Psychodrame dans la famille Le Pen: Marion Maréchal ralliera-t-elle Zemmour?

Le nouveau déchirement à l'extrême droite, avec la médiatique Marion Maréchal prête à lâcher sa tante Marine Le Pen, a enflammé la campagne présidentielle vendredi. (AFP)
Le nouveau déchirement à l'extrême droite, avec la médiatique Marion Maréchal prête à lâcher sa tante Marine Le Pen, a enflammé la campagne présidentielle vendredi. (AFP)
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Publié le Samedi 29 janvier 2022

Psychodrame dans la famille Le Pen: Marion Maréchal ralliera-t-elle Zemmour?

  • Taubira, interrogée sur les propositions de Pécresse concernant l'immigration, a accusé la candidate LR de «bavardages irresponsables pour distraire la galerie»
  • Hidalgo s'est fâchée vendredi qu'on puisse considérer «démagogique» sa promesse d'offrir 5 000 euros à chaque jeune majeur si elle est élue en avril prochain

PARIS: Le nouveau déchirement à l'extrême droite, avec la médiatique Marion Maréchal prête à lâcher sa tante Marine Le Pen, a enflammé la campagne présidentielle vendredi, tandis qu'à gauche, tout aussi fracturée, la primaire populaire continue de brouiller le message.


L'ex-députée FN Marion Maréchal, 32 ans, a lâché une petite bombe politique. Ralliera, ralliera pas Eric Zemmour ? "La cohérence, la vision, la stratégie font que je penche pour Eric Zemmour. C'est certain. Mais il y a un sujet familial", a-t-elle dit vendredi au Figaro.


La sortie de Marion Maréchal, qui se murmurait depuis des jours et intervient après les défections récentes de deux eurodéputés RN, avive les querelles internes à la famille historique de l'extrême droite en France.


"C'est brutal, c'est violent, c'est difficile pour moi", a lâché, visiblement affectée, Marine Le Pen sur Cnews, en soulignant son "histoire particulière" avec sa nièce qu'elle a "élevée avec (s)a sœur pendant les premières années de sa vie".


Mais aussi son "incompréhension politique", parce que Marion Maréchal a toujours "indiqué qu'elle soutiendrait celui qui est le mieux placé", a rappelé Marine Le Pen. Elle a fait valoir son avance de plusieurs points dans les sondages sur le polémiste.


En déplacement, Eric Zemmour s'est refusé à "commenter les rumeurs de campagne" tout en soulignant "une belle semaine" pour lui.


L'impact d'un éventuel ralliement de Marion Maréchal au camp Zemmour, s'il se confirmait, reste cependant à mesurer. Mais cela illustre un peu plus la bataille qui se joue à l'extrême droite.


"On va en avoir pour combien de jours de la télénovela Le Pen ? Ce n'est pas très intéressant. Les uns comme les autres mèneraient au chaos", a réagi la candidate socialiste Anne Hidalgo sur LCI.

Accusée de «démagogie», Anne Hidalgo se fâche

"Franchement dans quel pays on est? J'en ai marre". La candidate PS à la présidentielle Anne Hidalgo s'est fâchée vendredi qu'on puisse considérer "démagogique" sa promesse d'offrir 5 000 euros à chaque jeune majeur si elle est élue en avril prochain.


La maire de Paris prévoit dans son programme d'offrir à chaque jeune, quand il atteint sa majorité, une somme de 5 000 euros, sans condition de ressources, si elle est élue à l'Elysée.


Alors que, sur LCI, le journaliste lui a demandé si sa mesure n'était pas démagogique, elle a répliqué: "vous ne pouvez pas dire ça, pas vous!"


"Les jeunes aujourd'hui sont dans une situation de très grande précarité, a-t-elle poursuivi. Vous voyez bien l'état du pays, même si on est ici sur un plateau télé, un peu comme un bocal, loin des réalités."


Pour elle, "ce n'est pas de la démagogie, c'est de la confiance dans notre jeunesse, c'est permettre à des jeunes avec 5 000 euros à l'âge de 18 ans, de pouvoir décider par eux-mêmes à quoi ils veulent consacrer cet argent là".


