PARIS: Le nouveau déchirement à l'extrême droite, avec la médiatique Marion Maréchal prête à lâcher sa tante Marine Le Pen, a enflammé la campagne présidentielle vendredi, tandis qu'à gauche, tout aussi fracturée, la primaire populaire continue de brouiller le message.
L'ex-députée FN Marion Maréchal, 32 ans, a lâché une petite bombe politique. Ralliera, ralliera pas Eric Zemmour ? "La cohérence, la vision, la stratégie font que je penche pour Eric Zemmour. C'est certain. Mais il y a un sujet familial", a-t-elle dit vendredi au Figaro.
La sortie de Marion Maréchal, qui se murmurait depuis des jours et intervient après les défections récentes de deux eurodéputés RN, avive les querelles internes à la famille historique de l'extrême droite en France.
"C'est brutal, c'est violent, c'est difficile pour moi", a lâché, visiblement affectée, Marine Le Pen sur Cnews, en soulignant son "histoire particulière" avec sa nièce qu'elle a "élevée avec (s)a sœur pendant les premières années de sa vie".
Mais aussi son "incompréhension politique", parce que Marion Maréchal a toujours "indiqué qu'elle soutiendrait celui qui est le mieux placé", a rappelé Marine Le Pen. Elle a fait valoir son avance de plusieurs points dans les sondages sur le polémiste.
En déplacement, Eric Zemmour s'est refusé à "commenter les rumeurs de campagne" tout en soulignant "une belle semaine" pour lui.
L'impact d'un éventuel ralliement de Marion Maréchal au camp Zemmour, s'il se confirmait, reste cependant à mesurer. Mais cela illustre un peu plus la bataille qui se joue à l'extrême droite.
"On va en avoir pour combien de jours de la télénovela Le Pen ? Ce n'est pas très intéressant. Les uns comme les autres mèneraient au chaos", a réagi la candidate socialiste Anne Hidalgo sur LCI.
Accusée de «démagogie», Anne Hidalgo se fâche
"Franchement dans quel pays on est? J'en ai marre". La candidate PS à la présidentielle Anne Hidalgo s'est fâchée vendredi qu'on puisse considérer "démagogique" sa promesse d'offrir 5 000 euros à chaque jeune majeur si elle est élue en avril prochain.
La maire de Paris prévoit dans son programme d'offrir à chaque jeune, quand il atteint sa majorité, une somme de 5 000 euros, sans condition de ressources, si elle est élue à l'Elysée.
Alors que, sur LCI, le journaliste lui a demandé si sa mesure n'était pas démagogique, elle a répliqué: "vous ne pouvez pas dire ça, pas vous!"
"Les jeunes aujourd'hui sont dans une situation de très grande précarité, a-t-elle poursuivi. Vous voyez bien l'état du pays, même si on est ici sur un plateau télé, un peu comme un bocal, loin des réalités."
Pour elle, "ce n'est pas de la démagogie, c'est de la confiance dans notre jeunesse, c'est permettre à des jeunes avec 5 000 euros à l'âge de 18 ans, de pouvoir décider par eux-mêmes à quoi ils veulent consacrer cet argent là".
"Je suis très choquée quand on me pose ce genre de question, a-t-elle ajouté, et qu'on ne l'a pose pas quand Emmanuel Macron a supprimé une grande partie de l’impôt sur les grandes fortunes."
"Ca ne coûtait pas cher de supprimer quatre milliards d'euros de recettes du budget de l'Etat quand c'était pour l'impôt sur les grandes fortunes. Et là, pour le coup ça devient indécent ou démagogue de dire qu'on donne à chaque jeune 5 000 euros à 18 ans. Franchement dans quel pays on est ? J'en ai marre", s'est-elle indignée.
Revenant plus largement sur son programme où elle veut investir massivement pour l'éducation et la santé, elle a expliqué que "oui c'est vrai l'éducation ça coûte cher, la santé ça coûte cher, mais essayez de ne pas offrir une éducation à nos enfants, essayez un système dans lequel la santé devient quelque chose qui est inabordable pour beaucoup de nos concitoyens. Vous croyez vraiment que ça ne va pas nous coûter beaucoup plus cher encore?"
Dynamique ou revers pour Taubira
A gauche, le vote pour la primaire populaire, une consultation citoyenne inédite lancée jeudi, affichait plus de 30% des 467 000 personnes inscrites ayant voté, selon les organisateurs.
Le scrutin sera clos dimanche à 17H00 et les résultats sont attendus peu après.
Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, en tête à gauche dans les sondages (9-10%), comme les candidats écologiste Yannick Jadot et socialiste Anne Hidalgo, ont refusé de participer à cette primaire qui divise un peu plus le camp de la gauche.
A l'inverse, l'ex-garde des Sceaux Christiane Taubira, donnée favorite, en reconnaîtra l'issue.
