PARIS : L'Europe doit « assumer une forme de rapport de force » face aux menaces de droits de douane de Donald Trump, a affirmé dimanche le ministre français de l'Industrie, Marc Ferracci, qui appelle à une réponse « mordante » du président américain.
« La négociation commerciale avec Donald Trump doit assumer une forme de rapport de force », a-t-il déclaré dimanche sur France Info, au lendemain de l'imposition par les États-Unis de droits de douane de 25 % sur les produits provenant du Canada et du Mexique, et de 10 % supplémentaires sur les produits chinois déjà soumis à des droits de douane.
Alors que le président américain a menacé de sanctionner également l'Union européenne, Marc Ferracci a estimé qu'il était évident que nous devions réagir, tout en disant que nous attendions les décisions de l'administration américaine concernant l'Europe.
Selon lui, « pour être efficace, la réponse doit porter sur les produits qui sont importants pour votre interlocuteur et pour le pays avec lequel vous négociez ». Et « il faut que ce soit, comme on dit, mordant », c'est-à-dire que cela ait des impacts sur l'économie américaine, pour avoir une menace crédible dans la négociation.
« On ne va pas se laisser faire », a déclaré pour sa part Laurent Saint-Martin, ministre délégué au Commerce extérieur, interrogé dimanche sur la chaîne CNews au sujet des menaces commerciales du nouvel occupant de la Maison Blanche.
« Si le premier visage que vous envoyez de l'Europe vis-à-vis des États-Unis, de la Chine et du monde entier, c'est “allez-y, nous ne sommes qu'un marché de consommateurs et après tout, nous ne produirons plus chez nous”, vous avez perdu la bataille », a-t-il poursuivi.
« Il faut sortir de la naïveté », a encore affirmé Marc Ferracci, tout en appelant à « mieux protéger notre industrie » en mettant en place un « buy european act » pour privilégier les produits fabriqués en Europe.
« Notre enjeu est de rester unis et de capitaliser sur la force que nous donne cette union, à savoir un marché commun dont les États-Unis ne peuvent pas se passer », a ajouté M. Ferracci.
« On ne doit pas commencer par faire des concessions, on ne doit pas commencer par dire que nous allons acheter plus de produits américains dans tel ou tel secteur industriel ou agricole », a-t-il insisté, alors que les 27 sont encore divisés entre une approche simplement « défensive » qui consisterait à acheter des produits américains comme du gaz naturel liquéfié (GNL) ou des armes pour tenter d'échapper à un conflit commercial avec Trump, et une approche « offensive » qui pourrait donner lieu à des mesures de rétorsion.