"Je suis très choquée quand on me pose ce genre de question, a-t-elle ajouté, et qu'on ne l'a pose pas quand Emmanuel Macron a supprimé une grande partie de l’impôt sur les grandes fortunes."


"Ca ne coûtait pas cher de supprimer quatre milliards d'euros de recettes du budget de l'Etat quand c'était pour l'impôt sur les grandes fortunes. Et là, pour le coup ça devient indécent ou démagogue de dire qu'on donne à chaque jeune 5 000 euros à 18 ans. Franchement dans quel pays on est ? J'en ai marre", s'est-elle indignée.


Revenant plus largement sur son programme où elle veut investir massivement pour l'éducation et la santé, elle a expliqué que "oui c'est vrai l'éducation ça coûte cher, la santé ça coûte cher, mais essayez de ne pas offrir une éducation à nos enfants, essayez un système dans lequel la santé devient quelque chose qui est inabordable pour beaucoup de nos concitoyens. Vous croyez vraiment que ça ne va pas nous coûter beaucoup plus cher encore?"

Dynamique ou revers pour Taubira 
A gauche, le vote pour la primaire populaire, une consultation citoyenne inédite lancée jeudi, affichait plus de 30% des 467 000 personnes inscrites ayant voté, selon les organisateurs.


Le scrutin sera clos dimanche à 17H00 et les résultats sont attendus peu après.


Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, en tête à gauche dans les sondages (9-10%), comme les candidats écologiste Yannick Jadot et socialiste Anne Hidalgo, ont refusé de participer à cette primaire qui divise un peu plus le camp de la gauche.


A l'inverse, l'ex-garde des Sceaux Christiane Taubira, donnée favorite, en reconnaîtra l'issue.


"Je reconnaîtrai le verdict, je rejoindrai la personne qui aura été désignée", a-t-elle assuré vendredi soir sur BFMTV. Mais si la primaire désigne quelqu'un qui n'a pas voulu participer, ce sera "un cas de figure différent" a-t-elle ajouté.


Si un bon score pourrait conforter la dernière venue à gauche, un échec de Christiane Taubira poserait la question de son retrait de la course, l'ancienne ministre ayant toujours affirmé qu'elle ne souhaitait pas être qu'"une candidature de plus".


En attendant, ce n'est toujours pas l'entente cordiale avec M. Mélenchon que Christiane Taubira mais aussi Anne Hidalgo ont critiqué vendredi soir pour ses débats avec Eric Zemmour. MM. Mélenchon et Zemmour "s'entraident", a même fustigé la socialiste.

Taubira et Hidalgo attaquent Pécresse et Mélenchon sur leur attitude face à Zemmour

Christiane Taubira a par ailleurs affirmé qu'elle n'était "pas là pour satisfaire (les) désirs" d'Eric Zemmour, qui souhaite débattre avec elle.


"Lorsqu'il sera confirmé à l'élection présidentielle, à ce moment, nous aviserons", a-t-elle expliqué, mais "je n'ai pas de raison particulière de venir débattre avec lui".


Dénonçant "ses idées nauséabondes et inacceptables", elle a expliqué ne pas vouloir faire "de zèle pour légitimer le discours" du candidat d'extrême droite.


"Je n'y prendrai pas ma part", a-t-elle ajouté, une manière de critiquer la démarche du candidat insoumis Jean-Luc Mélenchon qui a débattu à deux reprises avec le candidat de Reconquête!, dont jeudi soir sur C8.


Ce dernier débat était "le pire de ce que l'on peut faire en politique, moi je m'en éloigne", a commenté Anne Hidalgo. Interrogée pour savoir si MM. Mélenchon et Zemmour s'entraident, elle a répondu: "bien sûr, l'un l'autre. On avait vu une forme de complaisance déjà lors du premier débat", entre les deux hommes.


Anne Hidalgo a également dénoncé les propos "très choquants" et "pas dignes de quelqu'un qui veut accéder à la fonction présidentielle" de Jean-Luc Mélenchon sur les policiers dans la même émission où le chef de file des Insoumis avait dénoncé une "police violente" qui "fait ce qu'elle veut quand elle veut".

