pape était "toujours resté alerte, orienté et coopératif" lors de cette nouvelle crise. "Il y a des hauts et des bas", a reconnu une source vaticane.

Interrogé par l'AFP, Hervé Pegliasco, responsable de la pneumologie à l’hôpital européen de Marseille, souligne qu'"une infection bronchopulmonaire bilatérale à 88 ans, c'est grave". "Il y a un phénomène d'épuisement, parce qu'il est obligé de faire des efforts beaucoup plus importants pour respirer", explique-t-il.

Un dagnostic confirmé par Bruno Crestani, chef du service de pneumologie de l'hôpital Bichat à Paris : "à 88 ans, être à l'hôpital depuis deux semaines et avoir des épisodes de gêne respiratoire à répétition, c'est très mauvais signe".

Depuis son appartement médicalisé, situé au 10e étage de l'hôpital Gemelli, le pape reçoit malgré tout ses plus proches collaborateurs et poursuit son travail les jours où son état le permet.

Il a notamment reçu à deux reprises la visite de son secrétaire d'État, le cardinal italien Pietro Parolin, et d'Edgar Peña Parra, respectivement N°2 et N°3 du Saint-Siège.

L'hospitalisation du souverain pontife intervient alors qu'il a déjà été affaibli par une série de problèmes ces dernières années: il a, entre autres, subi des opérations du côlon et de l'abdomen et connu des difficultés à marcher. En surpoids, il souffre de douleurs au genou qui le contraignent à se déplacer en fauteuil roulant depuis 2022.

En outre, à l'âge de 21 ans, François a frôlé la mort à cause d'une pleurésie, et le lobe supérieur de son poumon droit a dû lui être retiré.

Le grand âge du pape, ses antécédents, son état "polypathologique", son "excès pondéral", "sont des éléments qui aggravent le pronostic", souligne le Dr Pegliasco.

Ces graves problèmes de santé ont relancé les interrogations sur la capacité de François à assumer ses fonctions et les conjectures sur sa possible démission. Le droit canonique ne prévoit aucune disposition en cas de problème grave qui altérerait sa lucidité.

 


Confisquer les avoirs gelés russes pourrait dissuader les investisseurs en Europe, prévient le ministre français Haddad

Sur cette photo prise et diffusée par le service de presse présidentiel ukrainien le 24 février 2025, le ministre délégué français pour l'Europe Benjamin Haddad participe à une réunion avec les dirigeants européens et le premier ministre canadien Justin Trudeau à Kiev, à l'occasion du troisième anniversaire de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. (Photo by Handout / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / AFP)
Sur cette photo prise et diffusée par le service de presse présidentiel ukrainien le 24 février 2025, le ministre délégué français pour l'Europe Benjamin Haddad participe à une réunion avec les dirigeants européens et le premier ministre canadien Justin Trudeau à Kiev, à l'occasion du troisième anniversaire de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. (Photo by Handout / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / AFP)
Short Url
  • « On a toujours dit que ça faisait partie des leviers dont on disposait dans le rapport de force avec la Russie », a-t-il déclaré. « Ça pose tout de même des questions juridiques et des questions de précédent économique, de messages envoyés aux investisse
  • En revanche, l'option d'une saisie des avoirs russes eux-mêmes a jusqu'ici été écartée, essentiellement pour des raisons d'ordre juridique.

PARIS : Saisir les avoirs gelés de la Russie en Europe pourrait créer « un précédent économique » et rendre méfiants les investisseurs, a souligné mardi le ministre délégué aux affaires européennes, Benjamin Haddad, sur la chaîne de télévision France 2, au moment où des parlementaires demandent leur confiscation pour aider l'Ukraine.

Les pays de l'Union européenne utilisent déjà les profits dégagés par les avoirs russes gelés afin d'aider à armer l'Ukraine et à financer sa reconstruction après-guerre, ce qui représente une manne de 2,5 à 3 milliards d'euros par an.

En revanche, l'option d'une saisie des avoirs russes eux-mêmes a jusqu'ici été écartée, essentiellement pour des raisons d'ordre juridique.

Lors d'un débat à l'Assemblée nationale française lundi, des parlementaires, dont l'ancien Premier ministre Gabriel Attal, ont exprimé leur soutien à une confiscation. Le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot a rejeté cette proposition, évoquant « un risque financier trop important ».

Mardi, Benjamin Haddad est revenu sur ce risque financier lors d'un entretien sur France 2.

« On a toujours dit que ça faisait partie des leviers dont on disposait dans le rapport de force avec la Russie », a-t-il déclaré. « Ça pose tout de même des questions juridiques et des questions de précédent économique, de messages envoyés aux investisseurs », a-t-il ajouté.

« Mais ça fait partie des leviers qu'on peut effectivement regarder », a-t-il estimé.

« Nous avons assis, sur le fondement des revenus tirés des actifs russes gelés, ce prêt de 45 milliards d'euros qui d'ores et déjà parvient jusqu'à l'Ukraine, alors que la confiscation pure et simple de ces actifs représenterait pour la zone euro, pour la Banque centrale européenne, un risque financier trop important qui fragiliserait les États membres au moment où ils doivent être le plus fort possible pour soutenir l'Ukraine », avait pour sa part déclaré le ministre des Affaires étrangères lundi soir dans une réponse aux parlementaires.

En décembre dernier, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, avait elle-même plaidé pour utiliser directement les avoirs russes gelés et non plus seulement les intérêts qu'ils génèrent, afin d'aider l'Ukraine, dans une interview à plusieurs journaux, dont The Guardian.