Le monde entretient une relation inconfortable avec l'énergie nucléaire depuis le début, lorsque les premiers travaux sur la fission nucléaire ont été intégrés à l'effort mené par les États-Unis pour construire les premières armes atomiques, utilisées par la suite contre le Japon en 1945.
L'industrie nucléaire civile pacifique – grâce à laquelle le monde peut produire toute l'énergie dont il a besoin en utilisant la puissance de l'atome – ne pourra jamais tout à fait se débarrasser de ses sinistres origines.
Depuis lors, des accidents sur des sites tels que Three Mile Island aux États-Unis, Tchernobyl en Ukraine et Fukushima au Japon n'ont fait que renforcer la conviction que, même si le potentiel d'énergie illimitée était réel, les risques restaient trop élevés.
Au Moyen-Orient, les pays producteurs de pétrole disposaient d'abondantes réserves d'hydrocarbures et ils ne semblaient pas avoir besoin de l'option nucléaire. Mais les arguments économiques et environnementaux l'emportent désormais.
Au Moyen-Orient, l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire s'est enlisée dans les ambitions expansionnistes du régime iranien, qui semble déterminé à développer sa propre arme nucléaire face à l'opposition internationale.
Mais aujourd'hui, sous la pression de la course contre le changement climatique et des nouvelles avancées technologiques dans le secteur nucléaire, la donne change sensiblement. Certains pays – comme la France, la Russie et la Chine – n'ont jamais cessé d’utiliser l'énergie nucléaire de manière pacifique; d'autres, comme les États-Unis et le Japon, se demandent s'il faut ralentir la suppression progressive des centrales atomiques, ou même commencer à construire la prochaine génération de centrales, d'autant plus que certaines parties du monde sont confrontées à une crise énergétique.
Au Moyen-Orient, les pays producteurs de pétrole disposaient d'abondantes réserves d'hydrocarbures et ils ne semblaient pas avoir besoin de l'option nucléaire.
Mais les arguments économiques et environnementaux l'emportent désormais.
Les Émirats arabes unis (EAU) ont été parmi les premiers à adopter un programme pacifique de production d'énergie nucléaire et leur centrale de Barakah produit déjà de l'électricité dans le cadre d'un plan qui verra 85 % de l'électricité propre du pays provenir de la centrale d'ici à 2025, selon le PDG de Emirates Nuclear Energy Corporation.
L'Arabie saoudite, le plus grand exportateur de pétrole au monde, a également été l'un des premiers adeptes de l'énergie nucléaire. La King Abdullah City for Atomic and Renewable Energy a été créée en 2010 pour superviser un programme prévoyant deux grandes centrales nucléaires dans le cadre de la stratégie plus large du Royaume en matière d'énergies renouvelables.
Stimulées par la stratégie Vision 2030 pour la diversification, les énergies renouvelables sont au cœur de l'élaboration des politiques nationales, et elles ont été dynamisées l'année dernière, lorsque l'Initiative verte saoudienne a été lancée.
Le message est le suivant: si les objectifs de zéro émission doivent être atteints, au moins une partie du mix énergétique mondial devra provenir du nucléaire, qui est la source ultime de combustible zéro émission.
La réflexion du Royaume sur le nucléaire s’est concrétisée alors que de nombreux experts en énergie sont conquis par son potentiel à satisfaire les futurs besoins.
Jason Bordoff, doyen de la Climate School de l'université Columbia de New York, a déclaré ce mois-ci: «Il est de plus en plus reconnu que la voie vers des émissions nettes nulles sera plus rapide, plus facile et moins chère si l'énergie nucléaire fait partie de l'éventail d'options.»
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) souligne que l'énergie nucléaire représente actuellement près de 10 % de la production mondiale d'électricité, et qu'elle est «historiquement l'un des plus grands contributeurs mondiaux d'électricité sans carbone».
Le message est le suivant: si les objectifs de zéro émission doivent être atteints, au moins une partie du mix énergétique mondial devra provenir du nucléaire, qui est la source ultime de combustible zéro émission.
Le prince Abdelaziz ben Salmane, ministre de l'Énergie, a récemment souligné les précieuses réserves d'uranium – une ressource essentielle dans le processus nucléaire – dont jouit le Royaume et il a également noté le potentiel en «hydrogène rose», généré par l'énergie nucléaire.
Il y aura des objections publiques à surmonter en raison d'accidents tragiques et de leur empreinte profonde. Mais la technologie en amont de la construction et de l'exploitation des centrales nucléaires a considérablement progressé, réduisant les coûts, les déchets et les problèmes de sécurité.
À titre d’exemple, le fondateur de Microsoft et philanthrope, Bill Gates, travaille sur des projets nucléaires de haute technologie via son organisation TerraPower pour «produire une forme d'énergie plus abordable, sûre et respectueuse de l'environnement».
De plus, les réacteurs nucléaires modernes sont d’une conception de plus en plus éloignée des monstruosités initiales en forme de dômes vues dans les films. Les petits réacteurs modulaires peuvent être produits en masse, sur différents sites, et assemblés sur place dans une sorte de version «Ikea» du processus nucléaire.
Alors que l'Arabie saoudite n'a pas encore initié de programme définitif de construction de réacteurs nucléaires, tout indique qu'un tel plan est en gestation, prêt pour un décollage imminent.
Le prince Abdelaziz ben Salmane, ministre de l'Énergie, a récemment souligné les précieuses réserves d'uranium – une ressource essentielle dans le processus nucléaire – dont jouit le Royaume et il a également noté le potentiel en «hydrogène rose», généré par l'énergie nucléaire.
Avec le compte à rebours du changement climatique, l’ère de l'énergie nucléaire approche.
Frank Kane est un journaliste économique primé basé à Dubaï.
TWITTER: @frankkanedubai
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com