Il faut tout remettre en question, selon l'artiste égyptienne Heba Amin

Les œuvres de Heba Amin sont connues pour l'analyse des rapports entre la société et la technologie. (Photo fournie)
Les œuvres de Heba Amin sont connues pour l'analyse des rapports entre la société et la technologie. (Photo fournie)
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Publié le Dimanche 18 octobre 2020

Il faut tout remettre en question, selon l'artiste égyptienne Heba Amin

LONDRES : De nombreux artistes voient dans le montage final d'une exposition, le couronnement de plusieurs mois ou années de travail – pour plusieurs, c’est le moment où leur implication dans le processus artistique prend fin.

Mais pour l'artiste égyptienne Heba Amin, en dévoilant sa première exposition individuelle au Royaume-Uni, son travail ne fait que commencer.  L'exposition intitulée « When I see the future, I close my eyes » (Quand je vois l'avenir, je ferme les yeux) se tient jusqu'à la fin mars 2021 à la galerie Mosaic Rooms à Londres. Elle comprend une série de projets en cours qui présentent le regard de l'artiste, basée à Berlin, sur la manière dont la technologie s'engage dans la société au sens politique et géographique.

« L'aspect le plus passionnant de cette exposition est que le conservateur d’art  Anthony Downey et moi-même explorons comment nous servir de l'exposition pour développer des connaissances, en coopérant avec les autres.  Mon travail est très intense en matière de recherche et nécessite une collaboration quant à la manière dont j'exploite le matériel » explique Mme Amin à Arab News. « Comment alors créer de nouveaux contenus, en mettant en avant des questions ou des idées qui seront développées tout au long de l'exposition, plutôt que de les présenter dans un format statique et fini » ?

Sa première exposition individuelle au Royaume-Uni, « When I see the future, I close my eyes» (Quand je vois l'avenir, je ferme les yeux), se tient à la galerie Mosaic Rooms à Londres jusqu'en mars 2021. (Photo fournie)

Les œuvres de Heba Amin sont connues pour les recherches approfondies et détaillées portant sur la manière dont la société contemporaine utilise les outils technologiques ainsi que sur l'évolution des hiérarchies et des dynamiques de pouvoir qui y sont associées, en particulier au Moyen-Orient. L’exposition « When I see the future... » était prévue pour le mois de mai 2020 et constitue le noyau d'un vaste programme d'événements, qui se dérouleront au cours des six prochains mois.

« Plusieurs événements sont organisés presque chaque semaine, notamment des tables rondes, des conférences, des projections de films en podcast, des lancements de livres et de revues, et bien d'autres encore »", explique Mme Amin. La pandémie de Covid-19, qui a repoussé le lancement, a influencé le déroulement de certains de ces événements. Elle joue, certes, un rôle dans l'interactivité permanente qui caractérise l'exposition.

« Nous examinons comment les évènements dans le monde numérique sont projetés différemment dans le monde réel », explique-t-elle. « Donc, au lieu de considérer cette situation - d'avoir à faire des choses à distance - comme une contrainte, nous l'adoptons, pour voir comment cette voie nous permettra d’aller de l'avant. Nous essayons de nous concentrer conceptuellement sur les outils technologiques, non seulement parce que nous en avons besoin, mais aussi pour voir où ils nous mèneront réellement ».

L'une des œuvres de l'exposition, « La Cigogne du Général », est un projet frappant portant sur le thème de la surveillance.

Il faut donc placer certains de ces outils dans un contexte historique - caractéristique du travail de Mme Amin - et se pencher sur des exemples où ces dispositifs et capacités, qui encouragent aujourd'hui la communication pendant le confinement mondial, jouent un rôle plus problématique.

 « Parmi mes œuvres, un projet intitulé « Project Speak2Tweet ». Il traite de la coupure de l'internet durant les premiers jours de la révolution égyptienne en 2011. Il évoque la manière dont ces outils - qui étaient alors présentés comme un moyen démocratique d'émancipation - ont été utilisés contre nous », explique Mme Amin. L'idée que ces technologies n'ont peut-être pas été à la hauteur des attentes initiales et utopiques est également explorée dans une autre œuvre de l'exposition, « Operation Sunken Sea ». Mme Amin y apparait comme un dictateur derrière un quasi-schéma de drainage de la mer Méditerranée, dans une vision à la limite du surréalisme. Cette œuvre montre comment la technologie peut cacher une dépendance derrière le masque d'un langage et d'une rhétorique.