PARIS: Anne Hidalgo et Christiane Taubira ont attaqué vendredi Valérie Pécresse mais aussi leur rival à gauche pour la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, reprochant à la première sa "porosité" avec l'extrême droite et au deuxième ses débats avec Eric Zemmour.


Mme Taubira, interrogée sur BFMTV sur les propositions de Valérie Pécresse concernant l'immigration, a accusé la candidate LR de "bavardages irresponsables" pour "distraire la galerie". "Ce qu'il y a de plus inquiétant sur la droite, c'est plutôt la porosité qu'elle montre avec de plus en plus d'aisance à l'égard de l'extrême droite", a poursuivi l'ex-ministre de la Justice, candidate à la Primaire populaire de la gauche.


"On voit bien ce glissement vers la droite extrême et l'extrême droite, même, ces gages qui sont donnés publiquement", a-t-elle regretté, en rappelant que les "grands ténors de la droite sociale", citant Philippe Seguin décédé en 2010, "doivent s'en inquiéter".


"Nous avons besoin de cohésion, pas de paroles irresponsables, comme sortir le Kärcher de la cave", une formule de Nicolas Sarkozy recyclée par Mme Pécresse, a insisté Mme Taubira. 


La candidate socialiste Anne Hidalgo a également estimé sur LCI que Mme Pécresse "court après Eric Zemmour". "Elle n'est pas dans la tradition d'une droite républicaine, qui n'aborderait pas les choses de façon aussi caricaturale", a affirmé Mme Hidalgo.

Rebond de la croissance
Yannick Jadot va lui présenter son programme samedi à Lyon. Il a proposé vendredi, s'il est élu, un "abattement jusqu'à 200.000 euros" sur les droits de succession, devenus un thème important dans la campagne présidentielle.


Si le gouvernement s'est réjoui d'une croissance record de 7% en 2021, Yannick Jadot a critiqué sur France Info une croissance "inégalement répartie" et qui "ne permet pas de lutter contre les défis" climatique et de "justice sociale", au lendemain de manifestations en France pour la hausse des salaires.


La candidate LR Valérie Pécresse, en meeting à Oyonnax, s'est focalisée sur la santé, proposant une revalorisation des consultations chez le médecin à 30 euros, un doublement du nombre de soignants formés et une plus grande autonomie hospitalière.


A Chaumont-sur-Tharonne, dans le Loir-et-Cher, Eric Zemmour a proposé, lui, de verser 10 000 euros pour chaque nouvelle naissance dans une famille "de la France rurale", qui, selon son entourage, pourrait concerner un tiers de la population française.


Décès de Jean-Claude Gaudin, longtemps maire et incarnation de Marseille

Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, pose lors d'une séance photo dans son bureau de Marseille, dans le sud de la France, le 12 octobre 2017 (Photo, AFP).
Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, pose lors d'une séance photo dans son bureau de Marseille, dans le sud de la France, le 12 octobre 2017 (Photo, AFP).
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  • S'il a incarné cette cité méditerranéenne, ses dernières années de mandat ont été critiquées
  • Sa dépouille sera ramenée ultérieurement à Marseille, où la population pourra lui rendre un hommage avant son inhumation à une date encore à déterminer au cimetière de Mazargues

MARSEILLE: Jean-Claude Gaudin, ancien maire de Marseille, la deuxième ville de France qu'il a incarnée et dirigée pendant 25 ans, et longtemps figure de la vie politique à droite, est décédé dimanche à l'âge de 84 ans.

"Jean-Claude Gaudin n'est plus. Il était Marseille faite homme. De sa ville, sa passion, il avait l'accent, la fièvre, la fraternité. Pour elle, cet enfant de Mazargues (quartier du sud de Marseille, ndlr) s'était hissé aux plus hauts postes de la République qu'il a servie. Je pense à ses proches et aux Marseillais", a écrit le président Emmanuel Macron sur le réseau social X.

L'ancien maire a été victime d'un arrêt cardiaque dans la matinée dans sa résidence secondaire varoise de Saint-Zacharie et n'a pu être ranimé par les pompiers, a indiqué à l'AFP une source de son entourage, précisant que Jean-Claude Gaudin était "fatigué" mais que "rien ne laissait présager" son décès soudain.

