DUBAÏ: Nadim Karam fait partie des nombreux artistes qui ont été profondément affectés par l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020.
L’artiste et architecte âgé de 65 ans s’est inspiré de la capitale libanaise tout au long de sa carrière, longue de plusieurs décennies. Sa colossale sculpture métallique, The Gesture, créée un an après la tragédie, était sa façon d’exprimer sa peine et son traumatisme.
«Je ne pouvais pas fonctionner et continuer à vivre sans offrir un geste aux victimes de l’explosion et à la tristesse de Beyrouth», explique M. Karam à Arab News. «Des centaines de personnes sont mortes dans l’explosion, mais je suis encore en vie». La sculpture, réalisée à partir de métal récupéré lors de l’explosion, se dresse actuellement au cœur de Beyrouth. «J’ai créé The Gesture avec une équipe de professionnels bienveillants et nous avons tous donné de notre temps, de notre énergie et de notre expertise pour que ce qui s’est passé ne soit jamais oublié», poursuit M. Karam.
The Gesture est représentatif de l’œuvre de Nadim Karam, qui vise à la fois à faire des déclarations et à soulever des questions, comme en témoigne sa contribution à «The Sublime Nature of Being», une exposition multisensorielle et immersive qui a récemment ouvert ses portes au Dubai International finance center (DIFC) et qui réunit des artistes du monde entier.
Organisée par Ambika Hindouja Macker, qui est la fondatrice et directrice artistique de l’agence de design Impeccable Imagination, l’exposition explore l’influence de la nature sur l’expérience humaine. Les œuvres présentées sont variées, allant des sculptures monumentales aux installations créant des jeux d’ombres.
M. Karam a commencé à esquisser ses idées pour Sublime Silence, qui fait partie de l’exposition, dès 2015. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une œuvre basée sur les concepts de parole et de silence. À l’instar de The Gesture, elle a une signification plus profonde que ce qui est suggéré à première vue.
«J’ai l’impression que la communication authentique est écrasée par la quantité de bruit», estime M. Karam. «L’inconvénient de nos réseaux de communication mondiaux instantanés est que l’on cherche trop à attirer l’attention sur les réseaux sociaux. Le silence, qui favorise les pensées et la réflexion profonde, est devenu une denrée rare et précieuse. Pour moi, il est à la source et à l’essence même des choses.»
Memory Lapse, une autre œuvre de Nadim Karam présentée dans l’exposition, porte également sur une dichotomie: celle du vide et du plein. Elle est composée de deux sculptures qui se font face. M. Karam la décrit comme une œuvre expérimentale. «Les sculptures ont des surfaces réfléchissantes, polies et légèrement concaves», explique-t-il. «L’une est remplie de motifs – histoires et souvenirs – et symbolise le passé. L’autre est une surface réfléchissante vide qui représente l’avenir. En se positionnant entre elles, on retrouve le futur et le passé fusionnés dans le présent à travers notre vision.»
Sa troisième sculpture représente un motif récurrent de son travail: l’éléphant. «Je suis attaché à cet animal, à la fois en raison de ses propriétés physiques qu’à la façon dont il se soucie de sa communauté et a une longue mémoire», dit-il. «En fait, j’utilise l’éléphant pour entamer toute nouvelle idée dans mon travail.»
Bien qu’emblématique de sa pratique artistique, Crystal Elephant constitue également une approche nouvelle pour M. Karam. C’est la première fois qu’il utilise des cristaux dans son travail. «Ils sont réfléchissants et vivants, générant du mouvement au moindre contact, et ils dégagent une belle énergie dans l’espace qui les entoure», souligne-t-il.
Par ailleurs, une de ses œuvres, intitulée On Parade, est exposée en permanence à AlUla. Elle a été réalisée dans le cadre de la première itération de Desert X AlUla, dont la deuxième édition se déroule actuellement.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com