« Le regard utopique que nous avons à l’égard de la technologie n'a guère changé en 150 ans », dit Mme Amin. « A travers les restrictions qui nous sont imposées en raison de la pandémie, je réfléchis à l'endroit où la dynamique du pouvoir est ancrée dans les technologies dont nous sommes dépendants. Comment pouvons-nous en parler alors que nous nous trouvons plongés dans cette situation ? »

 

 « La Cigogne du Général », projet frappant sur le thème de la surveillance, raconte l'histoire remarquable – mais vraie – d'un oiseau migrateur détenu par les autorités égyptiennes pour espionnage en 2013.

 « La Cigogne du Général », projet frappant sur le thème de la surveillance, raconte l'histoire remarquable – mais vraie – d'un oiseau migrateur détenu par les autorités égyptiennes pour espionnage en 2013.

Selon Mme Amin, « cette œuvre aborde le développement de la guerre des drones avec le Moyen-Orient en toile de fond, et la façon dont ces oiseaux motorisés sont utilisés pour surveiller les citoyens partout dans le monde. « Dans la période d'hystérie et de panique où nous vivions, la pandémie vient justifier davantage le recours à ces technologies».

Lors d'un entretien vidéo, Mme Amin a accordé plus d’envergure à l'exploration de ces technologies. Pour elle, « nous sommes devenus si dépendants des plateformes en ligne dans le domaine de l'éducation. Les universités et les écoles proposent des cours via des services qui contrôlent en fin de compte la manière dont nous transmettons l'information. Que se passe-t-il lorsque nous sommes surveillés par ces plateformes et quand on nous dit ce que nous pouvons et ne pouvons pas enseigner, et de quelle manière ? À qui cela sert-il ? »

Les trois œuvres présentées dans le cadre de l'exposition « When I see the future... » mettent en évidence la curiosité intense qui se manifeste dans les propos de Mme Amin. Une curiosité qu'elle conserve de son enfance en Égypte. « Dès mon plus jeune âge, je me posais des questions avec un certain scepticisme », se souvient-elle. « L'éducation artistique a vraiment aiguisé et développé ces compétences ».

« As Birds Flying » (2016) est une réplique au récit des médias en Egypte qui a fait d'un oiseau un symbole de la paranoïa de l'Etat. (Photo fournie)

« As Birds Flying » (2016) est une réplique au récit des médias en Egypte qui a fait d'un oiseau un symbole de la paranoïa de l'Etat. (Photo fournie)

Heba Amin a été soutenue par sa famille qui l'a encouragée à s'exprimer. Elle s'est installée dans le Minnesota pour y obtenir une licence en art de studio, et est restée active sur le plan académique parallèlement à son travail. Mme Amin enseigne actuellement au Bard College de Berlin, est titulaire d'une bourse de doctorat en histoire de l'art à la Freie Universität et d'une bourse Field of Vision à New York. Elle est également conservatrice d'arts visuels à la Mizna de Minneapolis, co-commissaire du programme de résidence biennal avec l'association italienne Ramdom et co-fondatrice du Black Athena Collective - un projet d'art et de recherche qui explore la manière dont la pratique artistique documente l'histoire.

Mme Amin vit et travaille actuellement à Berlin, une ville qui, selon elle, permet le genre d'expérimentation artistique que des villes comme New York ou Londres ne pourraient pas offrir. C'est aussi un endroit qui attire beaucoup de talents expatriés en provenance du monde arabe.

«  En raison de toutes ces révolutions ratées, une grande partie de la scène intellectuelle et artistique arabe s'est installée ici », explique-t-elle. « Cette situation comporte quelque chose d'incroyablement triste, mais, dans ces circonstances, nous utilisons cet espace pour refaire nos vies et continuer à nous battre pour défendre nos idées ».

Heba Amin

Heba Amin

Elle est fascinée par un autre exemple d'une dualité. Alors que l'exposition « When I see the future... » continue de grandir et d'évoluer, Mme Amin est ravie des possibilités qu’offre le discours de son exposition, auprès du public de Londres et du monde entier.

 « C'est une opportunité si rare – d'engager mon travail dans le cadre d'un vaste programme public comme celui-ci – un programme que j'ai l'occasion de contribuer à façonner. De nouveaux travaux émergeront au cours des discussions et des événements. Nous publierons de nombreux documents, y compris des revues évaluées par des pairs ».

De plus, un sentiment de libération se dégage de l'installation finale, qui est tout sauf définitive. « Vers la fin du spectacle, il est possible que tout change. Et c'est excitant parce que ça me permet de faire mon propre spectacle », ajoute-t-elle. « Bien souvent, vous n'avez pas cette opportunité. Mes œuvres exposées, tout en étant entourées d’un show public qui ne fait que les développer davantage ? C'est très excitant ».