Sa dépouille sera ramenée ultérieurement à Marseille, où la population pourra lui rendre un hommage avant son inhumation à une date encore à déterminer au cimetière de Mazargues, a précisé cette source.

Les drapeaux de la mairie centrale de Marseille, sur l'emblématique Vieux-Port, ont été mis en berne, a constaté une journaliste de l'AFP.

Ancien sénateur, député et ministre de l'Aménagement du territoire, de la Ville et de l'Intégration sous Jacques Chirac entre 1995 et 1997, Jean-Claude Gaudin a surtout été maire de Marseille, la ville où il est né, de 1995 à 2020.

S'il a incarné cette cité méditerranéenne, ses dernières années de mandat ont été critiquées pour leur "immobilisme" par ses adversaires, et même certains alliés, et marquées par la tragédie de la rue d'Aubagne, le 5 novembre 2018. Deux immeubles insalubres d'un quartier populaire du centre - dont un propriété de la Ville - s'effondrent. Huit personnes meurent ensevelies.

L'onde de choc révèle l'ampleur du logement indigne dans une ville où 40.000 personnes vivent dans des taudis. Les associations accusent la mairie d'avoir ignoré les alertes. Dans la foulée, des milliers de personnes sont évacuées de logements déclarés en "péril imminent".

"Ça me hante chaque jour, en 24 ans je n'ai jamais connu un drame pareil", avait confié à l'AFP Jean-Claude Gaudin.

«Sa trace restera»

Deux ans plus tard, alors que ses héritiers potentiels à droite étaient divisés, certains ayant rejoint Emmanuel Macron, une coalition gauche-écologistes-société civile remportait la mairie après des élections municipales à rebondissements.

L'actuel maire divers gauche, Benoît Payan, qui ne ménageait pas ses critiques dans l'opposition et a souvent assuré avoir récupéré avec ses équipes une ville dans un état "lamentable", lui a rendu hommage sur X: "Jean-Claude Gaudin paraissait insubmersible. Son départ me peine infiniment. A celui qui aimait tellement Marseille, son histoire et ses habitants, je veux rendre un hommage ému et sincère. Il manquera à cette ville. Sa trace restera."

"Jean-Claude Gaudin était comme un père pour moi, tout le monde le sait mais je veux l'écrire. Un grand homme d'État, un inoubliable maire de Marseille dans notre Histoire bimillénaire, et surtout un homme avec un cœur énorme", a réagi de son côté sur X Martine Vassal, son "héritière" présomptive et malheureuse pour la mairie au 2020, aujourd'hui présidente de droite du département et de la métropole Aix-Marseille-Provence.

"Il a servi cette ville et a su l'incarner, avec un talent exceptionnel. Il a aussi servi la France, son pays, et il fut un grand maire. Il laissera une trace indélébile," a réagi le président le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier (Renaissance), qui fut son premier adjoint pendant plus de 10 ans et avait un temps espéré lui succéder à la mairie.

Le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, a salué, "derrière cette vie consacrée à la chose publique (...) l'homme de coeur et l'amoureux de sa chère ville de Marseille". Catholique affiché, Jean-Claude Gaudin avait assisté aux premières loges à la visite du pape François en septembre dans la cité phocéenne, souvent aux côtés de M. Payan et du cardinal Aveline, qui le qualifie dans son hommage "d'ami toujours fidèle".

Le président des LR Eric Ciotti a salué un homme qui "aimait Marseille plus que tout". "J'aimais sa gouaille. J'admirais son courage. J'écoutais ses conseils. Je suis fier d’avoir travaillé à ses côtés. Ma peine est immense, je perds un ami".


La Nouvelle-Calédonie toujours en proie aux blocages avant un Conseil de défense à Paris

Samedi, le gouvernement néo-calédonien a estimé à 3.200 le nombre de personnes bloquées, qui ne peuvent ni quitter ni rejoindre l'archipel. (AFP).
Samedi, le gouvernement néo-calédonien a estimé à 3.200 le nombre de personnes bloquées, qui ne peuvent ni quitter ni rejoindre l'archipel. (AFP).
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  • Les blocages de routes persistent en Nouvelle-Calédonie, malgré les moyens engagés par l'Etat français pour rétablir la circulation dans son territoire du Pacifique Sud, avant un nouveau Conseil de défense convoqué lundi à Paris
  • Permettre la circulation sur la voie express puis la route qui mène vers cet aéroport est le premier objectif des autorités françaises.

