Ramadan: une réfugiée palestinienne de 85 ans, un exemple exceptionnel en Israël

Les Palestiniens d'Israël se préparent au ramadan des semaines à l'avance; ils tiennent à se conformer à l'ensemble des coutumes et des traditions. (Photo fournie)
Les Palestiniens d'Israël se préparent au ramadan des semaines à l'avance; ils tiennent à se conformer à l'ensemble des coutumes et des traditions. (Photo fournie)
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Publié le Mercredi 13 avril 2022

Ramadan: une réfugiée palestinienne de 85 ans, un exemple exceptionnel en Israël

  • «Nous continuons à adhérer à notre religion et à notre héritage», affirme Oum Souhaïl Butto
  • Les tentatives d'Israël pour isoler la communauté arabe de Palestine ont échoué, explique un chercheur à Arab News

PALESTINE: Deux millions de Palestiniens vivent en Israël. Ils sont majoritairement musulmans. Déplacés de leurs villages en 1948, ils se sont installés dans les régions avoisinantes.
Les «Arabes israéliens», comme on les désigne en Israël, ne sont autres, pour les Palestiniens, que «les Arabes de 1948» ou «les Palestiniens de la terre occupée de 1948».
Durant le ramadan, les musulmans qui vivent dans des zones à prédominance arabe conservent, pour la plupart, les traditions du mois sacré. En revanche, les personnes qui habitent les zones majoritairement juives éprouvent des difficultés à pratiquer les rites du ramadan dans les lieux publics. Elles y parviennent, néanmoins, dans le confort de leur maison.
Oum Souhaïl Butto, une réfugiée palestinienne de 85 ans qui vit en Israël, offre un modèle bien particulier.
Au moment de la Nakba (le terme arabe de «nakba» signifie «catastrophe» ou «désastre»; il désigne, pour les Arabes palestiniens, l'exode palestinien de 1948, NDRL), elle n'avait que 12 ans. Sa famille a été contrainte de fuir son village, Al-Moujaidil, pour se réfugier dans la ville voisine de Nazareth.
Oum Souhaïl maîtrise trois langues: l'arabe, l'hébreu et l'anglais. Elle a pourtant quitté l'école avant même de terminer le cycle primaire. Le Coran, elle le connaît par cœur.
«La plupart d'entre nous, ici, sont musulmans. Notre comportement, nos coutumes et nos traditions n'ont pas changé au cours des longues années qui se sont écoulées depuis la Nakba. Nous restons fidèles à notre religion et à notre héritage», explique-t-elle.
Pour les Palestiniens qui vivent en Israël, le ramadan est associé à des rituels particuliers. Ils sont transmis de génération en génération et comprennent des rites religieux et des prières prescrites ainsi que les prières du Tarawi dans les mosquées. Les coutumes sociales, quant à elles, prévoient des banquets et des iftars.
«Le ramadan est le mois des bienfaits et des bénédictions. Nous respectons le jeûne pendant la journée. La nuit, nous nous rassemblons dans nos villages et nos villes et nous organisons des rencontres autour de l'iftar», explique Mme Butto.
«Le musharati [la personne qui parcourt les rues avec un tambour afin de réveiller les fidèles pour les prières et pour le repas de sahur, NDRL] fait le bonheur des enfants. Certains jours du ramadan, nous multiplions les visites à la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem, pour y accomplir les prières, à la recherche de bénédictions», raconte-t-elle.
Les Palestiniens d'Israël se préparent au ramadan des semaines à l'avance. Les marchés et les magasins sont en pleine effervescence et, les jours qui précèdent l'Aïd al-Fitr, on achète des vêtements et des cadeaux.
Oum Souhaïl observe des rituels spéciaux pour le ramadan. Si elle lit le Coran tous les jours pendant toute l'année, elle s'y consacre davantage pendant le mois sacré.
Elle propose également des cours de religion dans la mosquée Al-Salam, située non loin de chez elle, notamment pour les femmes. Elle enseigne la récitation et l'intonation correctes du Coran.
L'âge d’Oum Souhaïl ne l'empêche pas de participer activement à la préparation des repas de l'iftar et du sahur. Elle utilise pour leur élaboration des légumes frais de saison.
«Le ramadan s'accompagne d'une saveur particulière et nous tenons à décorer les maisons, les rues et les magasins. Vous trouvez partout des lanternes et des lumières colorées», explique Nawal, 66 ans, fille unique d’Oum Souhaïl. Tous ses cousins sont des garçons.