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


La réserve royale saoudienne lance un camp Naylat de 45 jours à Hail

Le camp dispose d'installations conçues pour améliorer l'expérience des visiteurs tout en promouvant un écotourisme durable (SPA)
Le camp dispose d'installations conçues pour améliorer l'expérience des visiteurs tout en promouvant un écotourisme durable (SPA)
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  • Les visiteurs peuvent faire des promenades à dos de chameau ou à cheval, emprunter des sentiers de randonnée difficiles, observer les étoiles et explorer les sites archéologiques et historiques de la réserve
  • Le camp dispose d'installations conçues pour améliorer l'expérience des visiteurs tout en promouvant un écotourisme durable, selon SPA

RIYADH : L'Autorité royale de développement de la réserve du roi Salman bin Abdulaziz a lancé le camp Naylat, un événement de 45 jours dans la région de Hail, a rapporté lundi l'Agence de presse saoudienne.

Situé dans l'époustouflante région de Naylat, réputée pour ses montagnes vertigineuses, son sable doré, son ciel dégagé et sa tranquillité, le camp offre un mélange d'aventure et de détente.

Les visiteurs peuvent faire des promenades à dos de chameau ou à cheval, emprunter des sentiers de randonnée difficiles, observer les étoiles et explorer les sites archéologiques et historiques de la réserve.

Le camp dispose d'installations conçues pour améliorer l'expérience des visiteurs tout en promouvant un écotourisme durable, selon SPA.

L'initiative vise à promouvoir le tourisme durable en mettant en valeur la beauté naturelle de la région, en sensibilisant à la préservation de la biodiversité et en soutenant la communauté locale grâce à des emplois saisonniers et au développement régional.

La réserve du roi Salman couvre une superficie de 130 700 km² et s'étend sur quatre régions administratives : Al-Jawf, Hail, Frontières Nord et Tabuk. Elle se caractérise par une grande diversité d'habitats naturels, de terrains et de formations géographiques.


Sofia Carson brille à New York avec des marques libanaises aux côtés d'Andrea Bocelli

Le film raconte les trois jours de concerts de M. Bocelli en juillet en Italie pour célébrer ses 30 ans de carrière dans l'industrie de la musique. (Arab news)
Le film raconte les trois jours de concerts de M. Bocelli en juillet en Italie pour célébrer ses 30 ans de carrière dans l'industrie de la musique. (Arab news)
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  • Ce week-end, Carson s'est produite au Madison Square Garden de New York aux côtés du légendaire ténor italien Andrea Bocelli dans une robe écarlate de la ligne Autum/ Winter Couture 2022 d'Elie Saab
  • En octobre, la chanteuse et actrice de "Purple Hearts" a été aperçue à New York dans un look couture Elie Saab à capuchon de la collection printemps-été 2024 de la maison, tandis qu'au début du mois, elle a foulé le tapis rouge à Rome dans une autre robe

DUBAI: La chanteuse et actrice Sofia Carson a continué de célébrer les créateurs libanais en portant leurs créations lors de deux défilés à New York cette semaine, après avoir déjà arboré plusieurs fois des looks d'Elie Saab et Zuhair Murad lors d'événements cette année.

Ce week-end, Carson s'est produite au Madison Square Garden de New York aux côtés du légendaire ténor italien Andrea Bocelli dans une robe écarlate de la ligne Autum/ Winter Couture 2022 d'Elie Saab. Un jour plus tard, elle est montée sur scène pour la deuxième partie de l'événement portant une robe noire en taffetas à épaulettes de la collection de prêt-à-porter pré-Automne 2024 de Zuhair Murad.

"Lorsque j’ai quitté la scène, ma mère, la créatrice de mes rêves, me tient la main et me demande ce que je ressens. Je lui dis 'Je me sens exaltée'", écrit Carson sur Instagram, accompagnant un carrousel de photos prises en coulisses, où elle porte la création de M. Murad."

En octobre, la chanteuse et actrice de "Purple Hearts" a été aperçue à New York dans un look couture Elie Saab à capuchon de la collection printemps-été 2024 de la maison, tandis qu'au début du mois, elle a foulé le tapis rouge à Rome dans une autre robe signée du créateur.

Lors de la première d’ “Andrea Bocelli 30 - The Celebration” à Rome, Carson a arboré une robe vert d'eau de la collection couture automne/hiver 2023 d'Elie Saab.

L'encolure symétrique en A et la jupe balayante ont apporté une dose de glamour sur le tapis rouge, Carson ayant opté pour une coiffure élégante et des boucles d'oreilles en diamant et émeraude.

"Honorée d'avoir été à vos côtés lors de la première de votre film", a écrit l'actrice sur Instagram, sous une photo aux côtés de M. Bocelli.

Le film raconte les trois jours de concerts de M. Bocelli en juillet en Italie pour célébrer ses 30 ans de carrière dans l'industrie de la musique.