NOUMEA: Les blocages de routes persistent en Nouvelle-Calédonie, malgré les moyens engagés par l'Etat français pour rétablir la circulation dans son territoire du Pacifique Sud, avant un nouveau Conseil de défense convoqué lundi à Paris par le président Emmanuel Macron.

Permettre la circulation sur la voie express puis la route qui mène vers cet aéroport est le premier objectif des autorités françaises.

"La situation est vraiment préoccupante", a déclaré lundi le chef du gouvernement australien Anthony Albanese à la télévision ABC.

De même que la Nouvelle-Zélande, Canberra a demandé durant le week-end à pouvoir poser des avions afin de pouvoir rapatrier ses concitoyens, alors que l'aéroport est toujours fermé aux vols commerciaux.

Samedi, le gouvernement néo-calédonien a estimé à 3.200 le nombre de personnes bloquées, qui ne peuvent ni quitter ni rejoindre l'archipel.

Après une semaine d'émeutes et un bilan de six morts, aucune issue proche à la crise sécuritaire et politique ne semble se dessiner lundi, jour férié. En cause, une réforme du corps électoral contestée par les représentants du peuple autochtone kanak qui redoutent une réduction de leur poids.

Malgré une vaste opération des forces de l'ordre lancée dimanche, les voies de communication restent bloquées lundi là où les émeutiers ont installé leurs barrages, notamment dans l'agglomération de Nouméa et sur la route d'une cinquantaine de kilomètres qui mène à l'aéroport international.

« On a remis le barrage »

A la sortie de Nouméa, la chaussée du début de la voie express est impraticable, le bitume ayant fondu après l'incendie de nombreux véhicules, a constaté une journaliste de l'AFP. Ailleurs, la route reste encombrée à de nombreux endroits de carcasses de voitures brûlées, ferraille et bois entassés.

Le représentant de l'Etat français en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc, s'est pourtant félicité lundi du "succès" du début d'une vaste opération de la gendarmerie contre les barrages sur cette route, lancée à l'aube dimanche, faisant état de "76 barrages neutralisés".

D'autres actions des unités d'élite de la police et de la gendarmerie ont été annoncées dans des zones considérées par les autorités comme des "points durs", dans les villes de Nouméa, Dumbéa et Païta notamment.

Dans la nuit de dimanche à lundi, des bruits de grenades de désencerclement, utilisées par les forces de l'ordre pour disperser les émeutiers, ainsi que des cris évoquant des affrontements ont été entendus dans le quartier d'Auteuil à Dumbéa, dans l'agglomération de Nouméa, selon un correspondant de l'AFP.

Et dans la "capitale" calédonienne, des détonations importantes ont résonné dans les quartiers de Magenta et Tuband, selon une autre journaliste de l'AFP.

Lundi matin, la zone industrielle où se trouve la Société du nickel, dans le quartier de Montagne coupée à Nouméa, a vu l'incendie d'un entrepôt dont se dégageait une épaisse fumée noire.

Les gendarmes "sont passés, ils ont déblayé, et nous, on est restés sur le côté", a confié dimanche à l'AFP Jean-Charles, la cinquantaine, tête enturbannée d'un foulard et drapeau kanak à la main à La Tamoa, à quelques kilomètres de l'aéroport. "Une fois qu'ils sont passés, on a remis le barrage".

Les violences ont fait six morts, le dernier en date samedi, un Caldoche (Calédonien d'origine européenne), dans la province Nord. Les cinq autres morts sont deux gendarmes et trois Kanak (autochtones), dans l'agglomération de Nouméa.

Risque d'«escalade»

Les forces de l'ordre estiment le nombre d'émeutiers entre 3.000 et 5.000.

"Nous restons dans une démarche pacifique", a indiqué dans un communiqué lundi la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), collectif indépendantiste accusé par les autorités d'attiser les violences.

