Il y a tout juste une semaine, les relations entre le Liban et les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) se sont réchauffées. Tout a commencé par un communiqué du Premier ministre libanais, Najib Mikati, qui s’est engagé, avec son gouvernement, à rétablir les fondements d’une relation saine avec les pays du Golfe, notamment l’Arabie saoudite.
En effet, M. Mikati a publié mardi dernier un communiqué dans lequel il réitère le souhait de son gouvernement de rétablir les relations diplomatiques avec le CCG. Il réaffirme, en outre, la détermination du Liban à interdire que son système financier et bancaire soit utilisé dans des opérations qui «pourraient porter atteinte à la sécurité de l’Arabie saoudite et des pays du CCG». Et il appelle, dans un message clair adressé au Hezbollah, à «l’arrêt des activités politiques, militaires, sécuritaires et médiatiques qui portent atteinte à la souveraineté» de ces pays.
Il faut se rappeler la fameuse réunion au sommet du 4 décembre 2021, qui a réuni à Djeddah le président français, Emmanuel Macron, et le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane; elle a permis qu’une première ouverture s’effectue vis-à-vis des autorités libanaises, sur l’insistance de M. Macron.
Évoquant par ailleurs l’épineuse question du trafic de pilules hallucinogènes Captagon en provenance du Liban, un sujet particulièrement sensible pour les pays du Golfe, M. Mikati s’est également voulu rassurant. «Nous tenons à prendre toutes les mesures pour interdire le trafic de produits illicites, notamment les pilules de Captagon, en direction des pays du Golfe», a-t-il affirmé. La réaction de l’Arabie saoudite ne s’est pas fait attendre. Dans sa réponse au Premier ministre libanais, le ministère saoudien des Affaires estrangères s’est félicité du communiqué de M. Mikati, estimant qu’il «pourrait permettre au Liban de recouvrer son rôle et sa place sur le double plan régional et international».
Il faut se rappeler la fameuse réunion au sommet du 4 décembre 2021, qui a réuni à Djeddah le président français, Emmanuel Macron, et le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane; elle a permis qu’une première ouverture s’effectue vis-à-vis des autorités libanaises, sur l’insistance de M. Macron.
Un premier contact entre le prince héritier saoudien et le Premier ministre libanais après la crise diplomatique d’octobre 2021 s’est soldé par le rappel de plusieurs ambassadeurs des pays du Golfe. En janvier 2022, le ministre des Affaires étrangères koweïtien, cheikh Ahmed Nasser al-Mohammed al-Ahmed al-Sabah, est arrivé à Beyrouth avec une feuille de route arabe qui mentionnait les points litigieux entre le Liban et le CCG, ainsi que les conditions pour un retour des relations à la normale.
Le but n’est pas de relâcher la pression sur les autorités libanaises, accusées de faire double jeu et d’être soumises au parti pro-iranien. Il s’agit de réaffirmer la place d’une coalition arabe et internationale qui viendrait équilibrer la donne au Liban.
Entre-temps, les efforts de Paris se sont multipliés en direction de Riyad afin de mettre à exécution l’accord bilatéral qui a pour objectif la création d’un fonds d’urgence humanitaire pour le Liban. Vers la mi-mars, une réunion franco-saoudienne s’est tenue à Paris au niveau des diplomates et des conseillers. Ces derniers auraient mis la touche finale à un réchauffement des relations entre le Liban et les pays du Golfe. Il s’agirait d’une manière pratique d’éviter que le Liban ne cède du terrain à l’Iran par le biais de sa milice locale, le Hezbollah.
Le but n’est pas de relâcher la pression sur les autorités libanaises, accusées de faire double jeu et d’être soumises au parti pro-iranien. Il s’agit de réaffirmer la place d’une coalition arabe et internationale qui viendrait équilibrer la donne au Liban. L’Iran aurait préféré un retrait de la communauté internationale et, malgré les nouvelles prises de position du M. Mikati, le Hezbollah n’en démord pas. Il a lancé une nouvelle salve de propos incendiaires contre l’Arabie saoudite, accompagnée d’une nouvelle cargaison de pilules de Captagon, saisie par les autorités saoudiennes.
Tout cela indique que les engagements du Premier ministre libanais se heurteront en permanence à la politique antiarabe du Hezbollah, qui se moque de l’autorité gouvernementale. Rien ne viendra changer la donne. Mais les pays du Golfe, avec le concours de la France, tenteront de reprendre leur place au Liban afin de défendre ce pays en proie à l’hégémonie du Hezbollah pro-iranien.
Il s’agit de ne pas lâcher le Liban, même si les élites qui prétendent être opposées au Hezbollah continuent, d’une manière ou d’une autre, à jouer un double jeu. Le but de cette ouverture des pays du Golfe est de défendre l’idée d’un État libanais fort et souverain. Cependant, une question se pose: jusqu’où ira M. Mikati pour faire valoir sa position, qui refuse toute atteinte aux pays arabes à partir du Liban? Ira-t-il jusqu’à une confrontation avec le Hezbollah?
Ali Hamade est journaliste éditorialiste au journal Annahar, au Liban.
TWITTER: @AliNahar
NDLR: Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.