LA MECQUE: Une semaine après l’arrivée du roi Abdelaziz à La Mecque en l’an 1343 de l’hégire (1924 apr. J.-C.), le journal Oumm al-Qura a été publié, marquant le début de l’aventure médiatique en Arabie saoudite, un pays désormais membre du Groupe des vingt (G20).
Sous le patronage du roi Salmane, le 100e anniversaire du journal officiel saoudien a été célébré, mercredi, à la Chambre des expositions et des événements de La Mecque – l’endroit où il a vu le jour.
L’événement s’est tenu en présence du prince Khaled al-Faisal, gouverneur de la province de La Mecque, et du Dr Majid al-Qasabi, ministre des Médias par intérim.
Avec le numéro 4 928, l’hebdomadaire tourne une nouvelle page, mais sous une forme plus développée pour refléter l’ère de la renaissance et de la transformation numérique dont l’ensemble du pays est témoin.
Cependant, l’historien et écrivain Mohammed al-Qasha'ami déclare à Arab News que le journal n’a pas toujours été aussi populaire, en particulier à l’époque de son premier rédacteur en chef, Yusuf Yasin.
«En l’an 1443 de l’hégire (2022 apr. J.-C.), le journal était administrativement et éditorialement lié au bureau administratif du prince Faisal ben Abdelaziz, qui était vice-roi (et plus tard troisième roi de l’Arabie saoudite moderne)», explique-t-il.
Oumm al-Qura est le premier média à travers lequel les Saoudiens ont pu en apprendre davantage sur eux-mêmes et sur le monde, poursuit-il.
«À ses débuts, c’était la seule source d’information en Arabie saoudite. Il n’y avait pas de télévision, de radio ou d’autres médias», précise-t-il.
Le journal a fait des progrès remarquables sous le mandat de son troisième rédacteur en chef, Mohammed Saeed Khoja, indique M. Al-Qasha'ami.
«Avant M. Khoja, le journal ne servait qu’aux déclarations officielles, aux nouvelles sur les guerres et aux informations générales», insiste-t-il. «Mohammed Saeed Khoja a été le premier à publier des nouvelles locales sur l’éducation, l’eau... tout était dans le journal, même la nécessité d’examens médicaux avant le mariage pour éviter que les personnes transmettent des maladies génétiques», ajoute-t-il.
Malgré les améliorations apportées au journal par M. Khoja, ce dernier est décédé au début de la trentaine.
M. Al-Qasha'ami explique que pendant la Seconde Guerre mondiale, tous les journaux, y compris Sout al-Hijaz, Al-Madina et Al-Manhal, ont cessé de paraître, mais Oumm al-Qura ne l’a fait que pendant quelques jours.
«Lorsque le roi Abdelaziz a appris que la publication du journal pouvait s’arrêter en raison de ces circonstances, il a insisté pour qu’il continue de paraître», renchérit-il.
S’adressant à Arab News, Abdallah al-Ahmadi, directeur général d’Oumm al-Qura, indique que le parrainage par les dirigeants de la célébration du centenaire est une source de fierté pour tous ceux qui ont travaillé au sein du journal.
«Nous sommes également fiers que feu le roi Abdelaziz soit celui qui a créé le journal, lorsqu’il s’est emparé de La Mecque. De plus, nous sommes très heureux d’être le seul journal à documenter l’Histoire et les exploits de tous les rois saoudiens», rapporte-t-il.
Se tournant vers l’avenir, M. Al-Ahmadi déclare que l’entreprise avait commencé à travailler sur le développement du journal conformément aux objectifs de l’initiative Vision 2030, notamment sa transition vers un format numérique.
«Nous travaillons également à relancer le site Web du journal, qui, selon nous, pourra rivaliser à l’échelle arabe et internationale», note-t-il.
M. Al-Ahmadi affirme que l’entreprise possède une importante bibliothèque d’archives sur l’Histoire de l’Arabie saoudite et il invite les chercheurs, les historiens et les étudiants à en tirer profit.
Depuis son premier numéro, paru il y a un siècle, le journal a documenté des nouvelles et des événements importants. Pour marquer son centenaire, il a publié un certain nombre de unes issues de ses archives, notamment les détails de la première transmission télévisée en direct au Royaume, la première photo de la Kaaba Kiswa, le premier défilé militaire et bien d’autres.
Dans le numéro 1 506, publié en l’an 1373 de l’hégire (1954 apr. J.-C.), le journal a documenté les détails de la première session du Conseil des ministres à Riyad, présidée par le roi Saoud ben Abdelaziz.
Un certain nombre de décrets royaux ont été annoncés lors de cette réunion, notamment celui visant à établir un conseil administratif dans chaque ville, dirigé par le gouverneur et le juge et formé par les chefs des départements du gouvernement local et les dignitaires.
Selon le décret, les personnes nommées à la tête des conseils administratifs étaient chargées de discuter de questions liées à l’intérêt national dans le cadre d’un système prédéfini. La mise en place de conseils municipaux, destinés à organiser et à développer les villes, a également été abordée lors de cette session.
Le journal rapporte également que la création du Comité des doléances et du Bureau des experts a été approuvée lors de la première session du Conseil des ministres.
Rushdi Malhas a succédé à M. Yasin en tant que rédacteur en chef du journal. Tous deux ont occupé des postes diplomatiques sous le règne du roi Abdelaziz. Ils ont été suivis par Mohammed Saeed Khoja, Fouad Chaker, Abdel Qudus al-Ansari, Hussein Aqeel, Fa’iq Hariri, Ahmed Madkhali, Ahmed al-Ghamdi et Hussein Bafaqeeh, avant qu’Achraf al-Husaini n’occupe le poste.
À ses débuts, le journal coûtait une piastre et les abonnements s’élevaient à une demi-livre, dans la monnaie utilisée à l’époque. Les premiers numéros ne comptaient que quatre pages, mais ce nombre a augmenté au fil des ans pour atteindre trente-deux et même quarante-huit pages. Aujourd’hui, le journal coûte cinq riyals saoudiens (soit 1,21 euro).
Tous les numéros précédents du journal peuvent être consultés au Centre national des archives.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com