Ankara et Tel-Aviv déjouent une tentative d'assassinat orchestrée par Téhéran

Le président de CNC Advanced Technology, Yair Geller. (Photo, CNC Advanced Technology)
Le président de CNC Advanced Technology, Yair Geller. (Photo, CNC Advanced Technology)
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Publié le Samedi 12 février 2022

Ankara et Tel-Aviv déjouent une tentative d'assassinat orchestrée par Téhéran

  • Les agences de renseignement travaillent ensemble pour sauver le propriétaire de CNC Advanced Technologies, Yair Geller
  • Une opération conjointe intervient alors que la Turquie et Israël cherchent à normaliser leurs relations diplomatiques

ISTANBUL: Les agents des services de renseignement turcs et israéliens ont déjoué un complot mené par l'Iran pour tuer un magnat israélo-turc, après une opération de surveillance qui a duré plusieurs mois.

La victime prévue était Yair Geller, basé à Istanbul, propriétaire de CNC Advance Technologies, âgé de 75 ans. Il était visé en représailles au meurtre du scientifique nucléaire iranien Mohsen Fakhrizadeh en 2020, un acte que Téhéran considérait comme une opération israélienne.

L'agence nationale de renseignement turque, le MIT, a déclaré qu'un réseau de neuf tueurs à gages a suivi Geller pendant longtemps, prenant des photos de sa vie quotidienne, de son lieu de travail et de sa maison à Istanbul. Le groupe utilisait plusieurs numéros de téléphone turcs et iraniens pour éviter d'être repéré.

Le MIT a informé son homologue israélien, le Mossad, du plan du groupe avant qu'il ne devienne opérationnel et les deux parties ont travaillé ensemble pour déplacer l'homme d'affaires vers une maison sûre protégée par des agents du Mossad.

Une fois Geller en sécurité, le MIT est intervenu auprès des tueurs à gages et les a tous arrêtés, sauf un. La plupart sont des ressortissants turcs, mais le chef du groupe est l'Iranien Saleh Mochtagh Bigohouz. Un membre du groupe, qui entretient des liens étroits avec les services de renseignement iraniens, est toujours en fuite.

Ce n'est pas la première fois que les autorités turques déjouent une telle tentative d'assassinat. En 2009, elles ont empêché une attaque du Hezbollah contre une cible israélienne en Turquie en mettant en place des mesures de haute sécurité dans trois grandes villes.

Cette attaque avait été planifiée pour venger la mort d'Imad Moughniyeh, membre fondateur de l'organisation libanaise du Jihad islamique et le numéro 2 de la direction du Hezbollah.

Les experts ont déclaré que l’opération de protection de Geller tombait à point nommé, au moment où la Turquie et Israël discutaient de la normalisation de leurs relations diplomatiques, ajoutant que l’Iran aurait pu être motivé pour perturber ces pourparlers.

Le président israélien, Isaac Herzog, et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, ont eu quatre conversations téléphoniques cette année dans le but d’améliorer des liens effilochés. Herzog devrait bientôt se rendre en Turquie.

Le Dr Nimrod Goren, président de Mitvim, l'Institut israélien pour les politiques étrangères régionales, a déclaré que la coopération entre les agences de renseignement des deux pays serait bénéfique afin d’améliorer les relations bilatérales.

«Elle transmet au public israélien le message que la Turquie n'est pas dans le camp iranien, que la coopération en matière de sécurité entre Israël et la Turquie est possible et que l'amélioration des canaux entre les pays peut apporter des avantages tangibles et sauver des vies», a-t-il déclaré à Arab News.

L'un des sujets de rapprochement entre les deux pays est l'énergie, un secteur dans lequel opère Geller.

«Ces dernières années, la plupart des reportages des médias concernant les relations israélo-turques ont diffusé des informations négatives liées à la crise, décrivant souvent la Turquie comme une menace pour la sécurité d'Israël compte tenu de ses liens avec le Hamas et l'Iran», a expliqué Goren.

Mais l'histoire de Geller a délivré le message inverse, puisqu’elle dépeint la Turquie comme un allié potentiel en matière de sécurité, a-t-il ajouté.

«À cet égard, la réussite de la coopération en matière de renseignement et le fait qu'elle ait été rendue visible peuvent aider à rétablir la confiance, à améliorer les perceptions et à préparer l'opinion publique à un nouveau chapitre dans les relations israélo-turques», a souligné Goren.

Jason M. Brodsky, directeur politique de United Against Nuclear Iran (Uni contre l’Iran nucléaire), a reconnu que la coopération entre les agences de renseignement représentait un geste d'Erdogan avant la visite de Herzog.

«Les relations turco-israéliennes au cours de la dernière décennie ont été tendues, la Turquie aurait compromis un réseau de renseignement israélien travaillant en Iran au début de 2012», a déclaré Brodsky à Arab News.

«Ce dernier épisode est une tentative d'Ankara de tourner la page et d’instaurer la confiance, mais il reste encore un long chemin à parcourir, en particulier pour freiner les activités du Hamas en Turquie. Cela mettra à l’épreuve cet effort.»

Des agents iraniens sont actifs sur le sol turc depuis longtemps. Ils ont été impliqués dans plusieurs tentatives d'enlèvement et d'assassinat et ont été étroitement surveillés par le MIT. L'année dernière, un groupe d'espions iraniens a été capturé après avoir été accusé d'avoir tenté d’enlever un responsable militaire dissident iranien.

Un autre citoyen iranien a été arrêté l'année dernière pour avoir aidé à planifier l'assassinat du dissident iranien Masoud Molavi Vardanjani à Istanbul en 2019.

Une cellule iranienne a également tenté d'enlever le dissident iranien Shahnam Golshani, ce qui a conduit à une autre opération de contre-espionnage de la Turquie qui a mené à l'arrestation de 11 suspects, dont un ressortissant iranien.

Brodsky a signalé que le gouvernement turc avait révélé de plus en plus de complots iraniens dans le pays ces dernières années.

«Cette dernière révélation indique une certaine tension continue avec Téhéran sur fond de différends sur le gaz et d'autres irritants dans les relations bilatérales», a-t-il indiqué.

Louis Fishman, professeur agrégé au Brooklyn College, a déclaré que l'échec de la tentative d'assassinat de Geller en Turquie n'aurait pas dû être une surprise.

«La Turquie entretient des liens économiques solides avec Israël malgré la rhétorique dure du passé entre l'ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu et Erdogan. Si l'Iran avait réussi à commettre un tel acte, cela aurait été considéré comme un énorme échec de la part des forces de sécurité turques», a-t-il déclaré à Arab News.

L'opération de renseignement a de plus indiqué que la coopération entre les équipes de sécurité «fonctionnait à haut niveau», a soutenu Fishman, ajoutant que c'était «un autre signe qu’Ankara est vraiment sérieuse pour relancer ses relations avec Israël dans l'ère post-Netanyahu.

«De telles actualités sont importantes pour renforcer la confiance de l’opinion publique israélienne, qui est encore assez sceptique quant aux tentatives de la Turquie de rétablir les liens avec Israël. Mais les membres du gouvernement israélien voudront toujours la preuve qu’Ankara limitera les activités du Hamas en Turquie.»

 

Cet article est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.