La CCAT se défend en indiquant qu'elle a seulement appelé à des barrages "filtrants", qui laissent le passage à certains véhicules, y compris les pompiers ou ambulances à toute heure, et en arrêtent d'autres.

La maire de Nouméa, Sonia Lagarde, a appelé lundi à la retenue. "Moi j'ai peur qu'on ne franchisse une escalade supplémentaire, parce que s'il commence à y avoir des tirs ça veut dire que les gens bien sûr, on le sait, sont armés", a-t-elle déclaré sur la chaîne BFMTV.

Pour le Haut-commissaire de la République, les dégâts contre les infrastructures (écoles, pharmacies, commerces...) pénalisent lourdement la population. "On commence à manquer de nourriture", a-t-il prévenu dimanche.

Couvre-feu 

Les mesures exceptionnelles de l'état d'urgence sont maintenues, à savoir le couvre-feu entre 18h00 et 6h00, l'interdiction des rassemblements, du transport d'armes et de la vente d'alcool et le bannissement de l'application TikTok.

La réforme constitutionnelle qui a mis le feu aux poudres vise à élargir le corps électoral aux scrutins provinciaux de Nouvelle-Calédonie, au risque de marginaliser "encore plus le peuple autochtone kanak", selon les indépendantistes. Elle a été adoptée par les députés, après les sénateurs, dans la nuit de mardi à mercredi.

Ce texte doit encore être voté par les parlementaires réunis en Congrès avant la fin juin, sauf si un accord sur un texte global entre indépendantistes et loyalistes intervient d'ici là.

Signe d'une situation qui pourrait durer, le passage de la flamme olympique des JO de Paris, prévu le 11 juin sur l'île, a été annulé.

Le territoire du Pacifique Sud est stratégique pour la France qui veut renforcer son influence en Asie-Pacifique et de par ses riches ressources en nickel, minerai indispensable à la fabrication des véhicules électriques notamment.


Vaste opération des forces de l'ordre en Nouvelle-Calédonie, après six morts dans des émeutes

Une rue bloquée par des débris et des objets brûlés est visible après les troubles de la nuit dans le quartier de Magenta à Nouméa, territoire français de Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique, le 18 mai 2024.  (Photo Delphine Mayeur / AFP)
Une rue bloquée par des débris et des objets brûlés est visible après les troubles de la nuit dans le quartier de Magenta à Nouméa, territoire français de Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique, le 18 mai 2024. (Photo Delphine Mayeur / AFP)
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  • Cette opération «avec plus de 600 gendarmes» vise «à reprendre totalement la maîtrise de la route principale de 60 km entre Nouméa et l’aéroport», a annoncé le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin dans un message sur X
  • Sur la route vers l’aéroport, des indépendantistes filtraient toujours le passage par de très nombreux barrages faits de pierres, d'engins divers ou d'autres objets, en fonction des véhicules qui se présentaient

NOUMÉA, France : L'Etat français a lancé dimanche une vaste opération des forces de l'ordre dans son archipel du Pacifique Sud de Nouvelle-Calédonie pour dégager la route vers l'aéroport, après six morts en six jours d'émeutes contre une réforme électorale.

Cette opération «avec plus de 600 gendarmes» vise «à reprendre totalement la maîtrise de la route principale de 60 km entre Nouméa et l’aéroport», a annoncé le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin dans un message sur X.

Une urgence pour les autorités, d'autant que la Nouvelle-Zélande a annoncé dimanche avoir demandé à la France de pouvoir poser des avions, afin de rapatrier ses ressortissants.

«Nous sommes prêts à décoller, et attendons l'autorisation des autorités françaises pour savoir quand ces vols pourront avoir lieu en toute sécurité», a indiqué dans un communiqué le ministre des Affaires étrangères, Winston Peters.

En l'absence de vols depuis et vers la Nouvelle-Calédonie, suspendus depuis mardi, le gouvernement de l'archipel estimait samedi que 3.200 personnes étaient bloquées, soit parce qu'elles ne pouvaient pas quitter l'archipel, soit parce qu'elles ne pouvaient pas le rejoindre.

- Plus de 3.000 personnes bloquées -

Pour déblayer la route vers l'aéroport, un convoi constitué notamment de blindés et d'engins de chantier à quitté Nouméa, dans un premier temps vers Païta.