En bref

Pour Jamal Amr, un chercheur spécialisé dans la question des Palestiniens d'Israël, la communauté arabe de Palestine «est une partie intégrante du peuple palestinien; ils partagent les mêmes religions, coutumes et traditions, et les tentatives d'Israël pour lui ôter son identité et ses croyances ont échoué».

Mohammed Watd, un journaliste palestinien qui habite dans la ville arabe d’Oum al-Fahm, affirme que «nous vivons le ramadan chez nous de la même manière que les habitants de Cisjordanie et de Gaza. Notre nous nous réunissons autour de la même table pour manger la mloukhiya; nous partageons les mêmes coutumes et les mêmes traditions».
Dans la soirée, après avoir accompli les prières du Tarawi à la mosquée, Mohammed Watd et les jeunes de la ville se rassemblent dans les cafés pour regarder les matchs de football ou suivre les programmes télévisés du ramadan.
En effet, la ville où il vit compte environ six mosquées surpeuplées de fidèles pendant le mois du ramadan. Les fidèles veillent scrupuleusement à accomplir les cinq prières et celles du Tarawi à l'intérieur des mosquées.
Pour Jamal Amr, un chercheur spécialisé dans la question des Palestiniens d'Israël, la communauté arabe de Palestine «est une partie intégrante du peuple palestinien; ils partagent les mêmes religions, coutumes et traditions, et les tentatives d'Israël pour lui ôter son identité et ses croyances ont échoué».
D'après lui, les tentatives d'Israël ont un effet «contraire», dans la mesure où elles «éveillent les consciences, sensibilisent davantage les populations arabes du pays, attisent leurs émotions et les rapprochent davantage de leur identité nationale et religieuse».
Selon Jamal Amr, les Palestiniens, et plus particulièrement la jeune génération, affrontent de grandes difficultés qui résultent des politiques israéliennes appliquées depuis la Nakba.
Israël s'efforce de les isoler de leur entourage palestinien et arabe, ce qui influence leur religion, leurs coutumes et leurs traditions, ajoute-t-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le pape appelle les Libanais à «rester» dans leur pays

Le pape américain a salué la "résilience" d'un "peuple qui ne succombe pas, mais qui sait toujours renaître avec courage face aux épreuves". (AFP)
Le pape américain a salué la "résilience" d'un "peuple qui ne succombe pas, mais qui sait toujours renaître avec courage face aux épreuves". (AFP)
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  • Arrivé de Turquie dans le cadre de son premier déplacement international, Léon XIV est venu porteur d'un message de paix au Liban, qui craint le retour d'un conflit ouvert avec Israël
  • Dans un discours au palais présidentiel peu après son arrivée, il a insisté sur la situation intérieure et la nécessité d’œuvrer pour la "paix" - un mot répété 27 fois - sans évoquer les tensions régionales ni les récents bombardements israéliens

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a exhorté dimanche les Libanais à "rester" dans leur pays, où l'effondrement économique a aggravé l'émigration massive, et appelé à la "réconciliation" pour surmonter les profonds clivages politiques et communautaires au Liban.

Arrivé de Turquie dans le cadre de son premier déplacement international, Léon XIV est venu porteur d'un message de paix au Liban, qui craint le retour d'un conflit ouvert avec Israël.

Dans un discours au palais présidentiel peu après son arrivée, il a insisté sur la situation intérieure et la nécessité d’œuvrer pour la "paix" - un mot répété 27 fois - sans évoquer les tensions régionales ni les récents bombardements israéliens.

Léon XIV a également souligné le besoin "d’autorités et d’institutions qui reconnaissent que le bien commun est supérieur à celui d’une partie", et appelé la classe dirigeante à "se mettre au service du peuple avec engagement et dévouement".

La crise économique inédite qui a éclaté à l'automne 2019 et ruiné les Libanais a été imputée en grande partie à la négligence de la classe politique, régulièrement accusée de clientélisme communautaire et de corruption.

