Emmanuel Macron, de l'ambition de la transformation au «travailler plus»

Emmanuel Macron a tenté de rectifier le tir, mettant en avant les mesures plus sociales de son programme (Photo, AFP).
Emmanuel Macron a tenté de rectifier le tir, mettant en avant les mesures plus sociales de son programme (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 13 avril 2022

Emmanuel Macron, de l'ambition de la transformation au «travailler plus»

  • Entré en campagne tardivement, Emmanuel Macron a eu peu de temps pour développer son programme économique
  • Emmanuel Macron place la réindustrialisation et la souveraineté économique de la France et de l'Europe parmi ses priorités

PARIS: Après cinq ans à l'Elysée, le président-candidat Emmanuel Macron garde le cap d'un programme économique centré sur la priorité au travail, l'attractivité de la France et un certain sérieux budgétaire, au risque d'apparaître plus éloigné des craintes très immédiates des Français sur leur pouvoir d'achat.

Entré en campagne tardivement, Emmanuel Macron a eu peu de temps pour développer son programme économique, mais deux propositions monopolisent déjà l'attention: le recul progressif de l'âge de départ à la retraite à 65 ans et l'attribution du RSA sous conditions.

Autant de "marqueurs de droite très forts", estime Ludovic Subran, chef économiste d'Allianz, qui donnent le ton des ambitions d'un éventuel deuxième mandat, avec la volonté de réussir une réforme emblématique qu'il n'a pu faire aboutir durant le quinquennat écoulé. Avec la volonté aussi de parvenir au "plein emploi" dans une France "où chacun travaille plus", selon la propre formule du président sortant.

Mais alors qu'il se présentait en 2017 avec un programme nourri de mesures fortes (transformation de l'ISF, réforme du marché du travail, baisses d'impôts), Emmanuel Macron se représente en misant désormais plutôt sur son bilan.

"Il communique beaucoup sur les mesures qui ont été faites, sur la baisse de la fiscalité pour les entreprises, pour les ménages, l'attractivité, le chômage, donc finalement il s'inscrit un peu dans une continuité", souligne Mathieu Plane, économiste à l'OFCE.

Le chef de l'Etat peut mettre à son crédit la bonne reprise de l'économie après la pandémie, portée par sa politique du +quoi qu'il en coûte+, avec une des croissances les plus fortes de la zone euro en 2021 (+7%), un taux de chômage tombé à 7,4%, un nombre de créations d'entreprises record, et une France qui occupe les premières places des classements sur l'attractivité économique.

Même le pouvoir d'achat, priorité numéro 1 des Français dans cette élection, a davantage progressé entre 2017 et 2021, que pendant les deux précédents quinquennats, selon l'Insee.

Petite nouveauté et conséquence de la crise sanitaire: Emmanuel Macron place la réindustrialisation et la souveraineté économique de la France et de l'Europe parmi ses priorités.

"Il y avait en 2017 son discours sur la +start-up nation+, l'importance de la mondialisation, donc il y a un virage, avec la défense d'un Etat plus fort, plus interventionniste", estime Mathieu Plane, même si le président-candidat continue de vouloir soutenir la compétitivité des entreprises, avec de nouvelles baisses d'impôts.

"C'est une campagne et un programme de réélection", dans lequel il dit "+je continue, en ajustant ici, en recalibrant là+", avance également Ludovic Subran, chef économiste d'Allianz, estimant que cela pouvait "manquer de souffle".

Un exemple: la réforme des retraites qu'il avait imaginée en 2017, avec une refonte totale du système hors considération budgétaire, est désormais focalisée sur le recul de l'âge de départ à la retraite.

"C'est moins ambitieux, et plus traditionnel, avec une mesure qu'on pouvait retrouver chez Valérie Pécresse", note Mathieu Plane.

Rééquilibrage

Signe de cette nouvelle étape: les économistes, qui étaient totalement à la manoeuvre en 2017 sur le programme économique du candidat, se sont cette fois trouvés relégués au rôle d'apporteurs de notes, pour une équipe resserrée autour de quelques cerveaux et conseillers.

Face à Marine Le Pen, qui mise tout sur la défense du pouvoir d'achat quand l'inflation accélère, avec des mesures simples et fortes, comme la baisse de la TVA sur les produits énergétiques, "il n'a pas réussi à montrer (...) que les bénéfices de la croissance étaient mieux distribués", pointe Ludovic Subran.

"Notre politique de pouvoir d'achat c'est l'emploi, le travail. Il faut arrêter de réfléchir en +mesure chèque+", rétorque une des chevilles ouvrières de sa campagne.

Interpellé lundi sur le terrain, alors qu'il concentre sa campagne sur des terres populaires, Emmanuel Macron a tenté de rectifier le tir, mettant en avant les mesures plus sociales de son programme, comme le minimum vieillesse à 1.100 euros, le versement des prestations sociales à la source pour éviter le non-recours, ou l'investissement dans l'éducation.

Et il a ouvert la porte à une concession sur le futur âge de départ à la retraite, assurant avoir entendu les inquiétudes des Français.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.