RIYAD : Lors de la conférence de l'ONU contre la désertification en Arabie saoudite, COP16, les négociateurs n'ont pas réussi à se mettre d'accord pour faire face à la sécheresse, balayant ainsi les espoirs d'un protocole contraignant pour lutter contre ce fléau.
Les discussions ont pris fin tôt le matin, un jour plus tard que prévu, alors que les parties à la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), qui réunit 196 pays et l'Union européenne, tentaient de parvenir à un consensus.
En amont de la réunion, qui a débuté le 2 décembre à Ryad, son secrétaire exécutif, Ibrahim Thiaw, avait déclaré espérer l'adoption d'une « décision audacieuse qui pourrait aider à inverser la tendance de la catastrophe environnementale la plus répandue et la plus perturbatrice : la sécheresse ».
Mais « les parties ont besoin de plus de temps pour se mettre d'accord sur la meilleure façon d'avancer », a-t-il déclaré à l'issue de la réunion.
Samedi, un communiqué de presse a été publié affirmant que les pays avaient « fait des progrès significatifs en jetant les bases d'un futur régime mondial de lutte contre la sécheresse, qu'ils ont l'intention d'achever lors de la COP17 en Mongolie en 2026 ».
Les négociations de Ryad surviennent après l'échec partiel des négociations sur la biodiversité en Colombie, l'échec d'un accord sur la pollution plastique en Corée du Sud et un accord sur le financement de l'action climatique décevant pour les pays en développement lors de la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan.
- Menace croissante -
Les sécheresses, « alimentées par la destruction de l'environnement par l'homme », coûtent plus de 300 milliards de dollars par an au monde et devraient affecter 75 % de la population mondiale d'ici 2050, selon l'ONU.
Selon un délégué d'un pays africain, les représentants du continent souhaitaient un protocole contraignant imposant aux gouvernements de se doter de plans pour se préparer et faire face à la sécheresse.
« C'est la première fois que je vois l'Afrique aussi unie, avec un front uni si fort, en ce qui concerne le protocole sur la sécheresse », a-t-il déclaré sous couvert d'anonymat.
Deux autres participants à la COP16, ayant également requis l'anonymat, ont affirmé à l'AFP que les pays développés n'étaient pas favorables à un tel protocole, plaidant plutôt pour un « cadre », jugé inadéquat par les pays africains.
Des groupes autochtones ont également poussé pour un protocole qui permettrait d'avoir un meilleur suivi, des systèmes d'alerte précoce et des plans de réponse plus adaptés, a affirmé Praveena Sridhar, la directrice scientifique de Save Soil Movement, une campagne mondiale soutenue par des agences de l'ONU.
Mais, a-t-elle ajouté, « l'absence d'accord à la COP16 ne doit pas retarder les progrès », soulignant que les gouvernements pouvaient toujours allouer des budgets et des subventions pour encourager la gestion durable des sols et des terres.
Avant les négociations à Ryad, l'UNCCD avait estimé qu'il était nécessaire de restaurer 1,5 milliard d'hectares de terres d'ici la fin de la décennie, et que des investissements mondiaux d'au moins 2,6 billions de dollars étaient nécessaires.
Au cours de la première semaine de la COP16, des engagements représentant plus de 12 milliards de dollars ont été pris par des entités telles que le Groupe de coordination arabe, un ensemble d'institutions nationales et régionales, ainsi que le Partenariat mondial de Ryad pour la résilience à la sécheresse, qui vise à mobiliser des fonds publics et privés pour aider les pays à risque.