À quelques jours de la finalisation du deal sur le nucléaire iranien à Vienne, et au moment où un accord est sur le point d’être conclu entre Téhéran et les pays signataires du Plan d’action global commun (PAGC), l’Iran fait preuve d’audace, voire d’agressivité sur le plan régional. En moins d’une semaine, une attaque par des missiles balistiques est menée à travers la frontière contre la capitale du Kurdistan irakien.
Les Gardiens de la révolution revendiqueront l’agression en prétextant viser un poste du Mossad israélien en représailles à une attaque israélienne à l’aide de drone qui aurait visé une de leurs bases dans la région de Kermanshah, à partir du Kurdistan en Irak. Ces derniers jours, alors que de hauts responsables européens assuraient que l’annonce du deal sur le nucléaire était imminente, Téhéran relançait par le biais de la milice houthie du Yémen des attaques de missiles balistiques et de drones kamikazes contre des installations civiles et pétrolifères saoudiennes.
Au moment où l’Iran est sur le point de réintégrer la communauté internationale sous les bons auspices de l’administration du président américain, Joe Biden, Téhéran choisit le chemin de l’escalade sécuritaire et militaire au Moyen-Orient.
Ces attaques qui ont visé des sites appartenant au géant de l’industrie énergétique Aramco ne sont pas sans rappeler l’attaque coordonnée à l’automne 2019, ni celles menées dernièrement contre les Émirats arabes unis.
Au moment où l’Iran est sur le point de réintégrer la communauté internationale sous les bons auspices de l’administration du président américain, Joe Biden, Téhéran choisit le chemin de l’escalade sécuritaire et militaire au Moyen-Orient. À travers ces agressions imputées à la milice houthie au Yémen, le commanditaire fait savoir que l’accord qui est sur le point d’être signé à Vienne ne l’engage nullement au niveau de sa politique régionale. Cela est un rappel à l’administration Biden ainsi qu’aux partenaires européens qui se bousculent à Vienne, que le retour à n’importe quel prix à l’accord de 2015 ne constitue pas une garantie de la bonne conduite de l’Iran dans une région qui est une véritable poudrière, source d’une grande partie d’approvisionnements mondial en pétrole et point de confluence entre des régions en proie à des conflits d’ampleur internationale.
Les agressions iraniennes contre les pays voisins ne sont pas une nouveauté. Mais cet acharnement à vouloir imposer son influence régionale au détriment des pays du Moyen-Orient arabe, sous le regard presque bienveillant de l’Occident qui semble plus proche de ses ennemis que de ses amis dans la région, risque de causer des bouleversements d’ordre stratégique dans le choix des alliés qui observent cette politique occidentale. Celle-ci se manifeste en Europe par une politique d’apaisement presque «munichoise» envers un puissance régionale agressive, dangereuse et belliqueuse, alors que l’on s’aperçoit qu’aux aux États-Unis, l’administration Biden n’est qu’une continuation de l’administration de l’ancien président Barak Obama!
Nous l’avons toujours dit, l’Iran ne changera d’attitude et de comportement que lorsqu’un équilibre de force se sera imposé dans la région, de quoi ouvrir la voie à une «paix» régionale, où le prix des violations reviendrait trop cher.
En réponse à la nouvelle initiative de paix au Yémen présentée par les pays du Golfe, la milice houthie, que Washington refuse toujours de reclasser dans la liste des organisations terroristes, se lance dans une escalade militaire pour le compte de Téhéran, confiante que Washington et l’Europe fermeront encore une fois les yeux, car rien ne devrait entraver la conclusion de l’accord à Vienne. Même pas la sécurité nationale des pays de la région, alliés de l’Occident depuis des décennies, qui est aujourd’hui sur la sellette. C’est une situation très grave car elle met en danger la crédibilité de tout un pôle mondial à un moment où ce dernier joue sa survie en Ukraine.
Nous l’avons toujours dit, l’Iran ne changera d’attitude et de comportement que lorsqu’un équilibre de force se sera imposé dans la région, de quoi ouvrir la voie à une «paix» régionale, où le prix des violations reviendrait trop cher. Il est temps d’œuvrer pour la consolidation d’une grande et forte alliance arabe qui jouerait en faveur de ses propres intérêts en premier.
Ali Hamade est journaliste éditorialiste au journal Annahar, au Liban.
TWITTER: @AliNahar
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