En mai, Carson a été vue sur la Côte d'Azur alors qu'elle foulait le tapis rouge du Festival de Cannes dans un autre look signé Saab. La star a opté pour un ensemble aux tons olive de la collection couture printemps/été 2024 du créateur.

Carson est une grande fan des couturiers libanais. En 2022, l'actrice a assisté au Global Citizen Festival à New York dans un look coordonné de la collection Resort 2023 de Zuhair Murad. Fin 2023, elle fait une apparition élégante dans une robe Zuhair Murad lors de la deuxième édition de l'événement annuel 'Cam for a Cause', en mémoire de son ancienne co-star Cameron Boyce.
 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Diriyah Art Futures: L'artiste William Brooks à la recherche d'une nouvelle inspiration

Radio Tapestry, 2022, 233x100cm, installation sonore; plaques de zinc gravées reliées par un fil de cuivre, interfacées avec un ordinateur Raspberry Pi. (Photo fournie)
Radio Tapestry, 2022, 233x100cm, installation sonore; plaques de zinc gravées reliées par un fil de cuivre, interfacées avec un ordinateur Raspberry Pi. (Photo fournie)
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  • Le nouveau programme offre un accès à des équipements et installations professionnels, un budget de production et des expériences d'apprentissage
  • M. Brooks a évoqué, dans un entretien accordé à Arab News, sa démarche artistique et ce qu'il espère tirer de cette expérience

DUBAÏ: Le centre saoudien de création artistique Diriyah Art Futures a sélectionné 12 artistes pour son programme inaugural Emerging New Media Artists Program cet hiver, le talent gallois William Brooks ayant été retenu.

S'étendant sur un an, le nouveau programme offre un accès à des équipements et installations professionnels, un budget de production, des expériences d'apprentissage avec des professeurs internationaux spécialisés dans l'art des nouveaux médias et des mentorats.

M. Brooks a évoqué, dans un entretien accordé à Arab News, sa démarche artistique et ce qu'il espère tirer de cette expérience.

«La perspective de travailler dans un lieu culturellement et géographiquement éloigné de mon pays d'origine offre une expérience unique», a-t-il expliqué.

«Je m'attends à ce que l'importance historique de Diriyah, combinée au vibrant discours contemporain sur l'art, la technologie et la culture dans la région, donne de nouvelles orientations à mon travail et approfondisse mon engagement envers les concepts que j'explore.»

Brooks est particulièrement impatient de travailler avec une cohorte mondiale d'artistes, de chercheurs et de mentors. Il poursuit: «Je crois qu'un aspect crucial de l'art est la curiosité. Cette opportunité me donne les moyens de puiser dans des connaissances diverses et riches.»

En ce qui concerne son travail, l'artiste pluridisciplinaire a récemment expérimenté le médium de l'installation dans le but de fusionner les processus historiques avec les nouvelles technologies. Son œuvre la plus récente, par exemple, «associe l'utilisation de procédés traditionnels de gravure sur métal à l'imagerie numérique de la communication numérique, souvent négligée mais omniprésente».

L'intérêt de Brooks pour les signaux numériques et leur rôle vital dans la vie moderne quotidienne vise à explorer et à mettre en évidence la manière dont «ces connexions façonnent nos interactions et nos identités d'une manière que nous négligeons souvent».

Il ajoute: «En rendant ces éléments numériques visibles, je cherche à susciter une réflexion sur les implications de la vie dans un monde de plus en plus médiatisé par la technologie.»

Malgré la nature apparemment futuriste de son travail, l'artiste tient à se pencher sur l'histoire pour éclairer son processus.

Il dit: «Lorsque j'aborde un projet, je commence par me plonger dans des archives, des documents historiques ou des artefacts, afin de découvrir la manière dont les anciennes technologies ou formes de médias étaient autrefois utilisées, comprises et expérimentées.»

«Cette recherche historique est une tentative de voir comment ces formes médiatiques passées peuvent recontextualiser et critiquer les avancées technologiques d'aujourd'hui.»

M. Brooks reconnaît que traduire des concepts aussi abstraits en œuvres d'art physiques n'est pas une mince affaire et il est particulièrement fier de son œuvre de 2022 intitulée «Radio Tapestry».

Il déclare: «Cette œuvre a consisté à traduire des données provenant de réseaux sans fil et d'appareils numériques en une installation visuelle et sonore de plaques gravées, permettant au public de faire l'expérience des signaux électromagnétiques autrement invisibles dont nous dépendons et qui nous entourent tous les jours.»

«Le défi consistait non seulement à faire fonctionner la technologie en douceur, mais aussi à créer une installation qui communique la profondeur conceptuelle de l'œuvre, en soulignant comment ces signaux intangibles façonnent notre environnement.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com