Mais des journalistes de l'AFP ont constaté que dimanche à la mi-journée, à Nouméa et dans les communes avoisinantes, des indépendantistes filtraient toujours le passage par de très nombreux barrages faits de pierres, d'engins divers ou d'autres objets, en fonction des véhicules qui se présentaient.

«On est prêt à aller jusqu’au bout, sinon à quoi bon?», a dit un manifestant à l'AFP sur un barrage à Tamoa.

Les violences ont fait six morts, le dernier en date samedi après-midi, un Caldoche (Calédonien d'origine européenne) à Kaala-Gomen, dans la province Nord. Les cinq autres morts sont deux gendarmes et trois civils kanaks, dans l'agglomération de Nouméa.

Dans un communiqué dimanche matin, le Haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie a fait cependant état d'une nuit «plus calme», soulignant que l'Etat se mobilisait.

«Au total, 230 émeutiers ont été interpellés» en près d'une semaine, a-t-il précisé.

Reprendre le contrôle par la force devrait être un travail de longue haleine pour les forces de l'ordre. La violence dans certains quartiers chaque nuit montre que les émeutiers restent très déterminés.

«La réalité c'est qu'il y a (...) des zones de non-droit (...) qui sont tenues par des bandes armées, des bandes indépendantistes, de la CCAT. Et dans ces endroits, ils détruisent tout», affirmait samedi sur BFMTV le vice-président de la province Sud de la Nouvelle-Calédonie, Philippe Blaise.

La Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) est une organisation indépendantiste radicale accusée d'inciter à la plus grande violence.

- «Ingérences» -

Nouvel exemple des troubles dans la nuit de samedi à dimanche: d'après la chaîne de télévision publique Nouvelle-Calédonie La 1ère, la médiathèque du quartier de Rivière salée à Nouméa a été incendiée.

Interrogée par l'AFP, la mairie de Nouméa a répondu dimanche matin n'avoir «aucun moyen pour le moment de le vérifier, le quartier étant inaccessible».

La maire de Nouméa, Sonia Lagarde (Renaissance), estimait samedi sur BFMTV que la situation était «loin d'un retour à l'apaisement». «Est-ce qu'on peut dire qu'on est dans une ville assiégée? Oui, je pense qu'on peut le dire», ajoutait-elle.

Les mesures exceptionnelles de l'état d'urgence sont maintenues, à savoir le couvre-feu entre 18H00 et 6H00 (7H00 et 19H00 GMT), l'interdiction des rassemblements, du transport d'armes et de la vente d'alcool, et le bannissement de l'application TikTok.

Signe d'une situation qui pourrait durer, le passage de la flamme olympique en Nouvelle-Calédonie prévu le 11 juin a été annulé.

Pour la population, se déplacer, acheter des produits de première nécessité et se soigner devient plus difficile chaque jour. De moins en moins de commerces réussissent à ouvrir, et les nombreux obstacles à la circulation compliquent de plus en plus la logistique pour les approvisionner, surtout dans les quartiers les plus défavorisés.

Dimanche matin, la province Sud, qui regroupe près des deux tiers de la population, a annoncé que toutes les écoles resteraient fermées dans la semaine.

Les autorités françaises espèrent que l'état d'urgence en vigueur depuis jeudi va faire reculer les violences, qui ont débuté lundi après une mobilisation contre une réforme électorale contestée par les représentants du peuple autochtone kanak, qui redoutent une réduction de leur poids électoral.

Sans faire de lien direct avec les violences, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a accusé l'Azerbaïdjan d'ingérence en Nouvelle-Calédonie, Bakou dénonçant des accusations «infondées».

Le sénateur français Claude Malhuret, rapporteur d'une commission d'enquête sur TikTok, interdit sur l'archipel en raison des émeutes, a lui estimé qu'il fallait plus craindre «des ingérences de la Chine» qui «veut être dans son pré carré en mer de Chine mais également prépondérante dans le Pacifique». «Elle a besoin de nickel pour produire ses batteries», a-t-il expliqué dans un entretien à l'AFP, en référence au minerai brut dont l'archipel détient 20 à 30% des ressources mondiales.