Evoquant "une hémorragie de jeunes et de familles" quittant le pays, il a reconnu qu'"il arrive parfois qu'il soit plus facile de fuir ou, tout simplement, plus pratique d'aller ailleurs". "Il faut vraiment du courage et de la clairvoyance pour rester ou revenir dans son pays", a-t-il déclaré.

L'effondrement économique depuis 2019 a accentué l'émigration massive depuis le pays, notamment des jeunes parmi lesquels un grand nombre de chrétiens.

En l'absence de chiffres officiels, un centre de recherche indépendant, al-Doualiya, estime que 800.000 Libanais ont émigré entre 2012 et 2024. La population actuelle est estimée à 5,8 millions d'habitants, dont plus d'un million de réfugiés syriens.

"Résilience" 

Dans son discours devant les responsables, la société civile et le corps diplomatique, accueilli par des applaudissements, le pape américain a appelé le Liban à "emprunter la voie difficile de la réconciliation" pour refermer les "blessures personnelles et collectives".

"Si elles ne sont pas soignées, si l'on ne travaille pas à une guérison de la mémoire, à un rapprochement entre ceux qui ont subi des torts et des injustices, il sera difficile d'avancer vers la paix", a-t-il mis en garde.

Le pays a connu une longue guerre civile (1975-1990) au sortir de laquelle aucun travail de mémoire ni de véritable réconciliation n'a été fait.

La dernière guerre avec Israël a approfondi les clivages, le Hezbollah chiite ayant ouvert le front contre Israël en octobre 2023 pour soutenir le Hamas palestinien, soulevant l'opposition d'une grande partie des autres communautés, dont les chrétiens.

Le pape américain a salué la "résilience" d'un "peuple qui ne succombe pas, mais qui sait toujours renaître avec courage face aux épreuves".

"Vous avez beaucoup souffert des conséquences d’une économie qui tue, de l'instabilité mondiale qui a également, au Levant, des répercussions dévastatrices de la radicalisation des identités et des conflits, mais vous avez toujours voulu et su recommencer", a lancé le chef de l'Eglise catholique.

Pour sa part, le président libanais Joseph Aoun, seul chef d'Etat chrétien du monde arabe, a assuré dans son discours que "la sauvegarde du Liban, unique modèle de coexistence" entre chrétiens et musulmans, "est un devoir pour l’humanité".

"Car si ce modèle venait à disparaître, nul autre lieu ne pourrait le remplacer", a-t-il ajouté.

"Dites au monde entier que nous ne mourrons pas, nous ne partirons pas, nous ne désespérerons pas et nous ne nous rendrons pas (...) Nous demeurons l’unique espace de rencontre, dans notre région - et si j’ose dire dans le monde entier", a encore dit le président libanais.

 


L’Arabie saoudite fournit plus de 142 milliards de dollars d’aide à 173 pays

Al-Rabeeah a déclaré que le Royaume avait mené à bien 8 406 projets humanitaires, d'aide, de développement et caritatifs d'une valeur totale de plus de 142 milliards de dollars dans 173 pays. (Fourni)
Al-Rabeeah a déclaré que le Royaume avait mené à bien 8 406 projets humanitaires, d'aide, de développement et caritatifs d'une valeur totale de plus de 142 milliards de dollars dans 173 pays. (Fourni)
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  • Al-Rabeeah a ajouté que, sous la direction du roi Salmane et du prince héritier Mohammed ben Salmane, les efforts humanitaires du Royaume s’étaient considérablement intensifiés

LONDRES : Le Dr Abdullah Al-Rabeeah, directeur général de KSrelief, a souligné le rôle de premier plan joué par l'Arabie saoudite dans l'action humanitaire mondiale.

Lors d’une conférence sur l’humanité en médecine au Zayed Centre for Research into Rare Disease in Children, au Great Ormond Street Hospital de Londres, Al-Rabeeah a indiqué que le Royaume avait réalisé 8 406 projets humanitaires, de secours, de développement et caritatifs, pour une valeur de plus de 142 milliards de dollars dans 173 pays.

Cela le classe au premier rang du monde arabe et en fait l’un des principaux donateurs au niveau international.

Al-Rabeeah a ajouté que, sous la direction du roi Salmane et du prince héritier Mohammed ben Salmane, les efforts humanitaires du Royaume s’étaient fortement développés.