"Je reconnaîtrai le verdict, je rejoindrai la personne qui aura été désignée", a-t-elle assuré vendredi soir sur BFMTV. Mais si la primaire désigne quelqu'un qui n'a pas voulu participer, ce sera "un cas de figure différent" a-t-elle ajouté.
Si un bon score pourrait conforter la dernière venue à gauche, un échec de Christiane Taubira poserait la question de son retrait de la course, l'ancienne ministre ayant toujours affirmé qu'elle ne souhaitait pas être qu'"une candidature de plus".
En attendant, ce n'est toujours pas l'entente cordiale avec M. Mélenchon que Christiane Taubira mais aussi Anne Hidalgo ont critiqué vendredi soir pour ses débats avec Eric Zemmour. MM. Mélenchon et Zemmour "s'entraident", a même fustigé la socialiste.
Taubira et Hidalgo attaquent Pécresse et Mélenchon sur leur attitude face à Zemmour
Christiane Taubira a par ailleurs affirmé qu'elle n'était "pas là pour satisfaire (les) désirs" d'Eric Zemmour, qui souhaite débattre avec elle.
"Lorsqu'il sera confirmé à l'élection présidentielle, à ce moment, nous aviserons", a-t-elle expliqué, mais "je n'ai pas de raison particulière de venir débattre avec lui".
Dénonçant "ses idées nauséabondes et inacceptables", elle a expliqué ne pas vouloir faire "de zèle pour légitimer le discours" du candidat d'extrême droite.
"Je n'y prendrai pas ma part", a-t-elle ajouté, une manière de critiquer la démarche du candidat insoumis Jean-Luc Mélenchon qui a débattu à deux reprises avec le candidat de Reconquête!, dont jeudi soir sur C8.
Ce dernier débat était "le pire de ce que l'on peut faire en politique, moi je m'en éloigne", a commenté Anne Hidalgo. Interrogée pour savoir si MM. Mélenchon et Zemmour s'entraident, elle a répondu: "bien sûr, l'un l'autre. On avait vu une forme de complaisance déjà lors du premier débat", entre les deux hommes.
Anne Hidalgo a également dénoncé les propos "très choquants" et "pas dignes de quelqu'un qui veut accéder à la fonction présidentielle" de Jean-Luc Mélenchon sur les policiers dans la même émission où le chef de file des Insoumis avait dénoncé une "police violente" qui "fait ce qu'elle veut quand elle veut".
PARIS: Anne Hidalgo et Christiane Taubira ont attaqué vendredi Valérie Pécresse mais aussi leur rival à gauche pour la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, reprochant à la première sa "porosité" avec l'extrême droite et au deuxième ses débats avec Eric Zemmour.
Mme Taubira, interrogée sur BFMTV sur les propositions de Valérie Pécresse concernant l'immigration, a accusé la candidate LR de "bavardages irresponsables" pour "distraire la galerie". "Ce qu'il y a de plus inquiétant sur la droite, c'est plutôt la porosité qu'elle montre avec de plus en plus d'aisance à l'égard de l'extrême droite", a poursuivi l'ex-ministre de la Justice, candidate à la Primaire populaire de la gauche.
"On voit bien ce glissement vers la droite extrême et l'extrême droite, même, ces gages qui sont donnés publiquement", a-t-elle regretté, en rappelant que les "grands ténors de la droite sociale", citant Philippe Seguin décédé en 2010, "doivent s'en inquiéter".
"Nous avons besoin de cohésion, pas de paroles irresponsables, comme sortir le Kärcher de la cave", une formule de Nicolas Sarkozy recyclée par Mme Pécresse, a insisté Mme Taubira.
La candidate socialiste Anne Hidalgo a également estimé sur LCI que Mme Pécresse "court après Eric Zemmour". "Elle n'est pas dans la tradition d'une droite républicaine, qui n'aborderait pas les choses de façon aussi caricaturale", a affirmé Mme Hidalgo.
Rebond de la croissance
Yannick Jadot va lui présenter son programme samedi à Lyon. Il a proposé vendredi, s'il est élu, un "abattement jusqu'à 200.000 euros" sur les droits de succession, devenus un thème important dans la campagne présidentielle.
Si le gouvernement s'est réjoui d'une croissance record de 7% en 2021, Yannick Jadot a critiqué sur France Info une croissance "inégalement répartie" et qui "ne permet pas de lutter contre les défis" climatique et de "justice sociale", au lendemain de manifestations en France pour la hausse des salaires.
La candidate LR Valérie Pécresse, en meeting à Oyonnax, s'est focalisée sur la santé, proposant une revalorisation des consultations chez le médecin à 30 euros, un doublement du nombre de soignants formés et une plus grande autonomie hospitalière.
A Chaumont-sur-Tharonne, dans le Loir-et-Cher, Eric Zemmour a proposé, lui, de verser 10 000 euros pour chaque nouvelle naissance dans une famille "de la France rurale", qui, selon son entourage, pourrait concerner un tiers de la population française.