Le président américain, Joe Biden, a déclaré la semaine dernière qu'il envisageait de classer à nouveau les Houthis soutenus par l'Iran comme organisation terroriste étrangère. Cela ne fait aucun doute que les activités et les politiques des Houthis rendent impératif le retour de ce groupe sur la liste des groupes terroristes.
Il s'agit d'une milice yéménite qui commet des crimes contre l'humanité et recrute des enfants pour faire la guerre. Les Houthis ont également recours à des mines antipersonnel pour contrôler et tuer des civils.
Le rapport mondial 2020 de l’organisation Human Rights Watch a indiqué que «les mines posées par les Houthis dans tout le Yémen continuaient de porter préjudice aux civils et à leurs moyens de subsistance. Les Houthis utilisent des mines antipersonnel, des engins explosifs de fabrication artisanale, et des mines antivéhicules le long de la côte ouest du Yémen, faisant des centaines de morts et de blessés parmi les civils».
Il explique également que «l’utilisation de mines a été prouvée depuis 2015 dans six gouvernorats du Yémen. Depuis janvier 2018, au moins 140 civils, dont 19 enfants, ont été tués par ces mines dans les seuls gouvernorats de Hodeidah et Taïz».
Les Houthis appliquent aussi régulièrement diverses méthodes de torture, notamment en battant les détenus «avec des barres de fer et des fusils», et en les suspendant «aux murs avec les bras enchaînés derrière eux», précise encore le rapport.
En retirant les Houthis de la liste des organisations terroristes l'année dernière, et en coupant le soutien des États-Unis pour leur faire face, l'administration Biden a malheureusement encouragé et renforcé le groupe, lui laissant la voie libre. C'est très probablement la raison pour laquelle la milice a intensifié ses frappes de missiles contre d'autres pays. Les Houthis envoient régulièrement des missiles et des drones en Arabie saoudite. Ils ont également ciblé les Émirats arabes unis (EAU) la semaine dernière en faisant exploser trois camions-citernes à Abu Dhabi, causant la mort de trois personnes.
Après le retrait des Houthis de la liste des organisations terroristes, les forces armées du groupe auraient envoyé plus de 40 drones et missiles sur l'Arabie saoudite en un mois seulement. Un haut responsable du département américain de la Défense a ainsi déclaré à NBC News que «les États-Unis sont pleinement conscients d'une augmentation inquiétante des attaques transfrontalières des Houthis, via notamment des missiles de croisière, des missiles balistiques et des véhicules aériens sans pilote».
La France, l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni ont pour leur part condamné l'offensive des Houthis et l'ont qualifiée d'«escalade majeure contre l'Arabie saoudite».
Les Houthis ont également envoyé un drone chargé d'explosifs sur une base aérienne militaire dans la ville de Khamis Moushait, au sud de l'Arabie saoudite, et ont utilisé un drone pour attaquer l'aéroport de Najran.
Auparavant, le groupe avait revendiqué des attaques en 2019 contre deux usines d’Aramco, frappant le cœur de l’industrie pétrolière du Royaume. Ils avaient en effet visé la plus grande installation de traitement de pétrole au monde à Abqaïq près de Dammam et le deuxième plus grand champ pétrolifère du pays à Khourais.
En ne classant pas les Houthis comme organisation terroriste, l'administration Biden renforce également le régime iranien, qui cherche à accroître son influence au Yémen par le biais de ses représentants. Les Houthis ont la chance d'avoir le régime de Téhéran comme allié aussi puissant. L’Iran qui les soutient ne les laissera pas manquer de munitions.
«En retirant les Houthis de la liste des organisations terroristes l'année dernière, les États-Unis ont malheureusement encouragé et renforcé le groupe.»
Dr Majid Rafizadeh
Les armes sophistiquées que les Houthis utilisent proviennent très probablement d'Iran, qui a reconnu le groupe terroriste comme gouvernement officiel du Yémen. Téhéran fait depuis longtemps passer en contrebande des armes et des technologies illicites au Yémen. Un rapport de l’ONU affirme que de plus en plus de preuves indiquent que des individus ou des entités en Iran fournissent un nombre important d'armes et d’équipements aux Houthis».
Le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) est une entité partisane et un soutien clé des Houthis. Il a intensifié son approvisionnement en armes au Yémen. Le CGRI a utilisé une route à travers le Golfe pour livrer des cargaisons d'armes clandestines à la milice.
Cela devrait donner à l'administration Biden un aperçu des tactiques et des stratégies à long terme à travers le Moyen-Orient des représentants formés et armés par l'Iran. Leurs plans reposent généralement sur quatre piliers: la déstabilisation, les conflits, les assassinats, et le rejet de toute solution provenant des sunnites ou des Occidentaux. Un exemple de la poursuite de cette stratégie a été l'assassinat de l'ancien président du Yémen, Ali Abdallah Saleh. En 2017, deux jours après avoir appelé à une résolution du conflit, il a été tué par les Houthis.
En raison des crimes odieux contre l'humanité commis par les Houthis, ainsi que des fréquentes attaques de drones et de missiles qu'ils mènent, il incombe à l'administration Biden de classer à nouveau la milice comme organisation terroriste internationale.
· Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain diplômé de Harvard. Twitter: @Dr_Rafizadeh
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Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com