Depuis sa création en 2015, KSrelief a à lui seul mis en œuvre 3 881 projets d’une valeur de plus de 8,25 milliards de dollars dans 109 pays, couvrant des secteurs clés tels que la santé, la sécurité alimentaire, l’éducation et l’eau.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les forces israéliennes tuent 13 personnes lors d'une opération dans le sud de la Syrie

Un homme assis sur des décombres dans un site endommagé à la suite d'un raid israélien vendredi à Beit Jinn, en Syrie. (Reuters)
Un homme assis sur des décombres dans un site endommagé à la suite d'un raid israélien vendredi à Beit Jinn, en Syrie. (Reuters)
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  • Des troupes israéliennes ont arrêté des membres présumés de ce que l’armée a appelé l’organisation Jemaah islamique lors d’une opération nocturne dans le village syrien de Beit Jinn
  • Au moins 10 personnes auraient été tuées lors du raid, selon la télévision d’État syrienne.

DUBAÏ : Au moins 13 personnes ont été tuées et 24 blessées par les forces israéliennes lors d’un raid nocturne sur le village de Beit Jinn, dans le sud de la Syrie, selon l’agence syrienne SANA.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a condamné l’opération comme un « crime de guerre » et accusé Israël de vouloir « enflammer la région ».

« Nous dormions quand nous avons été réveillés à trois heures du matin par des tirs », a raconté le blessé Iyad Taher à l’AFP depuis l’hôpital Al-Mouwassat à Damas.

« Nous sommes sortis pour voir ce qui se passait et nous avons vu l’armée israélienne dans le village, des soldats et des chars. Puis ils se sont retirés, l’aviation est arrivée et les obus ont commencé à tomber. J’ai été touché au cou par des éclats. »

Un responsable local a indiqué à l’AFP que les forces israéliennes avaient fait irruption dans le village pour capturer trois hommes, déclenchant des affrontements.

« Après les affrontements, les forces d’occupation israéliennes ont bombardé la zone à l’artillerie et aux drones », a déclaré le responsable du village, Abdul Rahman Al-Hamrawi.

À l’hôpital, Ahmad Kamal a raconté à l’AFP que lui et d’autres « avaient ouvert le feu sur la patrouille israélienne pour se défendre et les empêcher de nous emmener. Mon frère a été tué et j’ai été blessé. »

Les troupes israéliennes affirment avoir arrêté des membres présumés de la Jamaa Islamiya, groupe basé au Liban et allié au Hamas palestinien, lors de l’opération nocturne.

Selon l’armée israélienne, les soldats ont essuyé des tirs et ont riposté avec un soutien aérien, faisant six blessés dans leurs rangs.

L’armée affirme que toutes les cibles recherchées ont été arrêtées et que plusieurs combattants ont été tués, ajoutant que des troupes restent déployées dans la zone.

Israël a mené de nombreuses frappes en Syrie en 2025, visant des secteurs autour de Damas et dans le sud du pays, affirmant vouloir contrer des menaces et protéger la communauté druze proche de la frontière.

Israël dit agir contre des groupes qu’il considère comme hostiles, tandis que les autorités syriennes affirment que les frappes ont tué des soldats.

Depuis la chute du président syrien Bachar Al-Assad en décembre 2024 et l’arrivée d’un nouveau leadership à Damas, Israël a mené des centaines de frappes en Syrie.

Israël a également envoyé des troupes dans la zone tampon patrouillée par l’ONU, qui sépare les forces israéliennes et syriennes sur le plateau du Golan depuis 1974.

Israël occupe le Golan syrien depuis 1967 et l’a annexé en 1981, une décision non reconnue par la communauté internationale.

Dans une résolution adoptée le 6 novembre, le Conseil de sécurité de l’ONU a réaffirmé son ferme soutien à la « souveraineté, l’indépendance, l’intégrité territoriale et l’unité nationale » de la Syrie.

Au cours de l’été, des contacts de haut niveau ont eu lieu entre responsables israéliens et syriens, avec l’aide de Paris et Washington.

L'envoyée spéciale adjointe de l’ONU pour la Syrie, Najat Rochdi, a condamné l’attaque israélienne, la qualifiant de « violation grave et inacceptable de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie ».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com