PARIS : «Accélérer jusqu'au bout»: Emmanuel Macron, donné gagnant dans les enquêtes d'opinion, et Marine Le Pen jettent leurs dernières forces dans la bataille vendredi, ultime jour de la campagne officielle du second tour de l'élection présidentielle.
Tout en se démultipliant dans les médias, le président sortant tiendra un dernier meeting à Figeac, dans le département rural du Lot qui a voté massivement pour lui il y a cinq ans.
L'objectif est de «continuer à accélérer jusqu'au bout» de la campagne et «éviter une démobilisation» des électeurs, expliquait jeudi son entourage, au lendemain du face-à-face très attendu entre les deux adversaires, qui n'a pas infléchi la dynamique favorable au président sortant dans les sondages.
- «Rien n'est joué» -
Emmanuel Macron est donné vainqueur dans une fourchette allant de 55,5 à 57,5% des intentions de vote. Cet écart s'est creusé au fil de la campagne mais il reste moindre qu'en 2017 quand le candidat En Marche avait remporté l'élection avec 66,1% des voix, contre la même candidate d'extrême droite.
«Rien n'est joué», a averti jeudi le président candidat, appelant ses partisans à «redoubler d'efforts», au cours d'un déplacement consacré aux banlieues et à la rénovation urbaine en Seine-Saint-Denis.
Vendredi, après la matinale de France Inter, Emmanuel Macron «parlera à Figeac, dans le cœur de la France, de la ruralité, des délocalisations...», selon un conseiller.
Avant le second tour dimanche, Emmanuel Macron présente le scrutin comme celui du choix entre «un projet républicain et un projet de sortie de la République, de sa laïcité, de sa fraternité».
- «Front anti-Macron» -
La candidate du Rassemblement national a elle tenu jeudi soir à Arras, la préfecture du Pas-de-Calais, son dernier meeting, qui a pris des allures de «tout sauf Macron». Fustigeant «un Emmanuel Macron nonchalant, condescendant, et d’une arrogance sans limites», lors du débat de mercredi, Marine Le Pen a promis d'être «la présidente du respect des Français».
Dimanche, «la question sera finalement assez simple : Macron ou la France ?», a-t-elle lancé, appelant à voter «pour le seul front qui soit républicain, le front anti-Macron».
La candidate tente ainsi de détourner à son avantage la notion de «front républicain» et de «tout sauf l'extrême droite», levier actionné en 2002 contre son père puis en 2017 contre elle-même pour faire barrage à l'extrême droite.
Marine Le Pen sera encore sur le terrain vendredi. Elle mettra un point final à sa campagne à Abbeville, dans la Somme, ville où elle est arrivée en tête au premier tour devant son adversaire.
L'enjeu pour les deux finalistes dans ces dernières heures combatives est de mobiliser les abstentionnistes, convaincre les hésitants et séduire l'électorat du chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, plus gros réservoir de voix à l'issue du premier tour (près de 22%).
Le troisième homme de la présidentielle, qui s'est déjà projeté dans les législatives de juin, s'est refusé à donner d'autre consigne au second tour que «pas une voix à Mme Le Pen».
Facteur de risque supplémentaire de démobilisation des électeurs, les trois zones scolaires seront en vacances ce week-end, avec notamment le début du congé de printemps pour la région parisienne.
Selon les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur, 601.833 nouvelles procurations ont été établies entre le lendemain du premier tour et jusqu'à mercredi inclus, sachant qu'il est possible de donner procuration jusqu'au jour-même de l'élection.
Pour les candidats en revanche, la campagne s'arrêtera ce vendredi à minuit en métropole.
Réunions publiques, distributions de tracts et propagande numérique des candidats seront interdits. Aucune interview ni aucun sondage ou estimation de résultat ne pourra être publié avant les résultats dimanche à 20H00.
En Guadeloupe, Guyane, Martinique, à Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon et en Polynésie française où le scrutin est avancé à samedi, la campagne a pris fin localement jeudi à minuit.